Alésia


(a) Le site historique (et officiel) d'Alésia, orné d'une statue de Vercingétorix, est sur la commune d'Alise-Sainte-Reine, à l'est de Semur-en-Auxois. Ce territoire était (aurait été), à l'époque gauloise, celui des Mandubiens. Sainte Reine est une martyre locale, célébrée en d'autres lieux, dont la nom a failli éclipser celui d'Alésia entre 1754 et 1766.


(b) C'est une défaite de sa puissante (et trop nombreuse) cavalerie qui pousse Vercingétorix à s'y retrancher.


- <<Vercingétorix, voyant toute sa cavalerie en fuite, fit rentrer les troupes qu'il avait rangées à la tête du camp, et prit aussitôt le chemin d'Alise, place des Mandubiens : en même temps, il se fait suivre par ses bagages. César laisse les siens sur un coteau voisin, sous la garde de deux légions, poursuit l'ennemi tout le jour, lui tue environ trois mille hommes de l'arrière-garde, et campe le lendemain devant Alise. L'ennemi était tout consterné de la défaite de la cavalerie, qui faisait sa principale force : César reconnut la situation de la place, exhorta les soldats au travail, et fit ouvrir les lignes de circonvallation. (César, "La Guerre des Gaules", Livre VII, § LXVIII. Vercingétorix se dirige vers Alise où César le rejoint et établit des retranchements)>>.


(c) Inspectant les ressources locales, Jules César décide le siège d'Alésia.


- <<Alise, située au sommet d'une montagne, dans une position très élevée, semblait ne pouvoir être prise que par un siège en règle. De deux côtés, deux rivières coulaient au pied de la montagne. En avant de la place, s'étendait une plaine d'environ trois mille pas de longueur : sur tous les autres points, la ville était entourée par des collines peu distantes entre elles et d'une égale hauteur. Au pied des murs, les Gaulois avaient couvert de leurs troupes toute la partie de la montagne qui regardait le levant, et ils avaient ouvert un fossé et élevé une muraille sèche de six pieds. La ligne de circonvallation formée par les Romains avait à peu près onze mille pas de circuit ; notre camp était dans une position avantageuse ; on y éleva vingt-trois redoutes. Là, des postes étaient placés pendant le jour pour empêcher toute attaque subite : de fortes garnisons et des sentinelles veillaient toute la nuit. (César, "La Guerre des Gaules, Livre VII, § LXIX. Situation avantageuse d'Alise et position non moins avantageuse du camp romain.)>>.


(d) Pour compléter un ouvrage sur Jules César, l'empereur Napoléon III fait faire des fouilles archéologiques sur les sites présumés d'Alésia et de Gergovie. A Alise-Sainte-Reine, sur le mont Auxois (mons Alexiensis, 418 m), on a retrouvé les fortifications d'Alésia (occupé depuis l'âge du bronze) et le mur que Vercingétorix a fait ajouter. Sur le pourtour, on a retrouvé la contrevallation offensive (contre Vercingétorix), la circumvallation défensive (relativement à l'arrivée imminente de l'armée de secours gauloise), des vestiges du barrage détournant l'eau dans un fossé, des graviers de rivière dans une partie des fossés mis à jour. Sur le Mont Réa, sur une distance réduite à 200 mètres, la découverte d'un canthabre et de 621 pièces de monnaie (434 gauloises et 187 romaines) atteste de la fureur d'une attaque gauloise (menée par Cassivelaun) et de la défense romaine, au cours de laquelle, selon César, les combattants montaient sur les morts. Parmi ces pièces, 62 bronzes de l'Arverne Epasnactus et un statère d'or à l'effigie de Vercingétorix. La pièce la plus récente, un denier de Publius Licinius Crassus, date de l'année 54 avant Jésus-Christ. Le consul meurt l'année suivante. Les deux cours d'eau cités par César seraient l'Ose et l'Oserain, deux tributaires de la Brenne. On a retrouvé certains pièges à cavaliers ("cippes", "lys") installés entre l'oppidum et la contrevalation.


(e) Histoire hypothétique. A dire vrai, rien ne prouve définitivement qu'Alise-Sainte-Reine soit la localisation d'Alésia. Curieusement, un site concurrent, Alaise dans le Doubs, témoigne d'une occupation discontinue. Il était déjà inoccupé pendant la guerre des Gaules. Une hypothèse serait qu'Alésia aurait été fondée par ceux qui avaient quitté Alaise. Par la suite, la paroisse d'Alaise, dédiée à sainte Reine, aurait été nommée d'après le lieu du culte principal de sainte Reine, Alise.


- <<Alise-Sainte-Reine fut le tombeau des derniers guerriers de la Gaule indépendante. Alaise abrite un des premiers berceaux connus des hommes de cette race. Après tout, un berceau vaut bien une tombe. (Joseph Déchelette, "Pro Alesia", 1909)>>.


(f) Une autre hypothèse, qui n'est pas retenue par l'Archéologie officielle, situe Alésia dans le Jura. Le site a l'avantage d'être le seul à ressembler au "portrait robot" dressé par André Berthier à partir du texte de César. En outre, le site évite certaines hypothèses inutiles. Les partisans de Chaux-des-Crotenay contestent les hypothèses de Napoléon III et de Jérôme Carcopino ("Alésia et les ruses de César", Flammarion, Paris, 1958). De fait, on ne sait qu'une seule chose des Mandubiens : c'est que cette Alesia (terme alors très courant) était leur cité. Ce qui permet à Carcopino de déplacer les Mandubiens chez les Eduens (tout comme César y plaça les Boïens survivants, non-vendus comme esclaves). Le latiniste invente ainsi des Séquanes de l'Ouest. L'oppidum de Chaux-des-Crotenay, gardant le col du Gyps, est sur une route conduisant au lac Léman. Les vallées de la Saône et du Rhône étant contrôlées par les Eduens et par les Ségusiaves, deux peuples amis de Rome, mais ralliés à la révolte des Arvernes, César aurait choisi la solution, pour rallier la Provence, de faire ce détour par l'Est de la Gaule. Les deux rivières qui entourent cette Alésia sont deux affluents de l'Ain, la Lemme et la Saine.


(g) Depuis la loi Carcopino (ministre de Pétain à Vichy, 1941), seule l'Archéologie officielle peut ordonner des fouilles. Faute des fouilles qu'elle n'autorise pas, l'Archéologie officielle ignore une hypothèse, aux partisans de laquelle elle refuse la possibilité de la consolidation comme de la réfutation. En 2003-2004, le même problème vient de se reproduire, à propos de la localisation de Gorgobina dans le Bois des Vertus, à l'est de Saint-Pierre-le-Moûtier (Nièvre).


(h) Art. "Jules César assiégeant Alésia" (1533, Alte Pinakothek) est un tableau historique du peintre allemand Melchior Felesen.


(i) Voir Bussy-Rabutin. Celtes. Erreur intelligente. Hydronymie. Saône. Teysonne. Vidresonne.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Samedi 21 Juin 2008



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