Clivage de la pulsion


Théorie freudienne.


(a) Définition. Le clivage de la pulsion concerne la pulsion sexuelle. A partir d'une pulsion, supposée unique et monolithique, un clivage s'opère, comme dans un diamant ou dans une roche quelconque. En l'occurrence, il ne s'agit pas d'un solide, mais d'un flux, d'une énergie psychique. Le flux initial de la libido se sépare en deux courants différenciés. Le clivage (division de la quantité) s'accompagne donc d'une différenciation (apparition de deux qualités différentes). Le clivage de la pulsion désigne la séparation du désir et de la tendresse. Un courant tendre se sépare d'un courant sensuel. Les deux courants naissent et se séparent à l'occasion de ce clivage. Chez l'homme, selon Freud, le clivage de la pulsion sexuelle se traduit par une impuissance psychique (comme celle qui justifia l'annulation du mariage d'Anne d'Urfé et de son épouse) et par un clivage des représentations entre deux images bien distinctes : la maman et la putain.


- La tendresse pour la maman entraîne la perpétuation du tabou de l'inceste et interdit toute relation sexuelle avec une femme rangée dans cette catégorie mentale.


- Le mépris pour la pute (et pour toute "fille" placée dans cette rubrique) permet un coït, mais la relation est plus agressive qu'autre chose.


(b) Citations psychanalytiques :


- <<Pour donner une première idée du plus commun différend entre les sexes, on pourrait dire que le clivage de la pulsion a pour conséquence : chez la femme, l'inhibition du désir, chez l'homme, la dissociation entre le désir et l'amour. (Frédérique Gruyer, psychanalyste, "Ce paradis trop violent", page 51)>>.


- <<On ne pourra jamais insister assez sur l'importance du traumatisme et en particulier du traumatisme sexuel comme facteur pathogène. (Sandor Ferenczi, "La langage de la tendresse et de la passion", in Oeuvres complètes, Payot)>>.


(c) Après avoir posé, avec Joseph Breuer, dès 1895, le traumatisme sexuel comme facteur pathogène, principalement dans l'hystérie, Sigmund Freud a opéré un brutal revirement Un apparent abandon théorique du trauma s'effectue au profit de la théorie du fantasme (construit) et de celle du complexe d'Oedipe. Par ce nouveau point de vue, Freud contribue alors à naturaliser la division sexuelle des émotions et la construction sociale des corps.


(d) Cette notion de clivage sera reprise par Mélanie Klein, dans une perspective renouvelée. La psychanalyste hongroise (puis anglaise) introduit les notions de bon objet, associé au "bon sein rassurant" et de mauvais objet, dont le prototype est le "mauvais sein persécuteur".


(e) Références d'usage du terme :


- <<D'autre part, le bon sein (ou l'objet idéal) est au premier âge comme au dernier le résultat du clivage de la pulsion de vie. Une partie est projetée et cela pourra expliquer en psychopathologie de l'âge avancé le «syndrome du compagnon tardif» bien connu en clinique gériatrique : l'autre partie (de ce clivage) reste à l'intérieur et sert à tenir à distance l'objet mauvais et à empêcher sa contamination. On pourrait voir aussi dans ce mécanisme l'«idéalisation» à l'égard d'une personne que certains sujets âgés font, tant à l'intérieur de leur environnement familial qu'au sein d'une institution gériatrique de soins. Cela pourrait expliquer pourquoi le soignant a l'impression que le patient âgé est plus gratifiant et plus valorisant que le patient adulte. Pour nous une telle demande évoque la nostalgie d'une relation parfaite et absolue : s'agit-il toujours d'une demande de dépendance sans fin et sans limites, de la nostalgie du «bon sein» jamais oublié ? (Italo Simone, "Les aspects psychodynamiques des troubles de comportement chez le sujet sénescent et leur approche psychodynamique", document du web)>>.


- <<Des facteurs externes rencontrent des «germes d'autodestruction» et une «connivence» avec des facteurs internes. Dès lors émergent des attaques envieuses contre l'objet groupe, les attaques sadiques émanant d'un Surmoi collectif et des manifestations ambivalentielles des pulsions. Le masochisme groupal serait le symétrique inversé de l'illusion groupale. Il suppose un clivage de la pulsion et de l'objet. Le concept de Moi Idéal prend la place de celui d'Idéal du Moi pointé par Freud dans l'armée et l'église. «Ce que tu as reçu de tes pères, conquiers-le» est la phrase finale de "Totem et tabou" s'appliquant à l'illusion groupale. La formule inverse «Ce que tu as reçu de tes frères, détruis-le», convient spécifiquement au masochisme groupal. (Simone Urwand, "Psychose, Groupe et Institution", in Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, document du web)>>.


(f) Voir Bon objet. Cithéron. Culpabilisation du plaisir de la femme. Désir tendre. Désir prime sur la tendresse. Étiologie paternelle. Inceste allégué. Mauvais objet. Relation homme-femme. Tendresse prime sur le désir. Théorie du traumatisme. Vulgarisation du plaisir de l'homme.



Auteur. Hubert Houdoy le mardi 20 Mai 2008



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