Honoré d'Urfé


Honoré d'Urfé (1567-1625), écrivain.


(a) Honoré d'Urfé est né le 10 février 1567. Il est mort le 1 er juin 1625. Honoré est un fils de Jacques I er d'Urfé et de Renée de Savoie. L'édition de 1647 de L'Astrée, chez Augustin Courbe, porte la mention de l'auteur : <<Messire Honoré d'Urfé, Marquis de Verrome, comte de Châteauneuf, baron de Châteaumorand, Chevalier de l'Ordre de Savoie, etc.>>. Editée en 1607, la pastorale est dédiée "au Roy très chrétien Henry le Grand". Verrome est une autre écriture pour Valromey.


(b) Homme de guerre et homme de lettres, moine soldat des chevaliers l'Ordre de Malte (dès 1580 ou 1581, à l'âge de 13 ans), fondateur du type français de la pastorale qui renouvelle la littérature d'amour, Honoré d'Urfé intériorise les contradictions de la domination et de la séduction. Tandis qu'Henri Pourrat est celui des monts du Forez et du Livradois (Ambert), Honoré d'Urfé est l'écrivain de la plaine du Forez, des rives du Lignon et des bords de la Loire.


(c) Descendant d'une famille du Forez par son père et de la Savoie par sa mère, Honoré d'Urfé est né à Marseille en 1567. Le baptême d'Honoré d'Urfé a lieu dans l'église des Accoules, le 11 février 1567. La France occupait la Savoie de 1536 à 1559 (Traité de Cateau-Cambrésis). Catholique convaincu, Honoré d'Urfé se lie d'amitié avec François de Sales et Monseigneur Jean-Pierre Camus, l'évêque de Belley. Par les Guerres de Religion, à partir de 1562, la France connait trente-six années de troubles quasi-permanents. Ainsi, quand Honoré d'Urfé commence la publication de "L'Astrée" (1607-1629), il a quarante ans dont 14 ans d'études et 26 ans de guerre du côté des catholiques et de la Ligue des ducs de Guise. Longtemps dans la faction du duc de Nemours, Honoré d'Urfé connaît deux fois la prison (à Feurs puis au château de Montbrison) durant l'année 1595. Dans sa cellule, il adresse des "Epîtres morales" à un ami qu'il nomme Agathon. Puis il est pris dans les guerres et la paix entre la France et la Savoie.


(d) C'est Renée de Savoie, une Lascaris, qui poussa une grande partie de ses 12 enfants dans les ordres (Anne Marie). Il semble que dès 1584, date de la fin de ses études au collège de Tournon, Honoré d'Urfé soit tombé amoureux de Diane de Châteaumorand. Dès cette époque, il aurait pensé à faire annuler ses vœux monastiques, pour dol. C'est en 1592 que le pape Clément VIII adresse à l'official de Lyon un document à ce sujet. Le rescrit commissoire expose le désir d'Honoré d'être libéré de ses vœux. Ils furent formulés avant l'age et sous la pression <<procédant particulièrement du respect et révérence qu'il portait à ses parents, mesmement à Dame Renée de Savoie, sa mère>>. Le 28 juin 1599, l'official de Lyon, Antoine Emmanuel Chalom, le libère de ses vœux. Il pourra alors épouser Diane de Châteaumorand. Mais, dès 1588, Anne d'Urfé accusait Honoré d'avoir, par le chagrin, précipité la mort de sa mère, survenue à Parme en 1587. Toujours est-il que tout l'œuvre littéraire d'Honoré d'Urfé est consacré à l'amour. "Sireine" (1604), est un poème pastoral sur ses amours personnelles. Les "Épîtres nouvelles" (1598, 1603, 1608) sont des dissertations en prose sur l'amour platonique. On trouve, dans le Sireine, face à l'inconstance du Destin, une promesse d'amour à Diane qui fait référence à la tyrannie parentale :


- <<Je jure que jamais parents

Contre moi devenus tyrans,

Ni mère plus qu'ourse cruelle,

Ne pourront mon amour changer,

Toutes choses courent danger

Du changement, mais non point elle.

(Honoré d'Urfé, "Sireine">>


(e) Clivage. A cette époque, toute la noblesse est tiraillée entre les idées catholiques et celles du protestantisme. Ceci ne fait qu'accroître le clivage des représentations. "L'Astrée" est une pastorale qui parle de l'amour et de la paix, tandis que son auteur est un homme de guerre qui n'a pu vivre avec la femme qu'il aime. On peut se demander si l'amour d'Honoré d'Urfé pour Diane de Chateaumorand n'est pas une forme laïque de l'amour de l'absence. Car l'amour procède de la beauté et celle-ci relève de Dieu.


- <<Toute beauté procède de cette souveraine bonté que nous appelons Dieu et c'est un rayon qui s'élance de lui sur toutes choses crées. (Adamas à Céladon, dans l'Astrée)>>.


(f) Par ailleurs, quand on voit la manière dont les titres et les charges se permutent entre Anne, Jacques et Honoré, on peut se demander si Honoré n'a pas épousé Diane pour que les biens de Châteaumorand ne soient pas perdus pour la dynastie d'Urfé. On suppose que la vanité de l'héritière de Châteaumorand provoqua la séparation à l'amiable d'avec son second mari. En 1613, le maréchal de Saint-Géran, gouverneur du Bourbonnais, fit enterrer sa grand-mère, Jacqueline de Changy, dans l'église de Saint-Martin d'Estreaux. Diane fit détruire les colonnettes du tombeau. C'est peu après cet incident qu'Honoré et Diane se séparèrent, à l'amiable. On raconte encore que, comme la déesse latine dont elle portait le nom, les chiens qui l'entouraient jusque dans sa chambre interdirent sa couche à ses deux maris successifs. C'est ainsi qu'une bonne partie de L'Astrée ne fut pas rédigée à la Bastie d'Urfé ni à Saint-Martin d'Estreaux, mais dans son château de Virieu-le-Grand, en Bugey. Ce château brûlera le soir du jeudi-saint de 1726.


(g) C'est au cours d'une campagne militaire contre la république de Gênes, avec Charles-Emmanuel I er de Savoie, qu'Honoré d'Urfé est mort à Villefranche-sur-Mer (1625). Un portrait d'Honoré d'Urfé par Antoine Van Dyck, le peintre anversois de Londres, a été gravé par P. de Bailue. Il peut avoir été peint à la cour de Savoie, à Turin, entre 1621 et 1623, période pendant laquelle Van Dyck circule entre Gênes, Rome, Venise, Mantoue, Milan, Turin, Florence et à nouveau Rome. Van Dyck réalise une effigie de Thomas de Savoie (à Turin).


(g) Autres écrivains de la famille.


- Anne d'Urfé est le frère aîné d'Honoré d'Urfé et le petit-fils de Claude d'Urfé (1501-1558), bailli de Forez et restaurateur de la Bastie d'Urfé. Anne d'Urfé se rallia plus rapidement à Henri IV, vit annuler son mariage avec Diane de Chateaumorand et se retira dans un monastère. Il est l'auteur d'une "Description du Pays de Forez". Ainsi décrit-il les gens du Forez, quand la mode n'était pas au bronzage, bien au contraire : <<Le peuple y est beau et blanc, particulièrement aux dites montagnes, où les femmes et filles sont aussi très belles et ayant le teint délicat. (Anne d'Urfé)>>.


- Antoine d'Urfé fut abbé de la Chaise-Dieu et évêque de Saint-Flour.


(h) Honoré d'Urfé meurt en 1625. Diane de Châteaumorand le suit en 1626.


(i) Voir Actéon. Ambassade d'Honoré d'Urfé. Annulation du mariage. Artémis. Charles de Valois. Charles-Emmanuel I er de Savoie. Chrétien de Troyes. Chanoine Reure. Comtes de Forez. Diane chasseresse. Diane de Chateaumorand à Bonlieu. Dol. Forez de l'Astrée. Henri II de Bourbon-Condé. Honoré d'Urfé à Verceil. Honoré d'Urfé et le pape Paul V. Jorge de Montemayor. Les ombres du Cœur. Malcontents. Maréchal de Biron. Mariage d'Honoré d'Urfé. Marie de Médicis. Marguerite de Valois. Ministérial. Ordre de l'Annonciade de Savoie. Poèmes de L'Astrée. Portrait d'Honoré d'Urfé.





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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mardi 3 Juin 2008



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