La beauté du diable


(a) <La beauté du diable> fait référence au danger et à la tentation que représentent le séducteur pour sa proie ou sa victime.


(b) Plus généralement, la beauté du diable est une beauté propre à la jeunesse.


- La beauté du diable : "beauté que confère le jeunesse, la fraîcheur, à qui n'a pas d’autres agréments".


(c) Le proverbe, <Le Diable était beau quand il était jeune>, témoigne de l'origine de cette expression.


- <<Beauté du Diable. Personne n'ignore qu'on appelle ainsi la fraîcheur de la jeunesse qui prête quelque agrément à la figure la moins jolie. Mais qui sait quelle est la raison de cette façon de parler ? J'ai demandé cette raison à tous les parémiographes sans qu'aucun d'eux ait pu me l'apprendre. Il leur eût été pourtant bien facile de le faire ; ils n'avaient qu'à citer un vieux proverbe où elle se trouve. Ce proverbe, le voici : "Le Diable était beau quand il était jeune". Le temps de la jeunesse du diable est celui où il figurait au rang des anges du ciel, d'où il fut banni et précipité dans l'enfer à cause de sa rébellion. Par conséquent, la beauté du diable est une beauté qu'on n'a, comme le diable, que dans la jeunesse. (P. M. Quitard, "Études historiques, littéraires et morales sur les proverbes français et le langage provençal", édition Techener, Paris, rue de l'Arbre-sec, 1860)>>.


(d) La beauté du Diable est donc une beauté qui ne dure pas, comme celle de Lucifer.


- <<Courfeyrac en effet avait cette verve de jeunesse qu'on pourrait appeler la beauté du diable de l'esprit. Plus tard, cela s'éteint comme la gentillesse du petit chat, et toute cette grâce aboutit, sur deux pieds, au bourgeois, et, sur quatre pattes, au matou. (Victor Hugo, "Les Misérables", Partie III, Livre IV, Chapitre I, Un groupe qui a failli devenir historique)>>.


(e) Cinéma. film (1949) de René Clair intitulé "La Beauté du Diable", avec Michel Simon et Gérard Philipe, est une adaptation de la légende de Faust. C'est justement la jeunesse et la capacité de séduction masculine que le vieux savant Faust demande au Diable Méphistophélès.


Michel Simon : Henri Faust vieux, puis Méphistophélès ;

Gérard Philipe : Méphistophélès, puis Henri Faust rajeuni ;

Nicole Besnard : Marguerite ;

Simone Valère : princesse ;

Carlo Ninchi : prince ;

Raymond Cordy : Antoine ;

Paolo Stoppa : procureur ;

Tullio Carminatti : chambellan ;

Gaston Modot : bohémien.


(f) Chanson :


- <<Toi qui a l'air d'un petit ange, d'une p'tite bête à bon Dieu

Qui a les yeux de l'innocence, du moins à mes yeux

Je sais qu'au fond de toi sommeille un vrai petit démon

C'est vrai que la beauté du diable porte bien son nom


On t'imagine rougissante sortie du couvent

Allons au bal de débutante aux bras d'un débutant

On a envie de te donner l'amour sans confession

C'est vrai que la beauté du diable porte bien ton nom


Lorsque je tend les mains

Ne m'en veut pas si je m'adresse plutot à tes seins

Le ciel est bien trop loin

Et tes fruits défendus et nos jeux interdits

Me font un joli paradis


Toi qui as l'air d'un petit ange avec tes cheveux blonds

Pour qui un nouveau Michel-Ange perdrait la raison

Jamais rien sur cette Terre ne peut m'en empêcher

C'est vrai que la beauté du diable n'est pas un péché


Toi qui a l'air d'un petit ange, d'une p'tite bête à bon Dieu

Qui a les yeux de l'innocence, du moins à mes yeux

Je sais qu'au fond de toi sommeille un vrai petit démon

C'est vrai que la beauté du diable porte bien son nom

(Joe Dassin, chanson, "La beauté du diable")>>.


(g) Références d'usage du terme :


- <<- Est-elle jolie ?

- Oh ! vous savez, elle a la beauté du diable.

- En prenant cette réponse à la lettre, on pourrait se faire une singulière idée de cette jeune fille qui aurait, pour toute beauté, sa ressemblance avec le diable. Il n'en est pas tout à fait ainsi : avoir la beauté du diable, c'est être jeune, c'est être à ce moment de la vie où les figures les plus irrégulières, les physionomies les plus insignifiantes ne sont pas absolument laides parce qu'elles sont jeunes. A elle seule, la jeunesse est une beauté ; c'est la fraîcheur, la vie rayonnante, c'est souvent aussi l'innocence et quand un visage respire tous ces charmes de la nature et de l'âme, il ne peut pas être laid. Le diable, ce monstre que l'imagination nous représente sous un aspect si horrible, le diable lui-même n'était pas laid quand il était jeune. Ainsi, beauté du diable ne signifie pas laideur, mais jeunesse. «Une loi mystérieuse de la nature veut que la femme, même la moins belle, à un jour, à une heure de la jeunesse, illumine tout à coup son visage d'un charme qui la fait aimer : cette transfiguration fugitive, cette beauté d'un moment s'appelle la beauté du diable (Nestor Roqueplan)». (Charles Rozan, "Petites ignorances de la conversation", édition Lacroix-Comon, 1857, rubrique, Beauté du diable)>>.


- <<L'esprit qui raille, amer ou gai, est une arme qui tue toujours celui qui la porte. Je veux dire que celui-là n'a plus ni foi en lui, ni volonté, ni force. Vauvenargues a dit : «L'esprit est l'œil de l'âme, non sa force.» L'esprit ne raille pas si bien tout, les hommes et les choses, sans se railler lui-même. Le plus souvent, s'il frappe à tort ou à travers autour de lui, c'est qu'il reconnaît qu'il est blessé mortellement. Il a entendu dire par quelques hommes de génie qui n'arrivent à rien et par quelques hommes de bêtise qui arrivent à tout, c'est un homme d'esprit. Ce qui flatterait un sot le désespère. Il sait bien qu'il n'est qu'un homme d'esprit. Les gens sérieux le couronneront de fleurs et le chasseront de leur république. Il a eu la beauté du diable ; il a mangé son blé en herbe. C'est la Dame aux camellias. Mais il n'a pas eu le don de mourir à son dernier jour de jeunesse. Qu'est-ce qu'un été sans moisson, un automne sans fruits et un hiver sans feu ? La beauté du diable, c'est beau à vingt ans. Si la beauté du diable devient mère de famille, si elle met au monde une nichée d'enfants robustes, on la saluera avec respect sans regarder sa figure ; mais si elle s'étiole dans la stérilité, on passera devant elle sans s'incliner. «Cache ta gorge fanée et profanée où jamais ne se sont suspendus les enfants !» Ninon s'écriait, au couchant de sa jeunesse : «Mon Dieu ! donnez-moi la passion et reprenez- moi l'esprit.» Je sais bien des hommes frappés du coup de soleil de l'esprit qui font la même prière. La passion, c'est le vent qui pousse le navire vers l'imprévu ; l'esprit, c'est le vaisseau à l'ancre qui partira — toujours demain. L'homme d'esprit est philosophe, mais n'est jamais un philosophe, parce que l'esprit est un dissolvant qui ne créerait même pas un système. Son système est de n'en avoir aucun. (Arsène Houssaye, "Les Charmettes. Jean Jacques Rousseau et Madame de Warens", édition Didier, 1863)>>.


- <<Notre Univers est asymétrique : d'après les lois de la physique, il devrait être uniforme et parfait, au point que la matière aurait dû être détruite un instant après sa création... et rien de ce que nous connaissons n'aurait pu apparaître. L'homme est, lui aussi, asymétrique, puisqu'un œuf sphérique se transforme en un être hautement structuré, avec des organes asymétriques. Les molécules de la vie elles-mêmes diffèrent de leur image dans un miroir. Comment est née l'asymétrie du monde et comment s'est-elle répandue dans tout l'Univers ? (Frank Close, "Asymétrie : la beauté du diable. Où se cache la symétrie de l'Univers ?", édition EDP Sciences, 2001, présentation de l'ouvrage)>>.


- <<Justement cette représentation gras, lippu en lien avec les représentations de Bacchus, dieu du vin, et de ses bacchanales fait qu'on lie le Diable au plaisir ou la luxure avec toutes les expressions qui s'en suivent comme avoir le diable au corps. Ce qui va avec le plaisir c'est aussi la beauté ; la beauté de la femme avec ses charmes, la beauté du diable qui attire dans la perversion. Même la recherche du bonheur n'est pas à l'abri de la diabolisation ; Gustave Flaubert (1821-1880) écrit le18/12/1853 à Louise Colet : «Le bonheur est un mythe inventé par le diable pour nous désespérer». A coté de tout cela, est-ce par dérision ou par la foi que donne l'apocalypse que le mal et Satan ont été vaincu définitivement par le Christ sauveur, le diable est aussi souvent ridiculisé comme nous l'avons vu au début. Dans l'évangile, Jésus dit «Je voyais Satan tombé du ciel comme l'éclair. Voici je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents et scorpions, et toute la puissance de l'ennemie, et rien ne pourra vous nuire». (Guy Balestier, "Un mot de la bible, le mot : Diabolos", document du web)>>.


(h) Voir Domination. Faust. Faust pervers. Faustien. Féminité. Madame de Guémené. Ninon de Lanclos. Palsembleu. Quart d'heure de Rabelais. Tholomyès.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Lundi 23 Juin 2008



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