Oxymore


(a) Présentation. Le nom masculin <oxymore> est la version francisée du mot <oxymoron> (terme de 1765 dans l'Encyclopédie), tiré du grec.


(b) Définition. Un oxymore est "une figure de rhétorique assosiant deux mots de sens opposés", "associe deux mots qui sont totalement en opposition".


- "obscure clarté" (Pierre Corneille, Le Cid).


- <<Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. (Victor Hugo, "Les Misérables") >>.


(c) Exemples :


- serviles devoirs : <<Aux serviles devoirs d'une amoureuse ardeur ? (Georges de Scudéry, "Didon", 1636, Acte IV, Scène IV, Didon à Enée, devant Achate)>>.


- silence grondant : <<Phil grommela, tout seul, en battant l'eau. Il se souciait peu des préférences de Vinca. «Je suis toujours assez beau pour elle... D'ailleurs, elle n'est jamais contente, cette année !» Et l'apparente contradiction de ses deux boutades le fit sourire. Il se renversa à son tour sur la vague, laissa l'eau salée emplir ses oreilles d'un silence grondant. Un petit nuage couvrant le soleil haut, Phil ouvrit les yeux et vit passer au-dessus de lui les ventres ombrés, les grands becs effilés et les pattes sombres, repliées en plein vol, d'un couple de courlis. (Colette, "Le Blé en herbe", Chapitre I)>>.


- paradisiaque enfer : <<Paradisiaque période d'enfer ! (in lettre de Jacques Bingen à son ami Claude Bouchinet-Serreulles, à propos de sa participation à l'organisation de la Résistance, après la disparition de Jean Moulin)>>.


(d) En théorie et en pratique. Nature et usage. Une formule n'est pas forcément un oxymore par la nature sémantique de ses termes. Mais il existe une branche de la linguistique qui est la pragmatique, au carrefour d'une route qui conduit à la sociologie. Au fur et à mesure des usages publicitaires, mensongers, pervers ou hypocrites qui en sont faits, une locution peut le devenir. C'est peut-être déjà le cas pour <développement durable>.


- <<Lorsque l'on croit à la décroissance, ou simplement que l'on s'y intéresse, il est bon de savoir que l'on n'est pas seul. Idée à rebours des cadres interprétatifs auxquels la société nous soumet - productivité, argent, richesse, croissance, développement - la décroissance peut irriter ou déconcerter l'esprit novice pour qui le «développement durable» devait répondre d'un même bloc à tous les enjeux environnementaux, économiques et sociaux. Pour les adeptes de la notion de décroissance, le développement durable n'est qu'un oxymore sédatif dont l'efficacité mal affirmée et les méthodes luxueuses qu'il nécessite s'inscrivent dans une logique de croissance et de perpétuation des systèmes de production marchande et matérielle. Pourtant des mouvements en France et en Italie essentiellement, mais aussi un peu partout dans le monde, entendent la promouvoir, la diffuser et la clarifier. A Paris, les 18 et 19 avril derniers, s'est tenu le premier colloque mondial sur la décroissance intitulé : «Conference on Economics Degrowth, for Ecological Sustainability and Social Equity» à laquelle a participé une centaine de personnes d'une vingtaine de nationalités. On peut citer deux des principaux initiateurs de ce colloque : François Schneider, ingénieur ayant notamment contribué à la théorie de l'effet-rebond et Fabrice Flipo, universitaire militant de longue date aux "Amis de la Terre". Des chercheurs d'horizons et spécialités différentes ont apporté leur contribution à ce nouveau champ de recherche en observant quels pourraient être les différents scénarios de décroissance, et par quels mécanismes un processus de décroissance progressive se mettrait en place dans nos sociétés industrielles. Ce séminaire avait pour horizon d'asseoir la décroissance comme objet de recherche à part entière et de rédiger une position finale internationale de la décroissance. Durant ces 48 heures de débats et rencontres informelles, il a été possible de saisir la diversité sociologique qui fait vivre la décroissance : des étudiants, des retraités, des universitaires, des voyageurs, des militants associatifs ayant tous répondu au mot déclencheur de la décroissance. Répartis entre plénières et ateliers thématiques, les participants ont tenté de cerner le concept de «décroissance» dans plusieurs dimensions. Il y avait durant ces deux jours comme un frémissement, un sentiment partagé d'être au milieu d'une étape importante dans l'histoire d'une idée : son moment de sophistication théorique, son entrée dans le champ académique, en somme, sa prise au sérieux par la sphère de la pensée et du savoir. (Yves Cochet, "Colloque Degrowth, l'entrée d'un mouvement dans le champ du savoir", sur Actu-Environnement.com, le 23 avril 2008)>>.

(e) Voir A partir d'un mot. Amour malheureux.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mercredi 25 Juin 2008



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