Mont Blanc


(a) Le Mont Blanc (4 810 mètres en 2005) est le sommet du massif granitique du même nom. Une variété de granite, la protogyne, donne aux Aiguilles de Chamonix des couleurs changeantes.


(b) Sommet des Alpes et carrefour d'Europe, le Mont Blanc est situé entre Chamonix (France), Courmayeur (Italie) et Vallorcine (Suisse). C'est un grand lieu de l'alpinisme. Il a détrôné depuis longtemps La Bérarde, sur le plan de la fréquentation. Chaque jour de beau temps, de Juillet à Septembre, des centaines d'alpinistes forment une chenille humaine pour vaincre leur peur et atteindre ce sommet.


(c) Le côté français est un dôme. Le versant italien est une falaise (Pilier du Frenay).


(d) Les tempêtes de neige y sont parfois très localisées (en 1976, en pleine sécheresse, le Mont-Blanc n'en était pas indemne). Les tempêtes de neige peuvent y être désastreuses (Vincendon et Henry). D'où l'intérêt du Refuge Vallot, entre les Bosses et la calotte somitale. Ces tempêtes sont souvent imprévisibles. <Ce que Verte veut, Mont-Blanc ne peut>. L'âne (nuage orographique) sur le Mont Blanc est localement considéré comme un signe précurseur.


(e) Conquête du Mont Blanc. Après les mesures de Blaise Pascal au Puy-de-Dôme, la mesure plus précise de la pression atmosphérique a motivé la conquête du Mont Blanc. Elle fut réalisée par Jacques Balmat (cristallier) et le docteur Paccard (médecin dans la vallée de Chamonix), en 1786. Pour cette même raison, ils furent très rapidement suivis. La seconde ascension fut commandée et réalisée par le naturaliste genevois Horace Bénédict de Saussure (1740-1799), arrière grand-père de Ferdinand de Saussure (1853-1913), le fondateur de la linguistique moderne. A cette occasion Jacques Balmat, qui l'accompagnait pour lui indiquer le chemin entre les séracs et les crevasses du Glacier des Bossons, inventa le métier de Guide de Haute Montagne. Rapidement, des femmes ont grimpé ses pentes : Marie Paradis, la "fiancée du Mont-Blanc" (1809) et d'Henriette d'Angeville (1838).


(f) Ces ascensions répétées mirent fin à de nombreuses superstitions qui peuplaient ces lieux vides de démons et d'autres divinités maléfiques. Car la culture, l'ignorance et l'inculture, beaucoup plus que la nature, ont horreur du vide.


(g) Mesuré les 15 et 16 septembre 2007, le Mont Blanc culmine maintenant à 4810,90 m. Il s'est élevé de 2,15 m en deux ans.


(h) Le Mont Blanc est un sommet, mais aussi un massif. Pour son intérêt scientifique et touristique, il est question de le faire incrire au Patrimoine Mondial de l'Humanité.


- <<Le Mont-Blanc est un massif emblématique de la montagne européenne et le point culminant de l'Europe avec ses 4808 mètres, Il est aussi le premier obstacle sur le trajet des dépressions atlantiques. C'est également une vitrine facilement accessible d'un paysage géologique et glaciaire exceptionnel. Le massif se partage entre trois pays : la France sur 65% de son territoire, l'Italie sur 25 % et la Suisse sur 10 %. Sa superficie est de 600 km2, avec sa couverture sédimentaire : 1300 km2. Pour respecter la dimension trinationale du massif, l'exposé qui suit a donc été préparé avec Augusta Cerruti pour l'Italie et Jacques Ehinger pour la Suisse. Le Mont-Blanc, stricto sensu, ensemble de roches cristallines et dans son sens large en incluant le Haut Faucigny sédimentaire, a une position charnière dans les Alpes car c'est une région de transition entre les Alpes occidentales de direction nord-sud et le reste de la chaîne - les Alpes centrales et orientales - de direction est-ouest. Le Mont-Blanc est au contact des plaques européenne et africaine (la limite entre l'une et l'autre se faisant au sud de Courmayeur). Cette double position charnière est visible sur un croquis qui montre les massifs cristallins externes : une ligne noire délimite le secteur des Alpes internes avec le massif italien qui est le domaine du schiste lustré alors que la partie nord occidentale est faite de granit, de schiste cristallin et de roches métamorphiques diverses. J'ai emprunté à ce livre que je vous recommande, «Le pays du Mont-Blanc» de Michel Delamette qui fait une mise au point sur la géologie du Mont-Blanc, ce croquis qui permet de voir la distribution des zones : en rouge le Mont-Blanc avec des roches gneissiques et deux affleurements granitiques – la protogine du Mont-Blanc dans la partie sud orientale du massif et la zone de Vallorcine. Au contraire, vers le haut, on a toute la zone sédimentaire. Quand on analyse l'évolution géologique du pays, on distingue trois grandes étapes qui associent la proximité des plaques européenne et africaine et des phénomènes de sédimentation ou de plissement qui vont s'exercer sur les dépôts enregistrés à différentes époques. A la fin de l'ère primaire est façonnée la pénéplaine pré-triasique (- 230 millions d'années) faite de roches métamorphiques et cristallines (dont les âges sont estimés respectivement à 500 et 300 millions d'années). Il y a eu une plate-forme d'érosion qui a entaillé ce soubassement. Dès le début du secondaire s'amorce une sédimentation de type lagunaire (lagune à dinosaures dont on retrouvera les traces sur le site d'Emosson). Plus tard, les profondeurs augmentant et la sédimentation étant plus intense, on verra de multiples fossiles caractériser la zone du Faucigny. A cette époque, les plaques européenne et africaine se touchent, constituant un socle, sur lequel va s'effectuer la grande phase de sédimentation du jurassique et du crétacé (vestiges de ces mers : multiplicité de fossiles remarquables tels les ammonites (col du Bonhomme), les bélemnites, les gastéropodes (dans le dôme des grandes Platières), les annélides (vers de vase dans les grès rouges de la Matolle) ou encore les stromatolites (Roc des Fiz). La deuxième période est appelée le jurassique supérieur (ère secondaire) : il y a un affaissement des socles en même temps qu'une séparation des plaques (la plaque africaine va vers le sud, la plaque européenne vers le nord). Il y a en même temps un phénomène d'extension marine et de sédimentation, ce qui nous amène à une troisième époque. Au tertiaire inférieur, on voit la compression de la plaque africaine, celle qui se trouve en territoire italien, qui plisse des sédiments et en précipite un certain nombre vers le nord, et en laisse dans une transformation métamorphique vers le sud. La vallée de Chamonix était au départ constituée par un large bassin sédimentaire et va se retrouver coincée entre deux massifs de granit avec des formations sédimentaires dans sa partie centrale. De cette histoire, que retenir ? La surrection s'est accompagnée d'une élévation à nul autre pareille dans tout l'arc alpin puisque les dénivellations et l'encaissement sont de l'ordre de 3500 mètres. Cela explique des comportements différents : beaucoup de Chamoniards sont très étonnés lorsque, allant vers l'Océan Atlantique, ils n'ont qu'à projeter le regard à l'horizontale pour voir le ciel, alors qu'ils regardent vers le haut à Chamonix. Les sommets les plus hauts se trouvent dans le massif, il y en a 21 de plus de 4000, ce qui est extraordinaire comparé à Aletsch qui n'en a que 9. Cela a des conséquences sur la fabrication de la roche et du relief. La structure de la roche et la tectonique cassante expliquent le démantèlement du relief en aiguilles, gendarmes, etc. On a une abondance de hautes surfaces supérieures à 3000 mètres qui peuvent recevoir de la neige et qui développent une glaciation «consolidée», car il y a de grosses réserves qui permettent de mater les réchauffements pouvant intervenir lors des fluctuations climatiques. Le climat a été étudié depuis très longtemps par les alpins, et en particulier depuis le début du 19ème siècle (vers 1818, premier relevé à la station météorologique du Grand St-Bernard, puis relevés systématiques à partir de 1860-70). Le froid, le gel, les précipitations, dont la neige, imposent des évolutions morphologiques originales et, pour les hommes, des genres de vie spécifiques. Ces éléments font la spécificité et la réputation du Mont-Blanc qui est un musée de formes d'une grande richesse. Ce qui est intéressant aussi c'est la glaciologie, car que serait le Mont-Blanc sans les glaciers ? On a du côté chamoniard une disparition de la langue du glacier des Bois , avec une quasi-disparition du glacier du Tour et il ne faudrait pas que les exemples de ce genre se multiplient. Heureusement, l'histoire montre des fluctuations beaucoup plus importantes que celles enregistrées aujourd'hui. Par exemple le glacier des Bossons a connu un recul supérieur à la fin 1950 que de nos jours. Après ces phases de recul, des glaciers avancent. Par exemple, du côté italien , le hameau de St Jean de Pertuis a disparu après une phase de crue du glacier qui lui a été fatale. De même au 17ème, 18ème et même au 19ème siècle, des villages chamoniards ont été percutés par les phases d'avancée de glaciers : Bonnanay, le Chastelard et La Rosière ont ainsi disparu de la carte. La glaciation est concentrée sur le massif du Mont-Blanc stricto sensu avec ses quatre bassins hydrographiques : l'Arve, le Bon Nant, les Doire de Veni et de Ferret et la Dranse de Ferret en Suisse. Le massif regroupe 101 glaciers totalisant 170 km2 qui sont très visibles depuis les fonds de vallées, parce qu'ils sont disposés selon une position rayonnante depuis le centre du massif. L'élément central de cette glaciation est la Mer de glace qui a plus de 40 km2 et qui est classée troisième dans l'ordre de grandeur en Europe occidentale (le plus grand glacier de l'arc alpin étant celui d'Aletsch). Par tous ses bords et avec tous les moyens d'accès, on a calculé qu'il y a sur ce glacier - le plus visité au monde - près de 2 millions de visiteurs par an. Cette surfréquentation n'a pas que des conséquences positives. Les glaciers sont très pentus avec des bassins d'alimentation très élevés, ce qui nous permet d'avoir des névés qui sont des zones supérieures faites de neige sèche et froide avec une absence d'infiltration de l'eau de fusion. En ce qui concerne la géochimie de la neige, c'est un terrain formidable pour suivre les évolutions climatiques. Les glaciers avec de fortes pentes peuvent descendre très bas. Le glacier le plus bas en France est celui des Bossons : la glaciation est très présente à des altitudes où l'homme travaille et où il évolue. Dans le massif du Mont-Blanc, le pourcentage de surface englacée est de 30% ; cela est important car les cours d'eau auront donc un régime spécifique de son aspect glaciaire. En effet, lorsqu'on avoisine les 30% d'englacement dans un bassin versant, on a des maxima qui sont enregistrés en juillet et quelquefois en août. On voit aujourd'hui disparaître la caractéristique essentielle de l'eau des torrents alpins, une eau froide chargée de farines glaciaires qui présente donc cette couleur blanche laiteuse. Dans le massif, cette caractéristique se restreint en raison des influences grandissantes de l'homme sur les zones glaciaires les plus basses. Les glaciers sont de fantastiques capteurs des évolutions climatiques. Les glaciers alpins ont livré les secrets des espaces sous-glaciaires grâce à l'action des compagnies hydroélectriques qui vont chercher l'eau sous les glaces : plus de 20 000 m2 d'interface glace-roche ont ainsi pu être reconnus et étudiés. (Colloque "La gestion durable du Mont-Blanc, futur joyau du Patrimoine mondial de l'UNESCO ?", Genève, Octobre 2002, Qualités géologiques du site, problèmes actuels et futurs et solutions possibles, Robert Vivian, Professeur, Université de Cergy-Pontoise, Augusta Cerutti, glaciologue et Jacques Ehinger, géologue, document du web)>>.


(i) Météorologie. Depuis Lyon ou depuis les monts du Forez, sauf en plein hiver glacial, voir le Mont Blanc est signe de mauvais temps.


(j) Voir Apotropaïque. Chau n'est pas Chaux. Epigone. Gaston Rébuffat. Roger Frison-Roche. Vertige.




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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Dimanche 13 Juillet 2008.



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