Ça n'empêche pas d'exister
(a) "Ça n'empêche pas d'exister", est un ouvrage de Octave Mannoni. Il est paru aux éditions du Seuil, à Paris, en 1982.
(b) De cet ouvrage sont tirées les citations contenues dans les définitions suivantes : Réfutabilité. Psychanalyse. Alcibiade. Petit Hans. Vérités des individus. Épistémologie. Paranoïa. Contre-transfert. Honte. Analyste. Amour. Masturbation.
(c) Explication du titre. Entre le 13 octobre 1885 et le 28 février 1886, le jeune médecin autrichien Sigmund Freud est à Paris. Il suit les cours du neurologue français Jean-Martin Charcot. Il s'intéresse à l'hystérie et pratique l'hypnose. Pendant un de ses cours, Charcot affirme les limites de la théorisation et le primat de la pratique : <la théorie, c'est bon mais ça n'empêche pas d'exister>. Charcot répondait à un étudiant qui lui disait : <Mais ce n'est pas possible ! ça contredit la théorie de Young-Helmholtz>. Quand une théorie affirme une impossibilité (fusion froide, mouvement perpétuel), il faut quand même s'en référer à l'expérience.
(d) Autres formulations :
- <<Tout le monde savait que c'était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l'a fait. (Marcel Pagnol)>>.
- <<Tout le monde savait que ce truc-là était impossible à faire. Jusqu'au jour où est arrivé quelqu'un qui ne le savait pas, et qui l'a fait. (Winston Churchill)>>.
- <<Ils ne savaient que c'était impossible, alors ils l'ont fait. (Mark Twain)>>.
- <<On ne savait pas que c'était impossible, alors on l'a fait. (John Fitzgerald Kennedy)>>.
(e) Référence :
- <<Théorie et clinique : nulle part on ne trouverait trace ici d'un clivage entre ces deux aspects, ni à plus forte raison d'un privilège accordé à l'un ou l'autre. Freud aime à répéter la formule de Charcot : «La théorie, c'est bon mais ça n'empêche pas d'exister.» La leçon est d'admettre l'existant, le «cas», dans sa brutalité, son atopie, voire sa «contradiction avec la théorie» (comme le rappelle précisément le titre d'un article), non pas pour jeter par-dessus bord tout effort théorique, mais bien pour contraindre dialectiquement la théorie à des remaniements, des éclatements ou des révolutions. Maxime élémentaire de toute démarche scientifique, que Freud après d'autres n'a fait que mettre en œuvre ; mais on voit la distance qui le sépare de tous ceux qui aujourd'hui, d'un vagissement ininterrompu, réclament toujours plus de «clinique», et proclament qu'il faut purger la psychanalyse de son démon philosophique (germanique ou cartésien, peu leur importe). Ici la «clinique» n'est trop souvent qu'alibi pour un retour à la platitude préanalytique, ou camouflage d'une théorie indigente qui craint de s'exposer ouvertement ; là, chez Freud, le «cas» est défi (qui doit être relevé) à la théorie, le «manifeste» n'a d'intérêt que comme provocation à l'interprétation et à la construction. (Jean Laplanche, présentation de "Névrose, Psychose et perversion")>>.
(e) Voir Nous ne savons pas ce que nous savons. Savoir et ne pas savoir. Savoir sans croire.
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Mis en ligne le Jeudi 12 Juin 2008
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