Draille
(a) Une draille ou draye, terme d'origine occitane, est :
- un "cordage de bateau".
- <<Cordage ou câble tendu de la tête d'un mât à l'avant du navire, dans la direction des étais sur lequel on hisse une voile auxiliaire appelée foc ou voile d'étai. Sur les voiliers de plaisance le foc est généralement endraillé sur l'étai. - Nom donné au coté du foc, garni de mousquetons et qui va sur la draille. (Dictionnaire de Marine)>>.
- un "chemin de transhumance en direction de l'alpage ou de l'estive" (Languedoc, Provence).
- dans l'alpage, un "chemin préférentiel suivi par les animaux au cours de la journée, dans la muande".
- un "parcours d'évacuation des troncs des arbres abattus, dans les forêts pentues" (Savoie, Dauphiné).
- un "couloir d'avalanche de pierres" (Savoie).
(b) Etymologie. <Draille> vient du bas latin <tragula, ae>, "arme de jet des Gaulois et des Espagnols", "tragule", "sorte de filet", "tramail", "seine", "espèce de claie de traineau", lui-même issu du verbe <traho, is, traxi, tractum, trahere> signifiant "tirer", "traîner", "pousser", "engager à".
(c) Référence littéraire :
- <<Pendant les quelques dernières minutes, ma distance s'était accrue, mais je redoublai d'efforts, et commençai une fois de plus à gagner sur le bâtiment chassé. Je n'étais plus qu'à cinquante brasses de lui quand une brusque bouffée de vent survint : le navire partit bâbord amures, et de nouveau s'en fut au loin, penché et rasant l'eau comme une hirondelle. Ma première impulsion fut de désespérer, mais la seconde inclina vers la joie. La goélette évita, jusqu'à me présenter son travers… elle évita jusqu'à couvrir la moitié, puis les deux tiers, puis les trois quarts de la distance qui nous séparait. Les vagues bouillonnantes écumaient sous son étrave. Vue d'en bas, dans mon coracle, elle me semblait démesurément haute. Et alors, tout soudain, je me rendis compte du danger. Je n'eus pas le temps de réfléchir non plus que d'agir pour me sauver. J'étais sur le sommet d'une ondulation quand, dévalant de la plus voisine, la goélette fondit sur moi. Son beaupré arriva au-dessus de ma tête. Je me levai d'un bond et m'élançai vers lui, envoyant le coracle sous l'eau. D'une main, je m'accrochai au bout-dehors de foc, tandis que mon pied se logeait entre la draille et le bras, et j'étais encore cramponné là, tout pantelant, lorsqu'un choc sourd m'apprit que la goélette venait d'aborder et de broyer le coracle, et que je me trouvais jeté sur l'Hispaniola sans possibilité de retraite. (Robert Louis Stevenson, 1883, traduction de Déodat Serval, "L'Île au trésor", Partie V, "Mon aventure en mer", Chapitre XXIV, La croisière du coracle)>>.
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Mis en ligne le Lundi 14 Juillet 2008.
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