La Séauve


(a) Histoire. A proximité de Saint-Didier-en-Velay, et sous la protection de ses seigneurs, la Séauve (la sylve, la forêt) est un couvent de femmes, largement fourni par les familles de Rochebaron et leurs alliées.


(b) Fille de Briand de Rochebaron, une première Alice de Rochebaron est abbesse de la Séauve de 1329 à 1345. Sœur d'Érail II de Rochebaron, une seconde Alice de Rochebaron est abbesse de la Séauve en 1402.


(c) Fille de Claude de la Roue et sœur cadette de Guillaume I er de la Roue, Françoise de la Roue est abbesse de la Séauve, de 1471 à 1517.


(d) Parmi les seigneurs de Saint-Didier, Guillaume de Saint-Didier, mort en 1185, est un grand troubadour du Velay. En 1270, avant de partir à la 8 ème et dernière croisade, Guigon de Saint-Didier vend le château et le mandement de Monistrol à Guillaume de la Roue, un célèbre évêque du Puy-en-Velay.


(e) Religion. L'abbaye du XIII ème siècle a été détruite puis reconstruite au XVIII ème siècle. La sainte locale, religieuse du monastère, est Marguerite de La Séauve. Elle est morte en odeur de sainteté.


- <<Les historiens s'accordent pour dire qu'elle s'appelait Marguerite Langlois. Etait-elle d'origine anglaise ou française ? On ne sait. Elle naquit dans la seconde moitié du XIIe siècle et vécut jusqu'à un âge avancé. Nous savons qu'elle remplissait la fonction de sacristaine, charge importante, dans le couvent de La Séauve. Sa réputation de sainteté était telle, de son vivant, qu'elle reçut la visite de l'archevêque de Lyon et de l'évêque du Puy. D'après la tradition, elle fut atteinte d'une grave maladie. Couverte de plaies purulentes, elle dut quitter l'abbaye où sa présence apparaissait comme un danger pour la communauté. Tandis qu'elle gravissait péniblement la colline voisine, survint un terrible orage. Miraculeusement enveloppée de lumière, Marguerite arriva à une source et fut soudain guérie. La ferveur populaire en fit une sainte. Elle ne serait retournée à l'abbaye qu'un an plus tard. Durant cette période, elle aurait travaillé chez les paysans, apportant la prospérité dans les fermes et guérissant les malades. Ce séjour, hors du cloître, explique peut-être le culte que l'on a encore pour elle dans toute la région. Marguerite fut à nouveau admise dans la communauté où elle donna, jusqu'à sa mort, l'exemple des plus hautes vertus. Son corps a reposé jusqu'aux destructions révolutionnaires, dans un tombeau de marbre, à droite du maître-autel, dans l'abbatiale qui a été détruite à la fin du XVIle siècle. Actuellement, une chapelle, derrière l'abbaye de La Séauve-sur-Semène, et, un peu plus haut, dans le vallon, deux petits édifices, sur l'emplacement de l'ancienne et nouvelle source, perpétuent, à La Séauve, le souvenir de sainte Marguerite. On trouve aussi, en plusieurs endroits, des traces de la dévotion populaire à son égard :

un oratoire au Pont de l'Enceinte, des tableaux dans l'église de Saint-Maurice-de-Lignon et bien sûr, une croix et un sarcophage à Chasse, Tence, près du moulin de Brossettes, sarcophage toujours rempli d'eau. (Yssingeaux, Paroisse Saint-Pierre, "Marguerite de La Séauve", document du web)>>.


(f) Industrialisation dans les campagnes. Les soeurs de l'abbaye on dirigé une manufacture de rubans de soie, utilisant la main-d'oeuvre locale et l'énergie hydraulique du bassin de la Sémène.


- <<Entre la manufacture de peluches et le moulinage des soies, il n'existe ni mélange ni rapprochement ; les bâtiments sont distincts, sans communication possible, et à une assez grande distance les uns des autres. C'est déjà beaucoup qu'ils soient situés dans la même localité, et sous ce rapport, Jujurieux et la Séauve ont un privilége de position. Rien n'y trouble la tranquillité dont jouissent les recluses. A Tarare, le voisinage d'ateliers d'hommes a offert, dans l'origine surtout, quelques inconvénients. Les ouvriers ne voyaient pas sans jalousie ce travail nouveau d'où ils étaient exclus, et qui ressemblait à un empiètement et à une menace. On commencait par la préparation des soies : qui sait si plus tard on n'en arriverait pas jusqu'au tissage ? De là un sentiment d'opposition qui prit des formes assez singulières et, quoique impuissant, n'en fut pas moins caractérisé. Une fois entrées dans la maison, ces jeunes filles échappaient à l'influence des ouvriers : qu'imaginèrent-ils ? Comme elles descendent presque toutes de la contrée pastorale qui sépare le bassin du Rhône du bassin de la Loire, quelques-uns d'entre eux se portèrent à leur rencontre, au pied même de la montagne, afin de passer une sorte d'inspection du personnel dont se composait le nouvel établissement. Apercevaient-ils une famille en marche pour cette destination, ils l'accostaient, s'assuraient du fait et cherchaient à la détourner de son dessein. — Quoi ! vous allez mettre votre enfant dans cette Cayenne, disaient-ils. C'est sous ce nom qu'ils désignaient le moulinage. Puis ils entraient dans le détail des prétendues misères qui attendaient l'apprentie et chargeaient le tableau de couleurs si sombres que des hommes moins solides eussent à l'instant rebroussé chemin. Mais un campagnard ne s'ébranle pas aisément ; il est invariablement sur ses gardes et arrive où il s'est proposé d'arriver : les ouvriers en étaient donc pour leurs frais et peu leur importait. Ils avaient satisfait leurs rancunes, accommodé les béguines à leur facon et dit leur mot sur ce cloître industriel. Avec plus de bon sens, ils auraient fait le calcul contraire ; ces ateliers préparatoires devenaient la garantie d'un travail plus certain et plus continu ; ces soies qu'ouvraient ces jeunes filles étaient pour eux un aliment et un gage d'activité ; l'industrie allait prendre une meilleure assiette dans un cadre agrandi, et il n'était pas jusqu'au perfectionnement de la matière qui ne dût rendre leur tâche plus fructueuse et plus aisée. Dans cette combinaison, le premier et le plus sûr bénéfice appartenait aux ouvriers, et comment se refusaient-ils à une telle évidence ? A la Séauve [MM. Colcombet et Cie] tout embarras de ce genre était écarté ; aucun trouble extérieur ne pénètre dans ce site solitaire où commence l'Auvergne et sur lequel la vue et l'esprit se reposent avec une satisfaction sans mélange. Quand un pareil choix est possible, tout le monde s'en trouve bien ; le manufacturier qui a sous sa main des agents dociles et à bas prix, les populations qui arrivent à plus d'aisance par un supplément de main-d'œuvre, le pays qui s'enrichit par le mouvement des capitaux, la circulation des produits et la distribution des salaires. Si du travail disséminé dans les campagnes on ne peut attendre que l'imperfection, il en est autrement du travail qui se concentre dans une manufacture rurale ; on y peut réunir le double avantage des bons procédés et d'une économie dans le prix des facons. La Séauve en est un exemple. L'établissement ne vise pas, il est vrai, plus haut que la fabrication courante, mais le ruban qui sort de ses métiers a tous les mérites du ruban fabriqué à la main, la même égalité de tissus, le même éclat, plus de fraîcheur peut-être, et à en juger par quelques essais, on peut dire que des dispositions plus compliquées y réussiraient également. C'est au moyen d'une turbine que marchent les appareils ; située au fond d'une gorge, la manufacture recoit les eaux qui descendent des hauteurs et s'en sert pour distribuer l'activité dans tous ses étages. Sur chaque ligne de métiers seize ou vingt rubans se tissent à la fois, et une ou deux ouvrières suffisent pour diriger et surveiller la besogne. Les battants s'élèvent et s'abaissent, les navettes vont et viennent avec une précision et une grâce qui tiennent l'œil captivé ; l'étoffe se confectionne et s'enroule d'elle-même ; on sent circuler une vie obtenue sans efforts et qui se prolonge ou se suspend au gré de la volonté humaine. C'est encore un gouvernement religieux que nous retrouvons à la Séauve ; aucune population n'y était mieux disposée, et l'esprit dès fondateurs y inclinait de la manière la plus sincère. Aussi l'autorité des sœurs y a-t-elle été établie sans peine et se maintient-elle sans embarras. Un réglement très-sage règle les droits et les devoirs de chacun, assigne dos limites aux attributions, trace des plans de conduite, et par des mesure de prévoyance empêche les empiètements. Une ouvrière admise à la Séauve, y trouve plutôt une famille qu'un atelier, et l'existence qu'elle y mène est assurément plus douce, moins précaire, moins rude surtout que celle du foyer paternel. Aux travaux de la montagne succède un travail dont les heures sont réglées, et qui n'expose ni aux intempéries, ni aux souffrances inséparables de la vie en plein air. La nourriture est également meilleure, les soins du corps sont mieux entendus et plus suivis ; l'intelligence est mieux cultivée. En somme, la condition est améliorée sensiblement. Pour exciter l'émulation des apprenties, un classement a lieu tous les mois et les gages sont en rapport du rang qu'elles obtiennent. Ce gage peut s'élever à 70 fr. ; il est plus réduit pour les ouvrières moins habiles, et nul pour celles qui commencent. En revanche, les frais d'entretien sont à la charge des manufacturiers. C'est une rémunération moins élevée que celles de Tarare et de Jujurieux, mais il faut tenir compte du rayon où elle s'exerce et des populations qu'elle touche. Il doit en outre y avoir, pour la Séauve, un avantage dans les dépenses alimentaires, à raison de la zone d'approvisionnement. En revanche d'autres charges y font compensation. Ce n'est pas sans sacrifices ni efforts que l'on porte la vie dans des pays pauvres, où les ouvriers d'art sont rares, et où, pour certains services, les prix s'aggravent par les distances et les difficultés d'un déplacement. Dans les débuts surtout, il y a là des conditions onéreuses dont on ne s'affranchit qu'à la longue , et dont on n'amortit le fardeau qu'après un certain nombre d'exercices. (Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques, Louis Reybaud, "Rapport ... sur la condition morale, intellectuelle et matérielle des ouvriers qui vivent du travail de la soie", 1859)>>.


(g) Référence :


- <<La Séauve-sur-Semène (autrefois La Selva, aujourd'hui La Seauva en Occitan) est une commune française, située à l'est du Velay, dans le département de la Haute-Loire et la région Auvergne. Elle tire son nom des forêts (en latin Sylva) qui couvraient ses versants lorsque fut fondée l'abbaye cistercienne de La Séauve-Bénite dans la seconde moitié du 12è siècle. Ses habitants sont les Séauvois. La Séauve-sur-Semène est une commune du massif central située à l'est du Velay. La Séauve-sur-Semène faisait partie de la commune de Saint-Didier-en-Velay, et a été érigée en commune indépendante en 1925. (Wikipédia)>>.


(h) Voir Azieux. Bonlieu. La Sauvetat. Leigneux. Peire Cardenal. Sylva. Velay.


(i) Lire "Seigneurs Marchands".






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Samedi 21 Juin 2008



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