Mimétique


Adjectif.


(a) Le mot <mimétique> signifie "qui tient du mimétisme", "relatif au mimétisme" ou "relevant de l'imitation".


(b) Pour René Girard, le désir est de nature mimétique. Un indice du désir mimétique est donné par l'enfant qui abandonne le jouet qu'il a pour se précipiter sur celui que vient de recevoir ou trouver son voisin.


(c) Un paradoxe de l'imitation vient de ce que chacun croit imiter un modèle qui, lui, n'imiterait personne. Après les guerres Napoléonniennes, les "décembristes" de Russie, dont Léon Tolstoï prend la défense dans "Guerre et Paix", veulent moderniser la Russie en imitant l'empereur des Français. Le héros de "Crime et Châtiment" est obsédé par ce Napoléon qui, soit-disant, n'imitait personne. On sait pourtant l'importance que Napoléon Bonaparte attachait à l'exemple de Jules César. Enfin, Salluste raconte comment César a pleuré en constatant ce qu'Alexandre le Grand avait déjà fait, à l'âge de 30 ans. En somme, seule une médiation externe permettrait de sortir des pièges d'une médiation interne. C'est peut-être ainsi qu'il faut comprendre la mort de Socrate et le fait que Jésus de Nazareth se présente comme un bouc émissaire volontaire. Il ne s'agit pas d'un désir de mort pour soi-même, mais d'un constat face à la marée incoercible d'une violence collective aveugle.


- Au disciple (ou à son épouse) qui regrette que Socrate meure innocent, Socrate répond seulement : "préfèrerais-tu que je meure coupable ?" ;


- En demandant à Simon Pierre de remettre l'épée au fourreau, Jésus montre qu'il est inutile d'ajouter de la violence à la violence, mais qu'il est urgent de ne pas succomber au mimétisme ambiant, d'où sa référence au chant du coq.


- <<Loin de surgir dans un univers exempt d'imitation, le commandement d'imiter Jésus s'adresse à des êtres pénétrés de mimétisme. Les non-chrétiens s'imaginent que, pour se convertir, il leur faudrait renoncer à une autonomie que tous les hommes possèdent naturellement, une autonomie dont Jésus voudrait les priver. En réalité, dès que nous imitons Jésus, nous nous découvrons imitateurs depuis toujours. Notre aspiration à l'autonomie nous agenouillait devant des êtres qui, même s'ils ne sont pas pires que nous, n'en sont pas moins de mauvais modèles en ceci que nous ne pouvons pas les imiter sans tomber avec eux dans le piège des rivalités inextricables. L'autonomie que nous nous croyons toujours sur le point de conquérir, en imitant nos modèles de puissance et de prestige, n'est qu'un reflet des illusions projetées par notre admiration pour eux, d'autant moins consciente de son mimétisme qu'elle est plus mimétique. Plus nous sommes «orgueilleux» et «égoïstes», plus nous nous asservissons aux modèles qui nous écrasent. (René Girard, "Je vois Satan tomber comme l'éclair", Éditions Grasset & Fasquelle, 1999, page 34)>>.


(d) Voir Désir mimétique. Double mimétique. Identification. Identification mimétique. Je vois Satan tomber comme l'éclair. La Violence et le sacré. Refus de voir. Refus du réel. Rivalité mimétique. Théorie mimétique.


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Auteur. Hubert Houdoy Mis en ligne le Samedi 24 Mai 2008



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