Ajouter


(A) Généralités.



(a) Apparition. Le verbe <ajouter> est attesté en 1080 dans "La Chanson de Roland", dans le sens de "mettre auprès", "réunir". Au XII ème siècle, il prend la forme <ajoster>. L'ancien mot <joste> signifiait "auprès".


(b) Définition. Le verbe <ajouter>, dont le sens est purement quantitatif, signifie "mettre en plus".


(c) Etymologie. Le latin populaire comportait un verbe <adjuxtare>.


(d) Références littéraires :


- <<Seigneurs, si j'en disais davantage,

Je dépasserais l'étendue de mon sujet,

C'est pourquoi je vais mettre un terme à mon travail ;

Ici même s'arrête le récit.

Godefroi de Leigni, le clerc,

A terminé LA CHARRETTE ;

Que nul ne songe à le blâmer

S'il a continué Chrétien,

Car il l'a fait avec l'approbation

De Chrétien, qui commença l'oeuvre :

Lui est responsable de tout ce qui suit

Le moment où Lancelot fut emmuré,

C'est-à-dire jusqu'à la fin du conte.

Voilà son oeuvre à lui ; il ne veut rien y ajouter,

Ni retrancher, par crainte d'endommager le conte.

Ici se termine le ROMAN DE LANCELOT DE LA CHARRETTE

(Chrétien de Troyes, "Le Chevalier de la charrette", 1170)>>.


- <<Renart fait un mouvement de coté, mais se sentant arrêté : "Sire Primaut," dit-il, "vous abusez de votre force : les grands ne peuvent sans péché accabler ainsi les petits. J'irai me plaindre au Roi, à la Reine, à tous les pairs. Mais de grâce, au moins, écoutez ; vous verrez que je n'ai pas mérité votre colère".

- "Non, non ! point de pardon pour le traître, le felon, le scélerat ; tu ne mourras que de ma main".

- "Mais encore! Songez-y bien, sire Primaut, si vous me tuez., vous aurez affaire à bien du monde. J'ai des fils, vous le savez ; j'ai des parens, de puissans amis ; il vous faudra compter avec eux ; et quand on saura que vous m'avez surpris à l'écart, assassiné, vous serez jugé à mort ou vous abandonnerez le pays."

Toutes ces paroles ne font qu'ajouter à la rage de Primaut.

(Anonyme, "Le Roman de Renart", 1200, Livre I, Chapitre XV)>>.


- <<Tout était bon, cousin et frère,

elle ne refusait ni le fils ni le père.

Son dévergondage surpassait

en ignominie tout le reste de sa vie.

Comme le texte en témoigne,

sans rien y ajouter, sans rien y retrancher,

la dame séjourna dans ce pays.

(Rutebeuf, "Poèmes de l'infortune", 1260, La vie de Sainte Marie l'Egyptienne)>>.


- <<Cet homme, toujours présent sous le toit de la mère de Francine, aux soins de qui je fus remise, avait oublié son enfant. Néanmoins le duc m'accueillit avec plaisir, et me reconnut parce que j'étais belle, et que peut-être il se revoyait jeune en moi. C'était un de ces seigneurs qui, sous le règne précédent, mirent leur gloire à montrer comment on pouvait se faire pardonner un crime en le commettant avec grâce. Je n'ajouterai rien, il fut mon père! Cependant laissez-moi vous expliquer comment mon séjour à Paris a dû me gâter l'âme. (Honoré de Balzac, "Les Chouans", 1829, III, Un jour sans lendemain)>>.


- <<Depuis six ans à peu près qu'il était enfermé dans ce cachot, quel travail, si lent qu'il fût, n'eût-il pas achevé ! Et cette idée lui donna une nouvelle ardeur. En trois jours, il parvint, avec des précautions inouïes, à enlever tout le ciment et à mettre à nu la pierre : la muraille était faite de moellons au milieu desquels, pour ajouter à la solidité, avait pris place de temps en temps, une pierre de taille. C'était une de ces pierres de taille qu'il avait presque déchaussée, et qu'il s'agissait maintenant d'ébranler dans son alvéole. Dantès essaya avec ses ongles, mais ses ongles étaient insuffisants pour cela. (Alexandre Dumas père, "Le Comte de Monte-Cristo", 1845, Chapitre XV, Le numéro 34 et le numéro 27)>>.


(e) L'expression <ajouter foi>, datée du XII ème siècle, signifie "croire", "faire confiance".


- <<Elmire

Quel homme ! Au moins répondez-moi.

Je ne vous parle pas de nous ajouter foi ;

Mais supposons ici que, d'un lieu qu'on peut prendre,

On vous fît clairement tout voir et tout entendre,

Que diriez-vous alors de votre homme de bien ?

Orgon

En ce cas, je dirois que... Je ne dirois rien,

Car cela ne se peut.

(Molière, "Tartuffe", 1664, Acte IV, Scène III)>>.


(f) Voir Contexte. Contexte informationnel. Contraire. Dualité. Fétichisme. Mimétique. Signifiant.



(B) Sémantique.



(a) Dans tout discours, pour ajouter, il faut préalablement poser.


(b) Citation :


- <<On peut établir une relation étroite entre l'opération de poser et une opposition très générale, que nous introduirons provisoirement sous une de ses formes : information nouvelle / information ancienne. Nous verrons ultérieurement à quoi correspond au juste cette dernière, et nous dirons pourquoi il nous paraît que seule une caractérisation psychologique de cette opposition peut se révéler adéquate. Toutefois W. Chafe (1971) en a donné une très intéressante caractérisation linguistique. Il est de fait, en tout cas, que l'instruction de poser émise par le parleur est généralement contemporaine de l'apport par lui d'information nouvelle - ou si l'on veut hautement corrélée avec cet apport. On peut revenir un instant sur l'idée de N-ième énoncé, dans la mesure où les exemples que nous avons choisis jusqu'ici portaient surtout sur la position initiale de certains signifiés. Il est clair que dans la plupart des récits il est nécessaire de poser en cours de route de façon progressive de nouveaux signifiés, qui seront, en principe, liés à ce qui a été dit précédemment. (Le Ny "Sémantique Psychologique", pages 46-47)>>.


(c) Voir Activité mnésique. Mémoire des contenus sémantiques. Poser un signifié. Prédiquer. Prédication. Thème d'une phrase. Usage de l'article défini.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Samedi 21 Juin 2008



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