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Pierres branlantes


(a) D'origine ou d'affectation druidique (celtique) ou, plus justement, mégalithique (pré-celtique), les pierres branlantes sont à la limite du chaos naturel (un effet possible de l'érosion en boule) et de la création manuelle et culturelle.


- <<Les deux semaines précédentes, nous avons vu les résultats de l'érosion des parties altérées de granites dans le cas où les parties altérées étaient (au moins localement) majoritaires. Dans les rochers granitiques dégagés par l'érosion, les blocs sains étaient encore jointifs (bien que séparés par les diaclases élargies) et leur forme anguleuse se voyait encore. Si la fraction altérée est beaucoup plus importante, il ne reste plus, dans et sous le sol, que quelques blocs plus ou moins sphériques de granite sain, séparés les uns des autres par de grandes épaisseurs d'arène. Si l'érosion enlève cette grande quantité d'arène, il ne subsiste plus que quelques boules, isolées ou groupées, mais sans connexion les unes aux autres. L'arène située sous les "boules" de granite sain ayant été érodée, ces boules se sont déplacées et ne sont plus à leur place originelle. Elles peuvent même être en état d'équilibre instable, ce qui forme les fameuses pierres branlantes que l'on retrouve dans de nombreuses régions granitiques (Huelgoat, Sidobre, Limousin, Margeride, Pyrénées …). (Pierre Thomas, conférence à l'ENS-Lyon, "La Pierre Branlante des Monts de Blond (87) et autres chaos granitiques", Planet-Terre)>>.


(b) Notre-Dame-de-l'Hermitage est un exemple de christianisation de ces vestiges d'une religion celtique ou préceltique.


(c) Témoins des cultes anciens et de l'imagination de toujours :


- Il y a trois mégalithes à Vollore-Montagne. Deux sont au Sud, au bord du ruisseau le Couzon. La Pierre des Écuelles est au Nord.


- Une pierre branlante, dite de l'Agace, est visible à Saint-Didier-sur-Rochefort, au bord de la route. Vous y trouverez aussi la Pierre de l'Éléphant, la Pierre du Loup ou le Petit Bateau. L'église, du XVI ème siècle, contient une chaire classée et un tombeau faisant fonction de bénitier.


- La pierre branlante de Gouttenoire se trouve sur la commune des Salles.


- Le Trilithe de Beauvoir, le Dis-Pater (Pluton) et deux châteaux (La Merlée et Villechaize) sont à Saint-Julien-la-Vêtre.


- Sur la commune de Fayet-Ronaye (qui a aussi un tumulus et une motte castrale), une pierre branlante est proche du château de Ségniers.


(d) Une <Roche branlaire> est décrite sur la commune de Gelles, hameau de Mont-la-Côte, près de Clermont-Ferrand. A proximité se trouve un menhir. Son origine n'a rien de naturel : la Sainte Vierge, passant dans la région, filait sa quenouille. Dans un instant de distraction, causée par son fils, l'objet oblong est tombé de son tablier.


- <<Selon la légende, la Sainte vierge promenait son divin Fils en filant sa quenouille. L'enfant jouait avec les petits anges. Un papillon ayant attiré leur attention, ils s'éloignèrent. Marie, alarmée, na voyant pas revenir son Fils, piqua en terre sa quenouille et se mit à sa recherche. Puis l'ayant retrouvé, elle regagna directement sa demeure, laissant sa quenouille dans la bruyère. Une sorcière de la Basse-Forêt, qui parcourait le pays à la recherche des plantes nécessaires à sa magie, aperçut, une nuit, la quenouille oubliée. Lorsqu'elle voulut la saisir, le bâton devint lumineux, puis se changea en une immense pierre. Dieu n'avait pas voulu qu'une main impie touchât un objet ayant appartenu à sa mère. Pour conjurer le sort ou si l'on veut se marier dans l'année, il suffit, la première fois que l'on voit le menhir, de lancer une pierre sur la corniche située à mi-hauteur de celui-ci. Si elle s'y maintient, le vœu sera exaucé. (Document du web)>>.


(e) Pour vous glisser dans "Le Lit de la Vierge", à 1260 m, il faut vous rendre dans la Forêt d'Aubusson (d'Auvergne) au pied du Pic de Rochette (1296 m).


(f) On trouve aussi des pierres branlantes, naturelles et/ou cultuelles, en Limousin (Sauvagnac, à Saint-Léger-la-Montagne ; le rocher de Puy-Chaud, à Blond, au sud de Bellac ; le Boscartu, à Cieux, au nord-est de Rochechouart), en Bretagne (à Tregastel, à Perros-Guerrec), en Anjou (où elles reçoivent le nom de <rouler>, comme aux Châtelliers de La Séguinière), en Cornouailles (Saint-Levin), dans le Sussex (à West-Hoadley) et en Amérique (la pierre de Savoy dans le Massachusetts ; une au Mexique).


- <<Cette pierre est de granit et couverte des mousses communes dans cette partie du pays. On peut aisément l'ébranler de manière à lui faire décrire un segment circulaire d'environ cinq pouces, soit avec les mains ou l'épaule, ou bien en se tenant debout dessus, et portant alternativement le poids du corps sur une jambe et sur l'autre. Du moment qu'elle fut dégagée du sol environnant, le vent la mit en mouvement, et tel est encore vraisemblement le cas, quoiqu'on suppose qu'elle ne pèse pas moins de dix à douze tonneaux. En se balançant elle fait si peu de bruit, qu'à peine s'en apparçoit-on. Le rocher sur lequel elle repose est un granit grossier, curieusement tortillé, et a l'apparence d'être stratifié, les couches étant inclinées vers l'ouest sous un angle d'environ 45 degrés. La pierre branlante repose sur la cime du rocher qu'elle paraît toucher à trois points presque en ligne droite en travers des couches. La forme de cette pierre ressemble à un cône de peu de hauteur dont la basse sur laquelle elle repose est convexe. (Michel Bibaud, "Bibliothèque canadienne", 1827)>>.


(g) Par ses degrés de liberté supplémentaires, La Pierre-qui-Vire (nom d'un monastère, dans l'Yonne) n'est plus une pierre branlante.


- <<Durant la messe de Minuit à Noël, quand les cloches sonnent, des pierres se mettent à tourner sur elles-mêmes. Les plus connues sont celles de Tournerosse à Remiremont et Pierre-Qui-Vire dans la région de l'Yonne (France). ("Lexique des superstitions")>>.


(h) Le chaos rocheux de Puychaud (entre le village de Villerajouze et le bourg de Blond, en Haute-Vienne) n'est pas moins curieux. La légende de Puychaud a son correspondant au "Siège de la Reine", près du col de Chemintrand, en Livradois. Elle se retrouve dans d'autres lieux (Saint-Bohaire).


- << Il était une fois une pauvre veuve qui allait de village en village, quêtant un toit pour dormir pour elle et ses deux enfants en bas âge. Les grands froids étaient venus et Noël approchait. La veille de ce jour, la pauvre femme arriva à Blond. Alors que celle-ci s'apprêtait à frapper à une porte, elle entendit une voix qui disait : - "Irons-nous à Puychaud quand sonnera minuit ? Vous savez bien enfants, que le plus grand rocher s'ouvre la nuit de Noël et découvre, quand le prêtre élève l'hostie, une grotte emplie d'or et de pierres précieuses ?" Sans écouter davantage et tirant ses enfants par la main, la veuve arriva sur la colline. A bout de force, elle s'assit sur le plus gros rocher et le roc soudain s'ouvrit. Dans une caverne illuminée, brillaient des morceaux d'or et de diamants qui attirèrent la veuve et ses deux enfants. Le roc pivota. Elle n'eut le temps que de s'enfuir, y laissant ses deux enfants. Desepérée, elle alla demander conseil au curé de Blond qui lui conseilla de revenir la prochaine nuit de Noël. Une année passa. La pauvre mère attendit et bientôt le rocher s'ouvrit de nouveau. Sans prêter attention aux richesses, elle se précipita vers ses deux enfants plus forts et plus vigoureux qu'avant et retira ainsi son seul trésor. (Légende de Puychaud)>>.


- <<Enfin il parle de quelques pierres druidiques dont la mobilité est imaginaire ; telles sont la pierre située entre Pontlevoy et le château de Roger, et la "Pierre de minuit", qui se trouve à Saint-Bohaire près de Blois. Le peuple croit qu'au moment de la messe de minuit ces pierres font une révolution sur elles-mêmes. (in Mémoires de la société nationale des antiquaires de France)>>.


- <<Le voleur, c'est peut-être celui qui a fait votre bâtisse ? Qui sait s'il n'a pas laissé une pierre branlante, pour entrer par là dans la bâtisse, se charger d'or et d'argent, et remettre la pierre, en partant ?

- Comment faire pour le savoir ? demande le roi.

Pour le savoir, dit la sorcière, il faut enlever l'or et l'argent de la bâtisse, la remplir de paille, mettre le feu à la paille, et faire le tour en dehors, pour voir si la boucane sort à quelque place. (Marius Barbeau, 1883-1969, "Le grand voleur de Paris", conte recueilli à Sainte-Anne, Kamouraska, en 1915)>>.


(h) Voir Chaos rocheux. Noirétable. Pierre à cupule. Religion paléolithique.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Dimanche 6 Juillet 2008



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