Communication



(A) Au sens (étroit) de Roman Jakobson.



(a) Version ancienne et très réductrice de la communication, inspirée par le développement des premiers ordinateurs et de leurs langages de programmation.


(b) Citation :


- <<Parallèlement à la théorie de l'information et en étroit rapport avec elle, s'est développé un schéma de la communication linguistique qui reste lié à une perspective par trop mécaniste, même si son point de vue se veut plus respectueux des échanges verbaux intersubjectifs. Selon le psychologue Bühler, l'activité linguistique peut se définir par ses trois fonctions d'expression (du point de vue du destinateur), d'appel (du point de vue du destinataire), et de représentation (qui renvoie au référent ou au contexte). Ce schéma triadique a été repris avec de nouvelles dénominations et complété par R. Jakobson. Pour celui-ci, la communication verbale repose sur six facteurs : le destinateur et le destinataire, le message transmis de l'un à l'autre, le contexte (ou référent) (verbal ou verbalisable) sur lequel porte le message, le code (plus ou moins commun aux actants de la communication) grâce auquel est communiqué le message, et enfin le contact physique et une connexion psychologique. A chacun de ces différents éléments correspond une fonction linguistique particulière, respectivement : émotive (ou expressive), conative, poétique, référentielle, métalinguistique, phatique. (Greimas, Courtès, p. 45)>>.


(c) Lire "Travail Narration".



(B) Au sens (large) d'Aljirdas Julien Greimas.



(a) Citation :


- <<Pour échapper à une conception trop mécaniciste (qui reprend le modèle de l'information) ou trop restrictive (qui s'en tient à des paramètres extra-linguistiques) de la communication, il est indispensable de situer cette notion clef dans un contexte plus large. Les activités humaines, dans leur ensemble, sont généralement considérées comme se déroulant sur deux axes principaux : celui de l'action sur les choses, par laquelle l'homme transforme la nature (c'est l'axe de la production), et celui de l'action sur les autres hommes, créatrice des relations intersubjectives, fondatrices de la société (c'est l'axe de la communication). (Greimas, Courtès, p. 46)>>.


(b) Voir Échange. Communication explicite. Communication implicite. Communication et conception. Communication et coopération. Communication interculturelle. Complémentarité des communications.



(C) Moyens de communication.



(a) On nomme moyens de communication les outils (papier, plume, encre), les instruments (flèche), les machines (véhicules automobiles) et les aménagements fonciers (chemin, voie, route, canaux, aéroports, autoroutes) qui facilitent les transports des humains ou de leurs messages (les informations).


(b) Le message nouveau (imprévisible) devant toujours être acheminé par un canal (sûr et redondant), il y a une contradiction inhérente à toute communication réussie.


- <<Tout autant que les récits intimes et les histoires collectives, les sciences dures ont donc affaire à un continuum nécessaire autant qu'à un discontinu d'aléas. Sciences : voilà du Newton, du Einstein, mais voici des quanta. Récits : voilà un drame fatal, mais voici des circonstances rencontrées. Je le pressens depuis un demi-siècle, la communication et ses contraintes aident à une synthèse entre les logiques pures et abstraites, les sciences expérimentales et la littérature générale des phénomènes culturels. Je le répète pour faciliter le canal de mon propre message : le lit du flux, le fil de tout message - le système universel, la ligne continue, l'abstrait général, le nécessaire... - contrarient son contenu informatif - le singulier, le contingent, le détail du concret, les paquets de quanta, les grains assourdissants du chaos, le hasard lui-même... Assumée, gérée, tenue en tout cas, cette contradiction de deux lois ou de deux univers, propres au travail du langage comme à notre expérience du temps, et dont le rapport, tendu, varie d'un domaine à l'autre, construit l'ensemble de ce que nous communiquons en lui, avec lui et par lui. (Michel Serres, "Récits d'humanisme", Le Pommier, 2006, page 161)>>.


(c) Importance de la forme et du sens de circulation des messages, sur le réseau. Internet ne ressemble ni aux mass-média ni au réseau téléphonique vocal.


- <<Le Temps : Au-delà de sa médiatisation, que retenez-vous de l'essor du réseau mondial ?

Pierre Lévy : J'aimerais souligner l'originalité de cet espace de communication. Cette originalité apparaît mieux si on la met en regard des autres modes de communication. Si on regarde les médias (presse, radio, télévision), on a une structure avec un centre émetteur et un grand nombre de récepteurs passifs et, surtout, isolés les uns des autres. Le deuxième grand type de communication est celui du téléphone dans lequel un vrai dialogue est possible parce qu'il y a réciprocité de la communication. Mais cette communication n'a lieu que de point à point, d'individu à individu. Il n'y a pas de création de communauté. Le grand avantage d'Internet, c'est qu'il combine les aspects positifs des deux médias précédents. Il y a l'adressage fin des messages, l'interactivité, mais il y a aussi une dimension collective avec la possibilité de créer une communauté. (Le Temps, Entretien avec Pierre Lévy, "Comment l'intelligence collective peut surgir sur le Net", Genève, 22 février 2001)>>.


(d) Voir A partir d'un mot. Chemins de Compostelle. Internet. Voie romaine. World Wide Web.



(D) Abus de langage.



(a) On nomme <communication> le discours à sens unique qui vante les entreprises, les hommes politiques, leurs produits et leurs actions, sans écouter l'expression de la demande ou de l'attente des consommateurs ou des citoyens.


(b) Voir Discours de vérité. Dogme. Parole de vérité. Dialogue.



(E) Voie de communication.



(a) Avant les pistes, les routes et les voies romaines, les fleuves (en plaine) et les cols (en montagne) sont des voies naturelles pour la circulation des hommes et la colonisation des territoires.


(b) Voir Homo Floresiensis.


Nota Bene. Les mots en gras sont tous définis sur le cédérom encyclopédique.