Réalité


(a) La réalité existe, ce que nie pourtant le solipsisme. Mais nous ne pouvons pas nous en imprégner directement. D'ailleurs nous ne le cherchons pas toujours. Et certains, pour ainsi dire, jamais. D'où l'expression : "La fuite devant la réalité".


(b) Nolens, volens, nous pensons dans une réalité apparente. Et chacun la notre. Pourtant la réalité est unique. C'est elle qui produit les conséquences de nos actes. Ainsi, se rappelle-t-elle à nous quand nous l'oublions. Ne soyez pas surpris si tout ne se passe pas comme vous l'avez prévu. Cela montre que la réalité indépendante n'est pas soumise à votre réalité apparente et qu'elle est beaucoup plus vaste et complexe que le petit domaine de votre réalité concrète.


(c) La réalité est le caractère de ce qui est réel, que cela nous fasse plaisir ou non. D'où la formulation freudienne du principe de réalité.


(d) Pour ne pas voir ou assumer la réalité nous ne disons pas toujours ce que nous savons (ou croyons savoir à son sujet). Quand nous mentons, c'est consciemment que nous ne disons pas la vérité sur la réalité. D'où l'expression : "Il faut regarder la réalité en face".


(e) Réel voilé. Pourtant, bien malin celui qui pourrait prétendre lire dans la réalité comme dans un livre ouvert. Au fait, à propos de Malin ! A défaut de péché originel, s'il existe une faute ou une erreur couramment commise, c'est bien celle de croire que l'on pourrait voir la réalité et la connaître immédiatement par l'un de nos cinq sens. Ainsi, la preuve de la pomme ou du pudding serait qu'on les mange. Mais alors, pourquoi le mirage et l'hallucination ne seraient-ils pas prouvés par le fait qu'on les voit ? Ce serait bien si l'on pouvait connaître le monde ou connaître l'autre, aussi simplement que de croquer une pomme sur ce qui serait un arbre de la connaissance. Mais il y aurait de quoi écrire un livre là-dessus.


(e) La réalité est le réel. Ce terme regroupe tout ce qui a une existence effective. La réalité se définit donc par opposition à ce qui est imaginaire ou onirique. D'où les expressions : "La réalité dépasse la fiction" ou "Il faut bien revenir à la dure réalité".


(f) Le "mensonge" (l'erreur systématiquement orientée) est naturel chez Homo sapiens demens, parce qu'il est doté d'un cerveau trompeur. Le cerveau humain ne semble pas organisé pour voir la réalité telle qu'elle est. Comme le disent de plus en plus souvent les chercheurs de diverses disciplines, "notre cerveau nous ment". Il préfére embellir l'image qu'il produit de la réalité. C'est probablement une explication de la profonde vanité de l'homme. Cette découverte jette une nouvelle lumière sur celle de Sigmund Freud, l'existence de l'inconscient.


- Citation : <<Peut-être se rapproche-t-on davantage du point de vue freudien en s'exprimant de façon plus paradoxale, en disant que la différence entre le «névrosé» et «l'homme sain» consiste uniquement dans le fait que la névrose de «l'homme sain» revêt une forme socialement habituelle. De toute façon, pour formuler en termes plus techniques et plus prudents le même principe, Freud dit que d'après l'étude des rêves «nous découvrons que le mécanisme psychique employé par les névroses n'est pas nouvellement créé par un trouble pathologique qui envahit la vie psychique, mais qu'il existe tout prêt dans la structure normale de notre appareil psychique». Ainsi le premier paradoxe de Freud, l'existence d'un inconscient refoulé, implique-t-il nécessairement le second paradoxe, d'une portée plus grande encore, qui est la névrose universelle de l'humanité. C'est là le pons asinorum de la psychanalyse. La névrose n'est pas une aberration occasionnelle, elle n'existe pas seulement chez autrui, elle est en nous et en nous tout le temps. Elle est dans le psychanalyste. C'est par l'introspection que Freud a découvert le complexe d'Œdipe, qu'il considérait comme l'origine de toute névrose. L'Interprétation des rêves constitue l'une des applications les plus étendues de la maxime socratique : «Connais-toi toi-même.» En d'autres termes, la doctrine de la névrose universelle de l'humanité est l'analogue psychanalytique de la doctrine théologique du péché originel. (Norman O. Brown, "Eros et Thanatos", "Cette maladie appelée l'homme", page 19)>>.


(g) Voir Bible. Conjecture. Complexité. Connaissance biblique. Principe de plaisir. Refus de voir. Refus du réel. Sens de l'hallucination.



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Auteur. Hubert Houdoy Mis en ligne le Samedi 24 Mai 2008



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