Violence



(A) Généralités.



(a) Il y a dans la violence la manifestation d'une soif d'absolu. Toute violence est un refus de relativité de la relation.


(b) La violence est définie comme le "caractère violent, emporté, brutal, de quelqu'un ou de quelque chose".


(c) Autre définition. Une violence est un "acte violent", surtout au pluriel. Dans ce sens, on dit <commettre des violences>.


(d) Relations humaines. Par rapport à la surface de contact et d'échange, la violence est la tentation de la profondeur. Il n'est rien de plus profond que la peau ou que l'épiderme. Aucune relation vraie, réelle, durable, concrète, ne peut aller au-delà de la caresse.


(e) Toute violence manifeste une pulsion de mort, le désir fou, la tentation de la pénétration au-delà de la peau d'échange. La violence de l'alcoolique a la même origine que son besoin de boire. Le retour au "sein" maternel, dans les deux sens du terme : le mamelon pour boire l'aliment primaire (non-élaboré, non-gagné) et l'utérus pour la profondeur absolue.


(f) Est-il possible d'éliminer toute violence ?


- <<Car une mort commune rôde autour de toutes ces maisons de la culture : le fermier tue poules, veaux et porcs ; ignorant que je ne désirais pas les chasser, le couguar s'apprêtait à me déchirer, le lion de mer à expulser l'intrus de sa niche outragée ; mon corps se sacrifie à un entretien qui ne connaît plus de relâche ; le discours public met en scène un lynchage imminent ; chacune de ces parades, y compris la dialectique, lance un défi à mort... et la cour de ferme se perpétue parce que la fermière diffère l'abattage des oies et dindons de l'année, survivant ainsi une saison ; notre connaissance des bêtes sauvages dépend de la suspension et de l'échec de notre chasse ; et la leur échoue souvent, les rendant d'autant plus cruelles qu'elles meurent de faim à demi ; l'amphithéâtre remplit sa fonction parce que la foule diffère de lyncher l'orateur, sain et sauf un discours de plus ; en tout, la culture se forme par retard indéfini à la mort. Se perpétue-t-elle comme fait l'espèce, en sacrifiant l'individu ? Ces corps-à-corps par où advient la connaissance impliquent l'assassinat. Oui, le mal ou la violence mortelle s'associent, dès leur début et tout au long de leur cours, aux savoirs et aux cultures, comme un péché originel. Les problèmes que rencontrent aujourd'hui les sciences, de la bombe atomique à l'éradication des espèces, rappellent cette trace première. Ce péché originel a toujours lieu. Comme existent, dans les sciences, deux principes majeurs exprimant les constantes de force, compte-t-on une quantité invariante de violence ? Peut-être. Or, dans les sciences mécanique ou thermodynamique, ces constantes assurent le traitement rationnel de tous les problèmes, en permettant les équilibres et les équations. Cette invariance de la quantité de mal, par les espaces collectifs et par les temps historiques, assurerait, de même, le traitement rationnel des questions humaines. Le mal permet la raison, qui se réfère, en retour, à la constance du mal. Donc elle reste perverse tant que le mal se conserve. Pour casser cette nécessité, il convient d'en rompre l'invariance, de renverser donc à la fois les équilibres rationnels et les équations de vengeance, d'inventer l'écart d'un porte-à-faux, qui fera naître un autre état. Le premier qui tend l'autre joue à celui qui frappa sur la première détruit l'équilibre de justesse et de justice et commence à dissoudre la constance par cet héroïque essai. En bénéfice supplémentaire, qui devient, ici, sujet, sinon celui qui se jette dessous ? Laissez le prestige et la domination, naîtra une nouvelle raison. Reste-t-elle encore plongée, noyée, abîmée dans le lac aux espèces ? Certes. Le campus, le laboratoire, la bibliothèque... voilà des maisons de culture semblables aux clairières où s'écornent les cerfs ou aux cours de ferme où pataugent les porcs, drogués de maîtrise comme les élites. Nous ne nous délivrerons, anadyomènes, de cette noyade archaïquement programmée qu'en abandonnant aux bêtes la lutte répétitive pour la reconnaissance, l'éternel retour du prestige qui retourne indéfiniment à la bête. Même dans la connaissance, le travail du négatif meurt de répétition. Même l'homme comme espèce ne peut naître que d'Amour. (Michel Serres, "Hominescence", Le Pommier, 2001, pages 129-130, Mystère de la mort immanente aux connaissances)>>.


(g) Voir Dogme. Inquisition. Karl Popper. Servitude volontaire. Violence au travail. Violence et vérité. Violence physique. Violence symbolique.



(B) Violence et extase.



(a) Les stigmates de l'amour mystique peuvent être considérés comme une somatisation d'un amour impossible.


(b) Soit cet amour est beaucoup trop passionnel et violent pour être vécu dans la réalité concrète. C'est pourquoi cet amour est reporté sur un mort (le corps du Christ, le repas totémique). Entre autres, Jésus-Christ avait, par avance, refusé son corps à la femme (in-femme) de son vivant et fait don de son corps mort, comme bouc émissaire volontaire. Au moins d'après les Évangiles, il avait accepté de mourir pour l'amour de son prochain et pour le rachat des péchés de tous les autres humains.


(c) Soit l'amour réel, est en contradiction avec les normes sociales qui nient la possibilité d'un amour égalitaire entre l'homme et la femme. C'était le cas avec la condamnation du Libre Esprit et sa persécution sur les bûchers du Libre Esprit.


(c) Voir Le verbe se fait chair. Sacrifice d'Abraham. Sacrifice de Jésus-Christ.


(d) Lire "Verbe Chair".



(C) Violence et contact à la peau.



(a) Le délire (dé-réalité) et la violence (sur-réalité) se situent à une trop grande altitude (élévation) ou à une trop grande profondeur (pénétration) par rapport à la peau d'inscription et à la peau d'échange.


(b) Voir Abus sexuel. Amant. Cannibalisme. Caresses acceptées. Caresses du clitoris. Caresses du pénis. Caresses échangées. Caresses du désir. Caresses extérieures. Caresses intérieures. Corpus amoureux commun. Corps virtuel commun. Désir tendre. La caresse intérieure. Mots d'amour. Murmures d'approbation. Oui. Moi-peau. Pédomane.



(D) Théorie mimétique.



(a) Désir et violence :


- <<La source principale de la violence entre les hommes c'est la rivalité mimétique. Elle n'est pas accidentelle mais elle n'est pas non plus le fruit d'un «instinct d'agression » ou d'une «pulsion agressive». Les rivalités mimétiques peuvent devenir si intenses que les rivaux se discréditent réciproquement, ils se dérobent leurs possessions, ils subornent leurs épouses respectives et, finalement, ils ne reculent même plus devant le meurtre. Je viens de mentionner à nouveau, le lecteur l'aura remarqué, dans l'ordre inverse du Décalogue cette fois, les quatre violences majeures interdites par les quatre commandements qui précèdent le dixième, ceux que j'ai déjà cités au début de ce chapitre. (René Girard, "Je vois Satan tomber comme l'éclair", Éditions Grasset & Fasquelle, 1999, pages 29-30)>>.


(b) La violence est un aspect de la crise du Degree.


- << Au sein du mythe œdipien tel que Sophocle l'interprète, toutes les relations masculines sont des relations de violence réciproque :

Laïos, inspiré par l'oracle, écarte Oedipe avec violence, de peur que ce fils ne prenne sa place sur le trône de Thèbes et dans le lit de Jocaste.

Oedipe, inspiré par l'oracle, écarte Laïos, puis le sphinx avec violence et il prend leur place, etc.

Oedipe, inspiré par l'oracle, médite la perte d'un homme qui songe peut-être à lui prendre sa place...

Oedipe, Créon, Tirésias, inspirés par l'oracle, cherchent à s'écarter réciproquement...

Toutes ces violences aboutissent à l'effacement des différences, non seulement dans la famille mais dans la cité tout entière. (René Girard, "La Violence et le sacré", page 76)>>.


(c) Voir Bouc émissaire. Unanimité. Violence et vérité.







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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Jeudi 26 Juin 2008



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