Adam Smith


Adam Smith (1723-1791), économiste et philosophe écossais.


(a) Adam Smith est né à Kirkcaldy, petit port, en Écosse, le 5 Juin 1723. Son père meurt la même année. Adam Smith est mort à Edimbourg le 17 Juillet 1791. Il étudie au Balliol College, à Oxford, de 1740 à 1746. Il enseigne la rhétorique à Edimbourg, où il se lie d'amitié avec David Hume. En 1751, il occupe la chaire de logique, puis celle de philosophie morale ("Lectures on Jurisprudence"), à Glasgow. En 1764, Adam Smith devient le précepteur du jeune duc de Buccleuch. Un voyage en Europe, avec le duc, lui permet de rencontrer des philosophes (Voltaire), des encyclopédistes (Holbach, Helvétius, d'Alembert) et des Physiocrates français (Turgot, Quesnay). En 1778, Smith est commissaire aux douanes. Il rédige des "Essais sur des sujets philosophiques" (posthume, 1795).


(b) Adam Smith est un des fondateurs de l'école classique anglaise, et, partant, de l'Economie Politique. Peu intéressé par la religion, qu'il étudie contre son gré à Oxford, il n'a de cesse de laïciser l'idée de Providence. Sa démonstration de l'intérêt de la division technique du travail, par l'exemple de la manufacture d'épingles, est tirée des descriptions de l'Encyclopédie.


- <<Ce serait aller trop loin de dire qu'Aristote a fondé l'Économie politique. Le XVIIIe siècle a raison de revendiquer cet honneur pour Quesnay, et surtout pour Adam Smith ; et l'illustre Écossais n'a rien emprunté à son antique devancier, qu'il n'avait peut-être même pas lu. Mais on peut affirmer sans exagération que l'Économie politique, avec ses vraies limites, si ce n'est avec tous ses développements, est déjà dans Aristote ; et c'est sa méthode historique qui la lui a révélée. Omettre les choses, c'est supprimer la moitié du grand fait social ; et le philosophe est trop bon observateur pour commettre une telle négligence. Seulement, il ne fait qu'indiquer la Chrématistique, et ne lui consacre que deux chapitres d'un ouvrage où il avait tant d'autres problèmes à traiter. (Aristote, "Politique", Paris, Ladrange, 1874, Préface de Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, Académie française)>>.


(c) C'est dans ses "Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations" (1776) qu'Adam Smith expose le modèle de l'équilibre, l'idée de l'harmonisation des intérêts par le marché et la formule de la Main Invisible qui guide les actions de chacun vers l'intérêt collectif plus efficacement que celle du Roi et de ses fonctionnaires.


- <<LIVRE I : Des causes qui ont perfectionné les facultés productives du travail, et de l'ordre suivant lequel ses produits se distribuent naturellement dans les différentes classes du peuple

Chapitre 1 : De la division du travail

Chapitre 2 : Du principe qui donne lieu à la division du travail

Chapitre 3: Que la division du travail est limitée par l'étendue du marché

Chapitre 4 : De l'origine et de l'usage de la monnaie

Chapitre 5: Du prix réel et du prix nominal des marchandises, ou de leur prix en travail et de leur prix en argent

Chapitre 6 : Des parties constituantes du prix des marchandises

Chapitre 7 : Du prix naturel des marchandises, et de leur prix de marché

Chapitre 8 : Des salaires du travail

Chapitre 9 : Des profits du capital

Chapitre 10 : Des salaires et des profits dans les divers emplois du travail et du capital

Section I. Des inégalités qui procèdent de la nature même des emplois.

Chapitre 11 : De la rente de la terre

LIVRE II: De la nature des fonds ou capitaux, de leur accumulation et de leur emploi

Introduction

Chapitre 1 : Des diverses branches dans lesquelles se divisent les capitaux

Chapitre 2: De l'argent, considéré comme une branche particulière du capital général de la société, ou de la dépense qu'exige l'entretien du capital national. - Des banques.

Chapitre 3 : Du travail productif et du travail non productif, de l'accumulation du capital

Chapitre 4 : Des fonds prêtés à intérêt

Chapitre 5 : Des différents emplois des capitaux

LIVRE III: De la marche différente des progrès de l'opulence chez différentes nations

Chapitre 1 : Du cours naturel des progrès de l'opulence

Chapitre 4: Comment le commerce des villes a contribué à l'amélioration des campagnes

LIVRE IV : Des systèmes d'économie politique

Introduction

Chapitre 1 : Du principe sur lequel se fonde le système mercantile

Chapitre 2 : Des entraves à l'importation seulement des marchandises étrangères qui sont de nature à être produites par l'industrie

Chapitre 3: Des entraves extraordinaires apportées à l'importation des pays avec lesquels on suppose la balance du commerce défavorable

Chapitre 5 : Des primes et de la législation des grains

Chapitre 7 : Des colonies

Section 3. Des avantages qu'a retirés l'Europe de la découverte de l'Amérique, et de celle d'un passage aux Indes par le cap de Bonne-Espérance.

Chapitre 8 : Conclusion du système mercantile

Chapitre 9 : Des systèmes agricoles ou de ces systèmes d'économie politique qui représentent le produit de la terre soit comme la seule, soit comme la principale source du revenu et de la richesse nationale

LIVRE V : Du revenu du souverain ou de la République

Chapitre 1 Des dépenses à la charge du souverain ou de la République

Section 1. Des dépenses qu'exige la Défense commune.

Section 2 Des dépenses qu'exige l'administration de la justice.

Section 3. Des dépenses qu'exigent les travaux et établissements publics.

Section 4. Des dépenses nécessaires pour soutenir la dignité du souverain.

Chapitre 2 Des sources du revenu général de la société ou du revenu de l'État

Section 1. Des fonds ou sources du revenu qui peuvent appartenir particulièrement au souverain ou à la république.

Section 2. Des impôts.

Chapitre 3 Des dettes publiques

«Résumons en quatre mots le pacte social des deux. Vous avez besoin de moi, car je suis riche et vous êtes pauvre. Faisons donc un accord entre nous : je permettrai que vous ayez l'honneur de me servir à condition que vous me donnerez le peu qui vous reste, pour la peine que je prendrai de vous commander» J.-J. Rousseau, article "Économie politique".

Introduction

Le Travail annuel d'une nation est le fonds primitif qui fournit à sa consommation annuelle toutes les choses nécessaires et commodes à la vie ; et ces choses sont toujours, ou le produit immédiat de ce travail, ou achetées des autres nations avec ce produit.

Ainsi, selon que ce produit, ou ce qui est acheté avec ce produit, se trouvera être dans une proportion plus ou moins grande avec le nombre des consommateurs, la nation sera plus ou moins bien pourvue de toutes les choses nécessaires ou commodes dont elle éprouvera le besoin.

Or, dans toute nation, deux circonstances différentes déterminent cette proportion. Premièrement, l'habileté, la dextérité et l'intelligence qu'on y apporte généralement dans l'application du travail ; et deuxièmement, la proportion qui s'y trouve entre le nombre de ceux qui sont occupés à un travail utile et le nombre de ceux qui ne le sont pas. Ainsi, quels que puissent être le sol, le climat et l'étendue du territoire d'une nation, nécessairement l'abondance ou la disette de son approvisionnement annuel, relativement à sa situation particulière, dépendra de ces deux circonstances.

L'abondance ou l'insuffisance de cet approvisionnement dépend plus de la première de ces deux circonstances que de la seconde. Chez les nations sauvages qui vivent de la chasse et de la pêche, tout individu en état de travailler est plus ou moins occupé à un travail utile, et tâche de pourvoir, du mieux qu'il peut, à ses besoins et à ceux des individus de sa famille ou de sa tribu qui sont trop jeunes, trop vieux ou trop infirmes pour aller à la chasse ou à la pêche. Ces nations sont cependant dans un état de pauvreté suffisant pour les réduire souvent, ou du moins pour qu'elles se croient réduites, à la nécessité tantôt de détruire elles-mêmes leurs enfants, leurs vieillards et leurs malades, tantôt de les abandonner aux horreurs de la faim ou à la dent des bêtes féroces. Au contraire, chez les nations civilisées et en progrès, quoiqu'il y ait un grand nombre de gens tout à fait oisifs et beaucoup d'entre eux qui consomment un produit de travail décuple et souvent centuple de ce que consomme la plus grande partie des travailleurs, cependant la somme du produit du travail de la société est si grande, que tout le monde y est souvent pourvu avec abondance, et que l'ouvrier, même de la classe la plus basse et la plus pauvre, s'il est sobre et laborieux, peut jouir, en choses propres aux besoins et aux aisances de la vie, d'une part bien plus grande que celle qu'aucun sauvage pourrait jamais se procurer.

Les causes qui perfectionnent ainsi le pouvoir productif du travail et l'ordre suivant lequel ses produits se distribuent naturellement entre les diverses classes de personnes dont se compose la société, feront la matière du premier livre de ces Recherches.

Quel que soit, dans une nation, l'état actuel de son habileté, de sa dextérité et de son intelligence dans l'application du travail, tant que cet état reste le même, l'abondance ou la disette de sa provision annuelle dépendra nécessairement de la proportion entre le nombre des individus employés à un travail utile, et le nombre de ceux qui ne le sont pas. Le nombre des travailleurs utiles et productifs est partout, comme on le verra par la suite, en proportion de la quantité du Capital employé à les mettre en oeuvre, et de la manière particulière dont ce capital est employé. Le second livre traite donc de la nature du capital et de la manière dont il s'accumule graduellement, ainsi que des différentes quantités de travail qu'il met en activité, selon les différentes manières dont il est employé.

Des nations qui ont porté assez loin l'habileté, la dextérité et l'intelligence dans l'application du travail, ont suivi des méthodes fort différentes dans la manière de le diriger ou de lui donner une impulsion générale, et ces méthodes n'ont pas toutes été également favorables à l'augmentation de la masse de ses produits. La politique de quelques nations a donné un encouragement extraordinaire à l'industrie des campagnes ; celle de quelques autres, à l'industrie des villes. Il n'en est presque aucune qui ait traité tous les genres d'industrie avec égalité et avec impartialité. Depuis la chute de l'empire romain, la politique de l'Europe a été plus favorable aux arts, aux manufactures et au commerce, qui sont l'industrie des villes, qu'à l'agriculture, qui est celle des campagnes. Les circonstances qui semblent avoir introduit et établi cette politique sont exposées dans le troisième livre.

Quoique ces différentes méthodes aient peut-être dû leur première origine aux préjugés et à l'intérêt privé de quelques classes particulières, qui ne calculaient ni ne prévoyaient les conséquences qui pourraient en résulter pour le bien-être général de la société, cependant elles ont donné lieu à différentes théories d'Économie politique, dont les unes exagèrent l'importance de l'industrie qui s'exerce dans les villes, et les autres celle de l'industrie des campagnes. Ces théories ont eu une influence considérable, non-seulement sur les opinions des hommes instruits, mais même sur la conduite publique des princes et des États. J'ai tâché, dans le quatrième livre, d'exposer ces différentes théories aussi clairement qu'il m'a été possible, ainsi que les divers effets qu'elles ont produits en différents siècles et chez différents peuples.

Ces quatre premiers livres traitent donc de ce qui constitue le Revenu de la masse du peuple, ou de la nature de ces Fonds qui, dans les différents âges et chez les différents peuples, ont fourni à leur consommation annuelle.

Le cinquième et dernier livre traite du revenu du Souverain ou de la République. J'ai tâché de montrer dans ce livre, - lº quelles sont les dépenses nécessaires du souverain ou de la république, lesquelles de ces dépenses doivent être supportées par une contribution générale de toute la société, et lesquelles doivent l'être par une certaine portion seulement ou par quelques membres particuliers de la société ; - 2º quelles sont les différentes méthodes de faire contribuer la société entière à l'acquit des dépenses qui doivent être supportées par la généralité du peuple, et quels sont les principaux avantages et inconvénients de chacune de ces méthodes ; - 3º enfin, quelles sont les causes qui ont porté presque tous les gouvernements modernes à engager ou hypothéquer quelque partie de ce revenu, c'est-à-dire à contracter des Dettes, et quels ont été les effets de ces dettes sur la véritable richesse de la société, sur le profit annuel de ses Terres et de son Travail. (Adam Smith, "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations", 1776, Introduction et Plan)>>.


- <<en cela comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une "main invisible" pour remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions, et ce n'est pas toujours ce qu'il y de plus mal pour la société que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. (Adam Smith, "Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations", 1776)>>.


(d) Adam Smith est aussi l'auteur d'une "Théorie des Sentiments Moraux" (1759). Il y expose une idée intéressante selon laquelle l'opinion que nous avons de nous-même est fonction des jugements que nous avons préalablement portés sur les autres. Un tel point de vue précède largement la théorie freudienne de l'identification. Il permet d'expliquer l'identification à l'agresseur et le fameux syndrome de Stockholm décrivant la manière dont les victimes d'enlèvements peuvent épouser les idées de leurs ravisseurs.


(e) Comme les "Recherches", la "Théorie" est marquée par un bel optimisme. Adam Smith croît que la course des choses et des êtres est mue par un <<être bienfaisant et très sage qui dirige tous les mouvements de la nature (...) pour le plus grand bonheur possible.>>. On ne sera pas surpris de constater qu'Adam Smith avait eu le temps de lire les oeuvre de Wilhelm Gottfried Leibniz (1646-1716) mort sept ans avant sa naissance. On sait que le tremblement de terre de Lisbonne mettra fin à cet optimisme.


(f) Videtur quod non. La théorie des sentiments moraux n'est pas un catalogue de tous les sentiments possibles. De nos jours, sur ce point, on peut lire le "Dictionnaire des Sentiments" (1993) et le "Dictionnaire des Caractères" (1994) de Véronique Fleurquin (Syros, Paris).


(g) Adam Smith est aussi l'auteur d'une "Histoire de l'astronomie" (publication posthume).


(h) Voir Baisse tendancielle du taux de profit. Etat. Individu marchand. Malthus. Parlement des saints. Ricardo. Valeur-travail.


(i) Lire "Chômage Classique". "Economie Temps".






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Jeudi 12 Juin 2008



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