(a) Apparition. L'adjectif <actuel, elle> est un terme du XIII ème siècle.
(b) Définition. <Actuel> signifie "qui appartient au moment présent", "qui est en acte", "qui est réel", "qui agit", "qui se déroule dans le présent".
(b) Etymologie. <Actuel> vient du latin scolastique <actualis, e>, signifiant "actif", "pratique", "qui indique l'auteur de l'action (en grammaire)".
(c) Références d'usage du terme :
- <<Quel que soit, dans une nation, l'état actuel de son habileté, de sa dextérité et de son intelligence dans l'application du travail, tant que cet état reste le même, l'abondance ou la disette de sa provision annuelle dépendra nécessairement de la proportion entre le nombre des individus employés à un travail utile, et le nombre de ceux qui ne le sont pas. (Adam Smith, "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations", 1776, Introduction et Plan)>>.
- <<Ainsi Wagner avait-il lui-même des dettes envers le passé que son génie prétendait reléguer au musée : en outre, depuis plusieurs décennies, la réflexion actuelle sur l'histoire de l'art tend à exclure toute idée de progrès. Bach est un compositeur du XVIIIe siècle, sa musique est baroque, mais son art est intemporel et c'est pour cela que nous l'apprécions à l'heure actuelle et le tenons pour l'un des plus grands génies de tous les temps. En revanche, certains principes wagnériens se sont révélés prophétiques : en premier lieu, sa conception d'un «art total» (Gesanitkunstwerk), peut-être suggérée par l'éclosion de la deuxième révolution industrielle. Wagner a défini son idée du drame musical comme synthèse de toutes les disciplines artistiques, musique, théâtre, poésie, danse et arts visuels, pour devenir l'expression d'une action purement humaine, l'écho du conflit entre l'homme et son destin. (Fernando Fraga et Blas Matamoro, "Histoire de l'opéra", traduction de Pierre Elie Mamou, "L"Oeuvre de Wagner")>>.
(d) Références littéraires :
- <<Alors, par hasard, il revit
Le Chevalier, à pied, tout seul,
Tout vêtu de son armure, le heaume lacé,
L'écu pendu au col, l'épée ceinte,
Qui était arrivé devant une charrette...
A l'époque, on utilisait les charrettes
Comme l'on use du pilori de nos jours,
Et dans chaque bonne ville
Où, à l'heure actuelle, l'on en trouve plus de trois mille,
Il n'y avait alors qu'une seule,
Et celle-ci était commune,
Comme le sont aujourd'hui les piloris,
Aux traîtres et aux assassins,
Aux vaincus des combats judiciaires
Et aux voleurs qui se sont emparés
Des biens d'autrui en volant furtivement
Ou par la force sur les grands chemins:
Tout repris de justice était mis
Dans la charrette
Et mené par toutes les rues;
Ainsi se trouvait-il désormais hors toute loi,
Et n'était plus écouté à la cour,
Ni honoré ni reçu avec dignité.
(Chrétien de Troyes, "Le Chevalier de la charrette", 1170)>>.
- <<Nous sommes hors du village, et je commence à me flatter que l'objet actuel de mes frayeurs s'est éloigné au moins pour quelque temps. Ah ! si je puis arriver, tomber aux genoux de dona Mencia, me dis-je à moi-même, si je puis me mettre sous la sauvegarde de ma respectable mère, fantômes, monstres qui vous êtes acharnés sur moi, oserez-vous violer cet asile ? J'y retrouverai avec les sentiments de la nature les principes salutaires dont je m'étais écarté, je m'en ferai un rempart contre vous. (Jacques Cazotte, "Le Diable amoureux", 1772)>>.
- <<Les avares ne croient point à une vie à venir, le présent est tout pour eux. Cette réflexion jette une horrible clarté sur l'époque actuelle, où, plus qu'en aucun autre temps, l'argent domine les lois, la politique et les moeurs. Institutions, livres, hommes et doctrines, tout conspire à miner la croyance d'une vie future sur laquelle l'édifice social est appuyé depuis dix-huit cents ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L'avenir, qui nous attendait par delà le requiem, a été transposé dans le présent. Arriver per fas et nefas au paradis terrestre du luxe et des jouissances vaniteuses, pétrifier son coeur et se macérer le corps en vue de possessions passagères, comme on souffrait jadis le martyre de la vie en vue de biens éternels, est la pensée générale ! pensée d'ailleurs écrite partout, jusque dans les lois, qui demandent au législateur : "Que payes-tu ?" au lieu de lui dire : "Que penses-tu ?" Quand cette doctrine aura passé de la bourgeoisie au peuple, que deviendra le pays ? (Honoré de Balzac, "Eugénie Grandet", 1833, "Amours de province")>>.
- <<Qui confesse le corps tient vite le coeur. S'il y avait des causes morales ou immorales à la souffrance actuelle de la comtesse, elle aurait beau se rouler en boule avec moi, et rentrer en elle ses impressions et ses pensées, il faudrait bien qu'elle les allongeât. Voilà ce que je me disais; mais, vous pouvez vous fier à moi, je la tournai et la retournai vainement avec ma serre de médecin. (Jules-Amédée Barbey d'Aurevilly, "Les Diaboliques", 1874, Le bonheur dans le crime)>>.
- <<Il parut surpris.
- Comment ! cinq centimes ! A propos de quoi cette demande ? Moi, je ne me plains pas de vos boisages, je ne veux pas vous imposer un nouveau tarif, comme la Régie de Montsou.
- C'est possible, mais les camarades de Montsou sont tout de même dans le vrai. Ils repoussent le tarif et ils exigent une augmentation de cinq centimes, parce qu'il n'y a pas moyen de travailler proprement, avec les marchandages actuels... Nous voulons cinq centimes de plus, n'est-ce pas, vous autres ? (Emile Zola, "Germinal", 1885, Partie V, Chapitre I)>>.
(e) Voir Acte. Actualisation. Actualité. Conjecture. Graphe d'exploration des possibles. Imaginaire. Latent. Logique floue. Manifeste. Potentiel. Présence. Probabilité. Projet. Réalité. Réel. Virtuel.
(f) Lire "Réalité Représentations".
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Mis en ligne le Jeudi 12 Juin 2008
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