Economie capitaliste


Terme d'Economie Politique.


(a) Une économie capitaliste est le système productif d'une société (ou formation sociale) dont les mécanismes de production et d'échange sont déterminés par une propriété privée (ou une propriété étatique dans le cas d'un capitalisme d'Etat) des moyens de production.


(b) L'économie capitaliste est une forme de l'économie marchande. Elle s'oppose à l'économie planifiée.


(c) L'économie capitaliste n'est pourtant pas une économie marchande comme une autre. Son originalité réside dans le rapport salarial.


- <<Au fondement de la réflexion que cet article se propose de présenter, on trouve l'hypothèse selon laquelle il convient impérativement de distinguer entre rapport marchand et rapport salarial. On sait que cette conception théorique issue du marxisme s'oppose aux approches économiques usuelles qui a contrario ne voient dans le rapport salarial qu'une simple relation marchande, celle qui se noue à l'occasion des achats et ventes de la force de travail, de telle sorte qu'il suffirait d'invoquer la loi commune des marchandises, la loi de l'offre et de la demande, pour en élucider toutes les déterminations. Le modèle d'équilibre général walrassien illustre cette démarche à la perfection : le travail y apparaît comme une marchandise si banale, si semblable aux autres, qu'à aucun moment, il n'est même nécessaire d'en signaler la présence. Rien ne la distingue de la marchandise la plus commune. Si cette analyse construit un cadre de réflexion économe en concepts, elle trouve cependant ses limites lorsqu'il s'agit de penser la spécificité du capitalisme. En effet, stricto sensu, elle ne connaît que des économies marchandes et, en conséquence, elle fait du terme «capitalisme» un usage le plus souvent abusif ou inapproprié. Il en va tout autrement pour le marxisme et, à sa suite, la théorie de la régulation qui font jouer à la distinction entre rapport marchand et rapport salarial, entre production marchande et production capitaliste, le rôle d'un énoncé fondateur. Pour le dire simplement, au coeur de la conception marxiste du rapport marchand, on trouve l'idée d'une production décentralisée mise en oeuvre par des centres de décision indépendants les uns des autres, conformément à des choix et des perspectives stratégiques autonomes, ce qui suppose un état déjà avancé de la division du travail. Dans une telle structure sociale, les produits prennent la forme de marchandises s'affrontant sur le marché pour faire reconnaître leur valeur d'échange. En conséquence, la logique marchande exerce une grande influence sur l'activité productive puisque, sans cesse, elle la travaille en profondeur aux fins de la mettre en conformité avec les exigences du marché. Cependant, aux yeux de Marx, son impact sur la production s'arrête à ce souci constant pour la valeur d'échange. En particulier, et ce point est tout à fait fondamental, le rapport marchand ne dit rien quant au mode spécifique de production des marchandises (esclavagisme, féodalité, capitalisme, …). Pour cette raison, on peut dire que ce concept est doublement abstrait : abstrait non seulement parce que concept, mais également en tant qu'il exprime une réalité elle-même intrinsèquement abstraite, à savoir une économie pour laquelle les rapports de production n'ont pas été spécifiés. Ainsi, dans un livre récent consacré à la société romaine du second siècle de notre ère, Aldo Schiavone ["L'histoire brisée. La Rome antique et l'Occident moderne", Paris, Belin, coll. «L'antiquité au présent», 2003] montre-t-il qu'elle possède une économie extrêmement développée du point de vue marchand, c'est-à-dire quant à la profusion des biens disponibles, à l'étendue des espaces de circulation et à l'abondance des capitaux commerciaux, alors même qu'elle repose entièrement sur un mode de production esclavagiste et y trouve ses limites. Aussi, même si assurément c'est bien dans le cadre du capitalisme que la marchandise connaît son plein épanouissement, cela ne doit pas nous faire oublier l'importance théorique de distinguer conceptuellement entre logique marchande et logique capitaliste. En aucun cas, l'avènement du capitalisme ne peut se penser comme découlant naturellement de l'extension des rapports marchands. Il y a entre ces deux réalités une solution de continuité. En tant qu'il est compatible avec une vaste gamme de modes de production, le rapport marchand peut être dit «vide de rapport de production». Toute l'interrogation d'Aldo Schiavone porte précisément sur le paradoxe d'une économie romaine, extraordinairement évoluée du point de vue de la circulation des marchandises, mais pourtant incapable de développer l'usage productif des machines, en raison même de son fort appui sur les rapports de production esclavagistes, ce qui la conduisit à une désolante stagnation technologique. (André Orléan, "Monnaie, séparation marchande et rapport salarial", in "Où en est la régulation ?", sous la direction de Frédéric Lordon)>>.


(d) Voir Economie de crédit. Economie de propriété. Economie de location. Economie de rente. Economie de marché. Economie. Economie de profit. Economie marchande. Economie non-marchande.


(e) Lire "AEH Valeur". "Don MAUSS". "Robinson Crusoé".







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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mercredi 25 Juin 2008



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