Abbaye


(a) Apparition. Le mot <abbaye> apparaît au XI ème siècle sous la forme <abadie> qui devient <abeie> en 1125.


(b) Définition. Une abbaye est un couvent, de moines ou de moniales, dirigé par un abbé ou par une abbesse.


(c) Etymologie. Le nom latin féminin <abbatia, ae> signifie "abbaye". Il a pour parents linguistiques : le nom masculin <abbas, atis> "abbé", le nom féminin <abbatissa, ae> "abbesse". Tous ces noms sont du latin ecclésiastique, tardif, que l'on ne trouve ni sous la plume de Jules César, ni sous celle de Cicéron.


(d) Une abbaye appartient à un ordre religieux (Cisterciens de Cîteaux, Clunisiens de Cluny) obéissant à une règle de vie (celle de saint Augustin, celle de Charlemagne, celle de saint Benoît).


(e) Un abbé peut être un laïc. On parle d'abbé-laïc, dans le cas de Huges Capet. Il portait d'ailleurs une cape ou une chasuble d'abbé. Un abbé commendataire est un laïc qui perçoit les revenus de l'abbaye, les moines étant réduits à la portion congrue (juste ce qu'il leur faut pour remplir leur mission).


(f) Un prieuré, plus petit en taille et en nombre de moine, dépend d'une abbaye. Un prieur est moins prestigieux qu'un abbé.


(g) Références littéraires :


- <<Renart reconnut aisément la voix de son oncle, et n'en fut que mieux résolu de faire la sourde oreille. "Ouvrez donc, beau sire !" disoit Ysengrin. "Ne voulez-vous pas prendre votre part du bonheur commun ?" A la fin, Renart, qui avoit son idée, prit le parti de répondre au visiteur.

"Qui êtes-vous, là-haut ?

- Je suis moi.

- Qui vous ?

- Votre compère.

- Ah ! je vous prenois pour un larron.

- Quelle méprise ! c'est moi ; ouvrez.

- Attendez au moins que les Frères soient levés de table.

- Les Frères ? il y a des moines chez vous ?

- Assurément, ou plutôt de vrais chanoines ; ceux de l'abbaye de Tyron, enfans de saint Benoit, qui m'ont fait la grace de me recevoir dans leur ordre.

- Nomenidam ! alors, vous m'hébergerez aujourd'hui, n'est-ce pas ? et vous me donnerez quelque chose à manger ?

- De tout notre coeur. Mais d'abord répondez. Venez-vous ici en mendiant ?

- Non ; je viens savoir de vos nouvelles. Ouvrez-moi. (Anonyme, "Le Roman de Renart", 1200, Livre I, Chapitre VIII, Où l'on voit comment Ysengrin eut envie de se convertir, et comme il fut ordonné moine de l'abbaye de Tyron)>>.


- <<La chose qui l'abat le plus,

qui la tourmente et la blesse le plus,

c'est quand près d'elle quelqu'un se lève

pour aller à l'église.

Elle dit : "Vous y êtes resté longtemps hier.

Qu'allez-vous y chercher si souvent ?

Laissez cela aux moines

de Pouilly ou d'une autre abbaye !"

Elle reste ainsi toute hors d'elle.

Elle a encore ce trait,

de ne jamais faire bon visage

dès qu'elle voit remuer les lèvres en prière,

tant elle redoute l'oeuvre pie.

(Rutebeuf, "Poèmes de l'infortune", 1260, La voie d'Humilité)>>.


- <<Adonc respondit Jalousie

Honte, j'ay paour d'estre trahie

Car Lecherie est tant montée

Que trop pourroit estre ahontée

Merveille n'est si je m'en deulx,

Car Luxure regne en tous lieux

Son pouvoir ne fine de croistre

Soit en abbaye ou en cloistre

Et n'est point Chasteté assur,

Pource feray de nouvel mur

Clorre les rosiers et les roses.

(Guillaume de Lorris, "Le Roman de la Rose", 1275, édition de Marot, 1529, Jalousie parle a Honte)>>.


- <<Item, et au mont de Montmartre,

Qui est un lieu mout ancien,

Je lui donne et adjoins le tertre

Qu'on dit le mont Valerien ;

Et, outre plus, un quartier d'an

Du pardon qu'apportai de Rome :

Si ira maint bon chretien

Voir l'abbaye ou il n'entre homme.

(François Villon, "Poésies", 1456, poème 146)>>.


- <<Mais, après qu'il eut parachevé ce qu'il vouloit, assembla en la salle tous ses serviteurs et leur compta l'honneste et piteuse histoire de sa niepce et le meschant tour que luy avoit faict sa femme, qui ne fut, sans faire pleurer les assistans. Après, le duc ordonna que sa femme fust enterrée en une abbaye qu'il fonda en partye pour satisfaire au peché qu'il avoit faict de tuer sa femme ; et feit faire une belle sepulture où les corps de sa niepce et du gentil homme furent mys ensemble, avec une epithaphe declarant la tragedie de leur histoire. Et le duc entreprint ung voiage sur les Turcs, où Dieu le favorisa tant, qu'il en rapporta honneur et proffict, et trouva à son retour son filz aisné suffisant de gouverner son bien, luy laissa tout, et s'en alla rendre religieux en l'abbaye où estoit enterrée sa femme et les deux amans, et là passa sa vieillesse heureusement avecq Dieu. (Marguerite de Navarre, "Heptaméron", 1558, Journée VII, Soixante dixiesme nouvelle)>>.


(h) Voir Abbaye de Manglieu. Bonlieu. Cluny. Fontevraud. Héloïse. La Chaise-Dieu. Martin de Barcos. Pierre Abélard. Prieuré de Montverdun. Richelieu. Rohan. Robert de Turlande. Saint-Cyran.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mardi 10 Juin 2008



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