Mythologie grecque


(a) La mythologie ne traduit pas les idées et les sentiments de premiers hommes. Elle traduit des idées qui ont largement eu le temps de s'élaborer à partir du Néolithique (vers 10 000 ans avant Jésus-Christ). Nous n'avons pas de traces écrites de la très longue religion paléolithique. Parmi les textes qui nous sont parvenus, Homère écrit aux alentours de l'An Mille avant Jésus-Christ.


- <<Les Grecs, bien entendu, plongeaient eux aussi leurs racines dans le limon des premiers âges. Mais leurs mythes nous montrent combien (au moment où nous commençons à prendre connaissance de leur existence) ils s'étaient déjà élevés au-dessus de la sauvagerie et de la brutalité anciennes. (Edith Hamilton, "La Mythologie", Introduction)>>.


(b) Les premiers dieux nous sont inconnus. Nous restent de statues de "déesses" de la fertilité, comme la Vénus de Willendorf. Chez les Grecs, les Titanides du chaos primordial (Gaia, Ouranos, Cronos) sont dominés par l'ordre des Olympiens (Zeus, Hermès, Apollon).


- <<Seuls quelques vestiges de ces temps demeurent dans leurs récits fabuleux. (Edith Hamilton, "La Mythologie", Introduction)>>.


(c) La mythologie grecque et le "miracle grec" reflètent parfaitement le moment où s'affirme, en réaction à une nature dominante et horrifiante, l'illusion ethnique d'une culture sans nature, le premier délire organisé et systématique.


- <<Avec la naissance de la Grèce, l'homme se plaça au centre de l'Univers. Ceci constituait une véritable révolution de la pensée; jusqu'alors, l'être humain avait fort peu compté. C'est en Grèce que, pour la première fois, il prit pleinement conscience de lui-même. Les Grecs imaginèrent leurs dieux à leur image, et cela aussi était neuf. (Edith Hamilton, "La Mythologie", Introduction)>>.


(d) La mythologie grecque ne décrit plus les dieux dominants et terrifiants, mais les actions séductrices qui permettent de les amadouer.


- <<Sur terre, les divinités étaient séduisantes à l'extrême. Sous la forme de jeunes filles et d'adolescents, elles peuplaient les bois, les forêts, les rivières, la mer, en harmonie parfaite avec la beauté du monde terrestre et des eaux transparentes. Et c'est bien là qu'il faut trouver le miracle de la mythologie grecque (un monde humanisé où les hommes sont libérés de la peur paralysante d'un inconnu omnipotent). Les phénomènes incompréhensibles ou terrifiants vénérés ailleurs, les esprits redoutables fourmillant dans l'air, la mer et sur la terre, tout cela était banni de Grèce. (Edith Hamilton, "La Mythologie", Introduction)>>.


(e) Les monstres, comme les Cyclopes, sont refoulés dans le Tartare ou asservis par Zeus. Des pactes sont passés entre les humains et les dieux (Prométhée, Épiméthée, Pandore, Boite de Pandore, Sacrum).


(f) Nous ne sommes pas loin du Sultan Shahriyar, revu et corrigé par la belle Schéhérazade.


(g) Répondant à une question de son disciple Phèdre, Socrate nous livre le bon usage des contes de la mythologie.


- <<Phèdre

Je ne l'ai jamais remarqué. Mais, au nom de Zeus, dis-moi, Socrate : crois-tu, toi, que ce récit mythologique soit vrai ?

Socrate

Mais si je n'y croyais pas, comme les sages, je ne serais point désemparé. Je sophistiquerais dès lors en déclarent que le souffle de Borée précipite cette nymphe du haut des roches voisines où elle jouait avec Pharmakéia ; et, qu'étant morte ainsi, elle passa pour avoir été enlevée par Borée, soit d'ici même, soit de l'Aréopage, car un autre récit rapporte qu'elle fut enlevée de là-bas et non d'ici. Quant à moi, Phèdre, je trouve charmantes ces explications, mais elles demandent un homme trop habile, trop astreint à la peine et jamais assuré de réussir en tout, vu qu'il sera contraint après cela d'expliquer la forme des Hippocentaures et celle aussi de la Chimère. Puis, c'est l'afflux d'une foule d'êtres du même genre, Gorgones, ou Pégases ; une multitude d'autres prodiges inconcevables ; une suite extravagante de si monstrueuses créatures, qu'un incrédule qui s'efforcerait, en se servant même d'une sagesse grossière, de ramener au vraisemblable chacune de ses formes, aurait besoin de beaucoup de loisir. Or je n'ai, quant à moi, aucun loisir pour cela. En voici la raison, mon ami. Je ne puis pas encore, selon le précepte de Delphes, me connaître moi-même, et il me semble ridicule de chercher à connaître, en m'ignorant encore, des choses étrangères. Voilà pourquoi, renonçant à ces fables, je m'en remets sur ce point à la croyance commune ; et, comme je le disais tout à l'heure, au lieu d'examiner ces prodiges, je m'examine moi-même, et je cherche à savoir si je suis un monstre plus entortillé et plus fumeux que Typhon, ou un animal plus doux et plus simple qui tient de la nature une part de lumière et de divinité. Mais à propos, mon ami, ne sommes-nous pas tout en parlant, arrivés à l'arbre où tu nous conduisais ? (Platon, "Phèdre", dialogue, traduction de Mario Meunier, 1922)>>.


(h) Voir Bastie d'Urfé. Dame Nature. Déméter. Domination. Genèse du mythe. Grande Mère. Héros. Héros fondateur. Pan. Perséphone. Séduction. Spectacle naturel. Stupéfiant. Stupeur. Tonnerre de Zeus.




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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Samedi 26 Juillet 2008.



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