Ontologique


Adjectif.


Terme d'Epistémologie.


(a) Est <ontologique> tout ce "qui a rapport à l'ontologie", l'étude de l'être en tant qu'être.


(b) La question du statut ontologique d'un concept, d'une définition ou d'une procédure (un procédé de calcul, par exemple) est la question de savoir si le concept a une existence dans la réalité ou s'il n'est qu'une image pure, imaginaire, un pur symbole, sans référent matériel, mais utile dans un calcul ou dans un raisonnement. Cette image est susceptible de produire une sorte d'hallucination, en nous faisant croire à son existence. C'est la différence entre un mirage et un délire de la soif.


(c) Pour Karl Marx, la définition de la dérivée, issue du calcul infinitésimal de Leibniz, serait le reflet d'un mouvement réel. De même, les mouvements réversibles du piston dans la machine de Carnot (une machine idéale ayant un rendement indépassable), seraient des mouvements réels.


(d) <<Tout se passe comme si>>. La même question se pose, en psychanalyse, pour le ça, le Moi et le Surmoi. D'un point de vue méthodologique, ils n'ont pas besoin d'avoir un statut ontologique. Tout se passe comme s'ils existaient, mais la réalité peut être bien différente. Mutatis mutandis, la théorie resterait valable, pourvu que les mécanismes réels soient isomorphes.


- Les mouvements physiques dans une horloge (sablier, horloge à eau, à poids, à ressorts, à pile électrique, atomique) ne sont pas le reflet d'un mouvement réel du temps. Il suffit qu'ils marquent des heures, des minutes des secondes (etc.) avec la régularité attendue.


- La théorie de la gravitation universelle d'Isaac Newton supposait une force d'attraction à distance, entre les étoiles et les planètes. La théorie de la relativité d'Albert Einstein opère une réfutation de la vision newtonienne. En outre, Einstein explique ce que Newton n'expliquait pas. Il n'y a pas de force d'attraction, mais une courbure de l'espace-temps près des objets massifs. Tant que le phénomène étudié (satellite, comète, météorite, etc.) est loin de la vitesse de la lumière, les formules de Newton restent utilisables et tout se passe comme si ... il avait raison.


- Utiliser un papier millimétré pour faire un schéma précis de sa maison ne suppose pas que la maison réelle soit construite sur un grillage métallique.


- Les mouvements réels de la règle à calcul ne produisent pas des nombres réels.


(e) Théologie chrétienne. Dans sa "Défense de l'ignorant", écrite (1070-1080) à Marmoutier, le moine Gaunilon (mort en 1083) émet des doutes sur "l'argument ontologique" de saint Anselme de Cantorbéry.


- <<Certains affirment que, dans une certaine région de l'Océan, il existe une île qui, ne pouvant pour certaines raisons être découverte, est déclarée comme "perdue". Cette île possède des richesses et des beautés inappréciables bien supérieures à celles des "îles heureuses", et quoique dépourvue d'habitants, elle est infiniment plus riche que toutes les îles que nous pouvons connaître. J'entends fort bien ce que l'on veut me dire en parlant de cette île ; mais si quelqu'un prétendait devant moi qu'elle doit nécessairement exister, car autrement nous devrions admettre que dans la réalité il en est une douée de plus grandes perfections encore, je considérerais mon interlocuteur comme un mauvais plaisant et un sot ! ("Défense de l'ignorant",1070-1080, Gaunilon)>>.


(f) Infini. Celui qui n'était encore que le prieur de l'abbaye du Bec lui répond dans son "Apologétique" (Liber apologeticus, entre 1073 et 1080). La foi est une intuition à l'égard de laquelle les rationalisations sont secondaires. Mais, s'il est possible de penser que Dieu est le plus grand, il s'ensuit nécessairement qu'il existe. Par rapport à l'île merveilleuse de l'Océan, qui a un début et une fin, où qu'ils soient, Dieu a l'attribut inégalable de l'infini. Reprenant les idées de Parménide et les arguments de Zénon d'Elée, Anselme soutient que ce qui se compose de parties peut être considéré comme inexistant.


(g) Ce n'est pas une démonstration (critiquée par Thomas d'Aquin et Kant) de l'existence de Dieu, mais une illustration de la prégnance et de l'inertie d'un cadre de pensée.


(h) Même s'il se méfie de l'usage de ce mot, l'ontologie peut désigner la pensée de l'être, inaugurée par Martin Heidegger dans "Etre et temps" (1927).


(i) Voir Boltzmann. Déni par la totalité. Existence sémiotique. Opinion collective. Paradis perdu. Réalité concrète. Réalité indépendante. Réalité psychique. Réel imaginaire et symbolique. Reflet marxiste. Temps absolu. Temps d'horloge.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mercredi 25 Juin 2008



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