Déni par la totalité
(a) La société, qui cherche à se constituer comme totalité en échappant à la globalité de l'Univers, est obligée de se poser comme une culture sans nature préalable. C'est l'illusion ethnique.
(b) Ce mouvement imaginaire de fondation (héros fondateur) de la culture hors d'un chaos primordial suppose un pouvoir créateur. C'est donc un début de reconnaissance de la croyance infantile : les parents ont le pouvoir créateur. Et ce pouvoir fondateur est le phallus, le fétiche de la totalité.
(c) Le refus de la nature comme chaos structurant oblige à trouver un principe d'organisation et un principe d'intelligibilité. D'où la domination comme principe. La pensée du même suppose alors un principe dominant (Dieu créateur, homme dominant) et un principe dominé (diable révolté, femme soumise). C'est la domination masculine. L'érection du pénis masculin en phallus de la domination et de la hiérarchie n'en reste pas moins arbitraire.
(d) Cette norme culturelle et l'impossibilité d'en faire une norme naturelle oblige le phallus a un spectacle permanent.
(e) Cette obligation permanente du spectacle social , constitutive du spectacle du phallus, est justement ce déni par la totalité.
(f) La société a plus une existence sémiotique qu'une existence ontologique. L'existence appartient à chaque individu dans la société. Faut-il en conclure qu'un déni par la totalité implique un déni par chaque individu ? Cela n'est pas nécessaire, car l'opinion collective n'est pas la somme arithmétique des opinions individuelles. Elle s'élabore de manière spéculaire, à travers un système de représentations. C'est ce que montre Jean-Louis Vullierme, dans "Le concept de système politique" (Presse Universitaire de France, Paris, 1989).
- <<Le philosophe Jean-Louis Vullierme explique cette tension entre prise de conscience et comportement, cette contradiction, par la théorie de «l'interaction spéculaire». Un citoyen moyen est certes informé, mais avant d'agir, il ne réfléchit pas à son seul comportement. Dans les choix de vie qu'il pourra faire, l'image de lui même aux yeux des autres est essentielle. La société devient alors un système de représentations croisées entre individus. Le déni collectif de l'urgence écologique est issu de cette attente réflexive : que va faire mon voisin ? Que va-t-il penser de moi ? Il ne suffit pas d'additionner les volontés individuelles pour changer les comportements. Peut-être sommes-nous tous les décroissants refoulés, des décroissants qui s'ignorent, qui refusent de répondre à leurs aspirations et leurs convictions. Par des initiatives comme ce colloque, la décroissance pourra progressivement dépasser les timidités et les réticences pour devenir un modèle du monde partagé. (Yves Cochet, "Colloque Degrowth, l'entrée d'un mouvement dans le champ du savoir", sur Actu-Environnement.com, le 23 avril 2008)>>.
(g) Voir Clivage. Clivage des représentations. Croissance économique. Décroissance. Déni. Développement durable. Fétiche de la totalité. Fonder. Géologie Politique. La domination masculine. Nous ne savons pas ce que nous savons. Refus du réel. Vision cognitive du développement.
(h) Lire "Domination Masculine". Fétiche Totalité". "Géologie Politique".
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Mis en ligne le Mercredi 25 Juin 2008
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