Coruscation
(a) Apparition. Le nom féminin <coruscation> est attesté à la fin du XIII ème siècle.
(b) Définition. La coruscation est un "vif éclat de lumière".
- <<Coruscation n. f. XIIIe siècle. Emprunté du bas latin coruscatio, «action de briller, fulguration». Éclat v... passager produit par une matière incandescente. La coruscation d'un météore.... (Dictionnaire de l'Académie française)>>.
(c) Etymologie. Le nom latin féminin <coruscatio, onis> signifiant "miroitement", "scintillement", "apparition d'éclairs", se rattache au verbe latin <corusco, as, avi, atum, coruscare> signifiant "menacer de la corne", "frapper de la corne", "cosser", "brandir", "vibrer", "vaciller", "briller d'un éclat vacillant", "miroiter", "chatoyer", "scintiller", "flamboyer", "lancer des éclairs", "briller comme un éclair", "étinceler", dont le participe présent <coruscans> a donné l'adjectif <coruscant>.
(d) Références d'usage du terme :
- <<Le feu différemment modifié dans un même corps produit les effets de chaleur, de dilatation, de coruscation. La lumière du soleil réfléchie par un miroir concave échauffe des particules de sable exposées au foyer & les dissipe par une répulsion semblable à celle qu'elles éprouveraient, si elles étaient placées sur l'extrémité d'une barre de fer électrisée. Or, pour nous rapprocher de notre objet, le fluide électrique produit, quand nous voulons, des effets d'attraction, des étincelles & du magnétisme. En effet, l'explosion d'une violente étincelle électrique altère quelquefois la boussole ou aimante de petites aiguilles, suivant la direction que l'on donne à cette étincelle ; or il y a longtemps que l'on a observé qu'un éclat de tonnerre (qui n'est qu'une grosse étincelle électrique) est capable d'aimanter toute sorte d'outils de fer & d'acier enfermés dans des caisses ; de donner aux clous d'un vaisseau assez de vertu magnétique pour faire varier d'assez loin les boussoles ; en un mot, de changer en véritables aimants les croix de fer des anciens clochers, qui ont été plusieurs fois exposés aux vives impressions de ce terrible fluide. (Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, article "Feu électrique")>>.
- <<On le voit donc tout à coup briller de l'éclat métallique, et ce coup de lumière s'appelle coruscation dans l'art de l'affineur dont nous abrégeons ici les procédés, comme ne tenant pas directement ici à notre objet. (Georges Louis Leclerc Buffon, "Histoire naturelle, générale et particulière", 1799)>>.
- <<Après cela le capitaine fait son résumé et en tire ses conclusions sur le produit des deux tableaux d'observations. 1° La coruscation de l'aurore boréale influe par réflection sur l'aiguille aimantée, son influence s'accroît chaque fois que l'éclat traverse un nuage nébuleux ou vapeur brumeuse, ou perce dans une atmosphère chargée de brouillard, alors la lumière trace des couleurs prismatiques qu'elle jette en forme de rayons, ou les réunit en décrivant un grand arc ou segment de cercle. (A. de Bylandt-Palstercamp, "Théorie des volcans", édition Levrault, 1835, Appendice, Influence de l'aurore boréale sur l'aiguille aimantée)>>.
- <<La légende du manichéisme est une grande légende cosmique, une légende de nature suprasensible. On raconte comment, un jour, les esprits des ténèbres voulurent donner l'assaut au royaume de la lumière. Ils parvinrent en effet jusqu'à la frontière de ce royaume nitescent et voulurent en faire la conquête. Mais ils ne pouvaient rien contre le royaume de la lumière étant donné sa suprasensibilité. Les esprits du royaume de la lumière prirent alors une partie de leur propre royaume et la mêlèrent au royaume matériel des ténèbres. Grâce à ce mélange d'une partie du royaume de la lumière avec le royaume des ténèbres, il y eut, dit-on, en quelque sorte dans le royaume des ténèbres comme un levain, une sorte de substance provoquant la fermentation qui plongea le royaume des ténèbres dans une danse tourbillonnante chaotique par quoi il reçut un nouvel élément, à savoir la mort — relevant pour l'homme d'une sorte de transsubstantiation. Cela a lieu tant et si bien que le royaume des ténèbres se consume constamment lui même et porte ainsi en lui le germe de son propre anéantissement — ou pour l'homme, d'une transmutation en lumières passant par la formidable coruscation de la mort. (Wikipédia)>>.
(e) Références littéraires :
- <<Je vois, et voici, le souffle de la tempête vient du Septentrion, une grande nuée, un feu étincelant, avec, autour, une fulguration. En son milieu, comme l'oeil d'une coruscation au milieu d'un feu, avec, en son sein, la forme de quatre Vivants. Voici leur vision, une forme d'humain par-ci, Quatre faces à l'un, quatre ailes à l'un, pour eux, avec leurs pieds, un pied droit, la plante de leurs pieds comme la plante du pied d'un veau. Ils scintillent comme un oeil de bronze poli, des mains d'humain sous leurs ailes, sur leurs quatre quartiers, leurs faces et leurs ailes, pour les quatre ; leurs ailes assemblées, la femme vers sa soeur, ils ne virent pas en allant, l'homme au-delà de ses faces, ils vont. Leurs faces ressemblent à des faces d'humain; des faces de lion vers la droite pour les quatre; des faces de boeuf à gauche pour les quatre; et des faces de vautour pour les quatre. (Bible, "Prophétie d'Ezéchiel", chapitre I, traduction André Chouraqui)>>.
- <<Tel que le vieux roi, des Esseintes demeurait écrasé, anéanti, pris de vertige, devant cette danseuse, moins majestueuse, moins hautaine, mais plus troublante que la Salomé du tableau à l'huile. Dans l'insensible et impitoyable statue, dans l'innocente et dangereuse idole, l'érotisme, la terreur de l'être humain s'étaient fait jour ; le grand lotus avait disparu, la déesse s'était évanouie ; un effroyable cauchemar étranglait maintenant l'histrionne, extasiée par le tournoiement de la danse, la courtisane, pétrifiée, hypnotisée par l'épouvante. Ici, elle était vraiment fille ; elle obéissait à son tempérament de femme ardente et cruelle ; elle vivait, plus raffinée et plus sauvage, plus exécrable et plus exquise ; elle réveillait plus énergiquement les sens en léthargie de l'homme, ensorcelait, domptait plus sûrement ses volontés, avec son charme de grande fleur vénérienne, poussée dans des couches sacrilèges, élevée dans des serres impies. Comme le disait des Esseintes, jamais, à aucune époque, l'aquarelle n'avait pu atteindre cet éclat de coloris ; jamais la pauvreté des couleurs chimiques n'avait ainsi fait jaillir sur le papier des coruscations semblables de pierres, des lueurs pareilles de vitraux frappés de rais de soleil, des fastes aussi fabuleux, aussi aveuglants de tissus et de chairs. Et, perdu dans sa contemplation, il scrutait les origines de ce grand artiste, de ce païen mystique, de cet illuminé qui pouvait s'abstraire assez du monde pour voir, en plein Paris, resplendir les cruelles visions, les féeriques apothéoses des autres âges. (Joris-Karl Huysmans, "A Rebours", 1884, Chapitre V)>>.
- <<Piégeant les coruscations,
Sur un cou, le collier boit
Le sang des effluves,
Qui disent l'être, qui disent l'être.
("Le collier d'Elle", in site web, Toute la poésie)>>.
(e) Voir Jean Lemaire des Belges.
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Mis en ligne le Vendredi 20 Juin 2008
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