Irrigation


(a) L'irrigation d'un terrain cultivé (y compris en herbe) consiste à lui apporter de l'eau (en phase liquide) pour compenser le manque de précipitations. En effet, la matière végétale est en grande partie constituée d'eau. Mais, de plus, la photosynthèse (transformation du gaz carbonique de l'atmosphère) ne peut se réaliser sans une grande transpiration de la plante.


(b) Dans les régions tempérées, une plante capte (racines) puis évapore (feuilles) 300 à 500 kg d'eau pour fabriquer 1 kg de matière sèche. L'irrigation doit aussi compenser l'évaporation physique du sol. D'où l'évapotranspiration d'un terrain. En outre, l'irrigation dissout les matières fertilisantes des minéraux du sol. L'irrigation met les minéraux fertiles à la disposition des plantes. La zone concernée est la partie supérieure de la tranche du sol dans laquelle les plantes cultivées poussent leurs racines.


(c) L'irrigation est depuis longtemps pratiquée dans les régions arides ou semi-arides (Mésopotamie), où les pluies sont peu abondantes. Elle est fondamentale, en Asie, pour la culture du riz. Elle est de plus en plus souvent pratiquée dans des régions humides, à certaines périodes critiques de la végétation (pour les céréales, la quinzaine suivant l'apparition des inflorescences mâles ; pour la betterave sucrière, le développement prévalent de la racine ; pour la pomme de terre, le début de la tubérisation). Ces irrigations sont dites "de complément". Enfin, dans les polders, associée au drainage, l'irrigation permet le dessalement des terrains gagnés sur la mer. Noter que l'irrigation a tendance à provoquer une augmentation de la salinité des sols.


(d) A l'automne ou au début du printemps, l'irrigation d'un pré peut le préserver de la gelée comme du givre. On réalise aussi des pulvérisations d'eau sur des cultures fragiles et coûteuses. Mais, en-dessous d'un certain seuil, le même mécanisme est utilisé pour produire de la neige artificielle sur les pistes de ski.


(e) L'irrigation favorise la destruction de certains animaux (insectes) et de plantes concurrentes (les mauves ou la bruyère). C'est le cas dans le frayage de la Goutte de l'Oule, sur les hauts des monts du Forez. Cet effet suppose que l'irrigation soit bien conduite. L'eau apportée ne doit pas stagner. D'où le rôle du descendé et des levées, sous les jasseries. Une partie de l'eau s'infiltre dans la nappe phréatique. Une partie de l'eau est retenue par le sol (l'argile peut retenir 40 pour 100 de son poids d'eau, tandis que le sable ne retient que 8 pour 100). Plus l'eau est rare dans la terre, plus sa pression spécifique augmente. La pression osmotique des racines ne peut capter qu'une partie de l'eau retenue par le sol.


(f) Erosion chimique. L'irrigation exerce une action chimique. Elle est le prolongement, contrôlé, de l'altération des roches, d'où résulte l'humus. L'irrigation facilite l'oxydation des minéraux en aérant le sol. L'eau qui pénètre dans le sol chasse un air chargé d'anhydride carbonique. Au fur et à mesure qu'elle s'infiltre en profondeur, elle est remplacée par un air plus riche en oxygène.


(g) Irrigation naturelle. L'eau contient en dissolution des substances fertilisantes. Elle peut contenir des limons fertiles, en suspension. En incorporant ces substances dans l'eau d'arrosage, on réalise des irrigations fertilisantes. Le rôle historique des crues du Nil sur l'empire égyptien n'est plus à rappeler. Le haut barrage d'Assouan y a mis fin.


(h) L'irrigation des cultures naturelles a pu être une étape, le Mésolithique, entre le Paléolithique et le Néolithique.


- <<Ain Mallaha, dans la vallée supérieure du Jourdain, est un autre village de chasseurs et de cueilleurs datant de la même époque. A cet endroit, l'abondance de nourriture qui soudait l'agglomération provenait du règne végétal : pistachiers, chênes, blé sauvage et orge sauvage. Tout ce que les villageois avaient à faire était de se munir de faucilles à lame de pierre et de récolter ce qui était mûr. Ils chassaient aussi, les gazelles étant nombreuses aux alentours. L'aisance était telle que le village hébergea au moins deux cents habitants, peut-être trois cents. La cœxistence fortuite de denrées végétales en abondance et d'un gibier d'appoint créa les conditions d'un développement méthodique de la culture et de l'agriculture. Le passage de la simple cueillette de plantes nourricières à leur véritable culture suppose seulement que l'on favorisa leur croissance, grâce à l'irrigation par exemple. Il n'y a pas très longtemps encore, les Indiens Païute du sud-ouest des États-Unis n'agissaient pas autrement. Ils creusaient des canaux d'irrigation dans lesquels ils détournaient l'eau de rivières endiguées, pour arroser des végétaux qu'ils n'avaient pas plantés. Prendre soin de l'épanouissement des plantes est un pas vers l'agriculture. Mais l'élément distinctif de l'agriculture, c'est l'ensemencement de graines dûment choisies. (Richard Leakey, Roger Lewin, "Les Origines de l'homme", 1977, Flammarion, Paris, 1985, pages 145-146)>>.


(i) Voir Abéaler. Béal. Erosion hydraulique. Frayage. Frayage de la Goutte de l'Oule. Humus. Le Battant. Percolation. Sagne. Sols podzolisés. Sous-solage. Tourbière.





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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Samedi 19 Juillet 2008.



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