Frayage de la Goutte de l'Oule
En Forez. Sur les Hauts des monts du Forez.
(a) La canalisation de la goutte de l'Oule, sous le plateau de Pégrol, vise :
- à alimenter en eau les loges des jasseries de la goutte de l'Oule ;
- à drainer la goutte dans le marais du vallon, pour lui donner des allures de ruisseau ;
- à favoriser la pousse de l'herbe, que menace la concurrence de la bruyère, sur les versants du vallon ;
- à fournir à la raze de Garnier un débit d'eau à la fois régulier et suffisant.
(b) Il s'agit d'un problème de maximisation sous contraintes. Mais les moines, contemporains de Guy II de Forez, ne devaient pas employer ce langage mathématico-économique. Ces quatre opérations simultanées mettent en oeuvre :
- un béal d'alimentation dont la prise d'eau, très haut dans le vallon (à 1 450 mètres), exige la création d'un bassin de retenue grâce à un talus de terre ;
- de nombreux béals d'irrigation qui arrosent le versant forézien où ils favorisent l'herbe, tout en réduisant la quantité d'eau en stagnation ou en percolation lente dans le marais ;
- des béals de retour de l'eau vers le vallon, pour participer à l'irrigation et pour empêcher que la gravitation ne conduise l'eau, par la ligne de plus grande pente, vers le ruisseau de Pierre Brune(en terre Chrétienne, certes, mais néanmoins ennemie).
- une relative canalisation de la goutte elle-même, pour la faire passer par les points de prise d'eau et pour transformer une lente percolation dans le tapis herbeux en un écoulement satisfaisant. A l'inverse, une canalisation trop nette, par des pierres et non pas par l'herbe, provoquerait un écoulement torrentiel (comme les chenaux et les égouts) qui aurait pour effet d'assécher le marais et de supprimer la réserve d'eau.
(c) Les béals d'irrigation et de retour sont un peu les homologues du "descendé" et des "levées", pour la fumade des fumées. On les trouve sous chaque loge de jasserie. Mais ils ont la contrainte particulière de revenir au plus près du point de prise d'eau. Le vallon doit jouer son rôle de réserve d'eau, tout au long de l'été.
(d) Si ce travail avait été réalisé par des soldats gallo-romains lors de l'empire des Gaules, en même temps que la voie romaine des crêtes et que la voie romaine de Verrières-en-Forez, peut-être le drainage du versant Auvergnat du vallon aurait-il été completé celui du versant forézien ?
(e) Ce travail fut-il réalisé par les serfs du comté du Forez, sous la direction des moines de la Bénisson-Dieu et sous la protection de chevaliers de château, cantonnés au châtelneuf de Fraisse ? Le vallon de la Goutte de l'Oule est une position extrême du Forez entre l'Auvergne (le Livradois des Baffie et de la Roue) et les terres d'empire. Ce dernier commençait au ruisseau de Pierre Brune, tant que les seigneurs de Couzan voulaient ou acceptaient de rendre hommage aux sires de Beaujeu.
(f) Dans cette goulotte glaciaire, laissée par la fonte des glaciers du Forez, la Goutte de l'Oule est à la fois un ruisseau et une réserve d'eau.
(g) Voir Alimentation en eau des jasseries d'altitude. Béal comtal. Béal de ruissellement. Béal du col du Béal. Bonde. Découpage de la montagne. Érosion hydraulique. Frontière Forez-Auvergne. Grange monastique. Jasseries. Jasseries de Garnier. Limites Forez-Auvergne en 1317. Regardière. Sources de l'Ance. Voie romaine.
(h) Randonnées photographiques.
- "L'eau des Jasseries" ou "L'eau des Jasseries de la Montagne de Garnier à Saint-Bonnet-le-Courreau", 195 photos numériques, prises le Samedi 12 Mai 2001, dans l'après-midi.
- "Béal du Sceytol", à Sauvain.
(i) Lire "Voies Romaines et Chemins de Compostelle".
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Mis en ligne le Vendredi 4 Juillet 2008
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