Moingt
(a) Moingt a toujours eu deux vies. Celle de ses dominants et celle de ses producteurs. Moingt ou Moind est un nom celtique qui pourrait signifier "fille des eaux". Après avoir été l'Aquae Segetae ("les eaux de Segeta") pour les riches Romains et leurs alliés Gallo-romains, elle est devenue une ville de vignerons (Modonio au XI ème siècle) pour les alentours. Le clergé lyonnais pouvait bien dédier l'église à Saint-Julien, le patron de la ville restait Saint-Vincent, celui des vignerons. Le tonneau celtique a repris sa place loin des amphores romaines.
(b) Au XX ème siècle, Moingt a été le lieu de la principale production (matières plastiques) des poupées et des jouets GéGé. Classique division du travail. Si les poupées étaient fabriquées à l'usine de Moingt, face à la chapelle Sainte-Eugénie, elles étaient entreposées et commercialisées à Montbrison, dans l'ancien moulin à eau de la famille Pagnon, entre le Vizézy et la route nouvelle. A Moingt on n'a jamais bien aimé penser ni voter comme à Montbrison. Pourtant, depuis 1973, la commune de Moingt est associée à celle de Montbrison (42600), sa cadette de mille ans.
(c) Le terme mur des Sarrasins, qui désigne une ruine du théâtre antique, témoigne d'une perte de mémoire. Il est aussi la projection des craintes d'une époque sur les vestiges d'un passé méconnu.
(d) Du Moyen-Age, Moingt a gardé une tour du château, défendant une des portes des fortifications féodales. Moingt garde une belle et sobre église romane. Elle fut d'abord dépendante des archevêques de Lyon, les rivaux des comtes de Forez. Dès avant le partage de 1173, l'église Saint-Julien fût donnée par Hugues de Bourgogne à l'abbaye de la Chaise-Dieu, en 1096. Mais elle ne dépendait de la maison mère qu'à travers le prieuré de Savigneux. A la fin du XIII ème, les moines casadéens créent un prieuré à Moingt. Ce prieuré occupait ce qui avait été la Maison du Palais romain ou le Domus de Palatio. Il en reste aujourd'hui les ruines de la chapelle Sainte-Eugénie (XIII ème), localisation des anciens thermes romains. Le temple romain était voisin.
(e) Le comte Guy II de Forez fait construire une léproserie (maladrerie) entre Moingt et Montbrison. Celle-ci, assez vite disparue, n'a pas laissé de trace importante dans le paysage moingtais. Mais le travail agricole des donats (les frères donnés) a contribué au développement agricole de ce qui devenait une dépendance de Montbrison. Sous le comte Jean I er de Forez, la maladrerie de Moind-lèz-Montbrison est administrée par Martin de Montverdun, chevalier de Saint-Lazare. La Fontaine-des-Ladres, quoique voisine, était distincte de la Fontfort de Moingt. Parmi les revenus de la maladrerie, dix sols pour chaque pendaison aux fourches patibulaires du bailliage, à Grumard.
(f) Après la permutatio de 1173 qui délimite le Forez, la seigneurie de Moingt a été confiée au chapitre de Notre Dame d'Espérance de Montbrison par le comte Guy IV de Forez. Retiré de la vie militaire et politique, Anne d'Urfé sera un doyen de ces chanoines.
(g) Tout au long d'un gisement, Moingt avait des carrières de leucogranite, au grain assez fin. Dans quelques millions d'années, il sera transformé en kaolin.
(h) Sobriquet. Les habitants de Montbrison sont surnommés les "Anes" tandis que ceux de Moingt sont les "Chiens".
(i) Voir Plaine du Forez.
Nota Bene. Les mots en gras sont tous définis dans le cédérom encyclopédique.