Aquae Segetae


(a) Aquae Segetae est un nom latin signifiant "les eaux de Segeta" ou "les eaux de la Ségusie" ou "les eaux des Ségusiens". Ce toponyme est l'ancien nom romain de Moingt. Ce lieu celtique avait déjà le nom de Moind. C'est un bon exemple des variations toponymiques en Forez. Ce n'est pas à son débit que le ruisseau de Moingt doit son titre de ruisseau. Beaucoup plus petit que le ruisseau du Bouchat ou que le Cotayet, le ru qui descend de Quérézieux doit son nom et son titre au passé antique de Moingt. Une longue randonnée photographique (355 photos) lui est consacrée.


(b) Aquae Segetae pouvait réunir 8 000 personnes dans son théâtre. Cette ville est beaucoup plus ancienne que Montbrison. Segeta est la déesse des sources et de leurs eaux bienfaisantes. Segeta est une Grande Mère des peuples Celtes. Comme à Glanum, un dieu masculin et romain (Jupiter) a détrôné la déesse celtique. Une inscription antique montre l'existence d'un <<préfet de la déesse Segeta de Feurs>>. L'inscription lapidaire fut découverte dans la plaine du Forez, au XIX ème siècle. Moingt est maintenant un quartier de Montbrison (42600) ou, plus exactement, une commune associée.


(c) La ville d'eau semble avoir été construite sous Auguste, après Julius Caesar. En face du stand de tir, au débouché d'une route menant à Ecotay (le château du baron), se trouve la source d'eau minérale ferrugineuse, la Fontfort, dite "La Romaine". La source témoigne des eaux que l'on buvait. A proximité se trouve la source des eaux dans lesquelles se baignaient les riches gallo-romains. Les anciens thermes sont devenus la chapelle Sainte Eugénie, dans le clos Baudot. Pour distraire les curistes, le théâtre-amphithéâtre (la culture et les jeux du cirque) était taillé et construit dans la colline menant à Lézigneux, à Ecotay et à Verrières-en-Forez.


(d) Caldarium, frigidarium et tepidarium sont la version romaine du sauna. La tradition des piscines s'est gardée dans les boutasses des clos aux alentours. Cette ville d'eau témoigne de l'importance des sources thermales quand les eaux de la plaine marécageuse sont impures et celles de la montagne trop pures. L'eau de Sail-sous-Couzan sera conseillée pour éviter les pestilences des marais de la plaine. L'eau a rapidement été complétée par le vin grâce aux techniques (tonneau) de nos ancêtres les Gaulois. Aquae Segetae montre le souci de romanisation (théâtre, temple, thermes) des peuples soumis (les Gaulois en général, les Arvernes et les Vellaves en particulier). Sans vouloir couper les cheveux en quatre, des moingtais se nomment encore Romagny.


(e) Cette ville d'eau témoigne aussi de la stratégie romaine d'alliance avec un peuple, les Ségusiaves. Ils sont tributaires des puissants Éduens de Bibracte (Bibrax, sur le mont Beuvray, vers Autun). Ce peuple avait conclu un traité d'alliance avec Rome au II ème siècle avant Jésus-Christ. C'était bien avant la conquête par Jules César, mais au déclin de l'empire Arverne. Ainsi Rome se donnait-elle une voie de pénétration par Lyon (Lugdunum), Feurs (le Forum Ségusiavorum), Moingt, Usson-en-Forez, Saint-Paulien puis Rodez. La voie d'Agrippa ou voie Bolène allait rejoindre la Gaule Aquitaine en traversant le pays des Arvernes. On a retrouvé une borne leugaire (distincte de la borne milliaire) au lieu-dit "le Poulailler". Cette borne ou boule était à 8 lieues gauloises du Forum Segusiavorum et à 18 lieues d'Icidmago.


(e) L'implantation romaine a été incendiée, vers 270 après Jésus-Christ, lors d'une invasion des Francs et des Alamans. C'est aussi la fin de l'Empire des Gaules. Les potiers ont disparu, ainsi que leurs amphores. Certains potiers étaient probablement installés dans la zone, inondable et argileuse, comprise entre la source et les thermes. Puis la Maraudière a connu un hôpital pour les pestiférés des Croisades.


(f) Le village gaulois a pourtant survécu, par les arts de la vigne et du tonneau. Si l'église est consacrée à Saint-Julien par les archevêques Lyonnais, le vrai patron de Moingt est Saint-Vincent. La version chrétienne de Dionysos est le patron des vignerons. Leurs maisons de pisé remplissaient les remparts. Derrière l'église, il existe encore une rue des vignerons. Les évangélisateurs ont du éprouver quelques difficultés à expliquer à ceux qui ont remplacé les eaux des thermes romains par le vin des tonneaux gaulois que Jésus-Christ pouvait changer l'eau en vin (à Cana) puis changer le vin en son sang (pendant la Cène, à Jérusalem). Le Moingtais est volontiers critique. Après tout, Moingt a mille ans d'Histoire de plus que Montbrison.


(g) La voie Bolène passait à Chézieux, véritable gare routière d'Aquae Segetae. Passant par le clos Maillon, une bretelle reliait Aquae Segetae au temple de Vénus, sur le puy de Saint-Romain. Se prolongeant ensuite vers Sury-le-Comtal, cet axe de communication a donné le quartier du Surizet. Succédant à une ancienne voie romaine passant par Verrières, la route de Saint-Anthème et d'Ambert marque un nouvel axe de développement pour Moingt. A l'époque romaine, le chemin de montée passait probablement par Écotay, Quérézieux et Prassouroux.


(h) Moingt est passée dans la mouvance de Montbrison au XII ème siècle, quand cette dernière est devenue la résidence des comtes de Forez. C'est le comte Guy IV de Forez, promoteur de la collégiale Notre-Dame d'Espérance, qui attribua les revenus du château de Moingt au chapitre de Montbrison. A cette occasion, dépassant largement le Pré Comtal, le bourg de Montbrison s'est étalé sur l'autre rive du Vizézy. Le Parc des Comtes de Forez faisait initialement partie de la paroisse de Moingt.


(i) Des sondages, faits par la GRAL en 1992, permettent de localiser le temple d'Aquae Segetae au numéro 15 de l'avenue Thermale, à Moingt-Montbrison. Une inscription mentionne Julius Priscus, flamine local. Les bureaux des établissement GéGé auraient été installés, par Germain Giroud, sur les vestiges du temple.


(j) Voir Bras des montagnes. Fièvres de la plaine. La Diana. Tetricus. Table de Peutinger. Voie romaine des crêtes.


Nota Bene. Les mots en gras sont tous définis dans le cédérom encyclopédique.