Pâture


(a) La pâture (terme de 1170, ou <pasture>, d'où vient <pastoral>) est la "nourriture des animaux".


(b) Etymologie. Le bas latin <pastura> se rattache au nom masculin <pastus, us> "action de paître", "nourriture", "pâture (des animaux)", "nourriture de l'homme", "nourriture de l'esprit" et au verbe <pasco, is, pavi, pastum, pascere> "faire paître", "mener paître", "nourrir", "alimenter", "entretenir", "sustenter", "repaître", "assouvir", "pâturer", "brouter".


(b) Cette nourriture des animaux peut être apportée à l'étable (vaches), à la bergerie (moutons) ou à l'écurie (chevaux), c'est alors la provende. Ou ils peuvent la brouter eux-mêmes sur des herbages qui portent aussi le nom de <pâture>. Ce terrain n'est ni un pré (dont l'herbe destinée à être fauchée pour faire du foin) ni un champ (labouré et mis en culture pour une récolte).


(d) Éleveurs et cultivateurs.


- Ce choix délicat entre pâturage et champs a été fait par Kubilay khan.


- Plus tard, en Angleterre, après la Guerre des Deux Roses, un choix inverse est dénoncé par Thomas More, dans son "Utopie", lorsqu'il parle du pays où "les moutons mangent les hommes".


(e) <Pâture> est aussi une forme du verbe <pâturer> signifiant "faire paître".


(f) L'expression <livrer en pâture> signifie littéralement "apporter la nourriture ou la provende", "alimenter", "donner à manger".


(g) Mais, plus souvent, dans un sens figuré, elle signifie "livrer à la cruauté de...", "fournir un dérivatif à l'ennui de...", voire "donner de la confiture aux cochons". Les premiers chrétiens ne sont pas livrés en pâture à la faim des lions mais à la perversion des dirigeants et de la plèbe de Rome.


- <<Jamais Marie-Antoinette ne s'était montrée plus digne du rang suprême. C'était bien une reine que cette femme qui soutenait sans blêmir, sans baisser ses paupières, les regards féroces du "peuple-roi", qui entendait sans tressaillir les rugissements du lion auquel on la jetait en pâture, qui se tenait droite comme le César romain, sans fléchir le genou, pour laquelle le hideux tombereau était encore un trône, et qui, enfin, dans l'avilissement auquel on l'avait réduite, parvenait, par la force de son âme, à commander le respect à des cœurs incapables de pitié. (H. Sanson, "Mémoires des Sept Générations d'Exécuteurs (1685-1847), publiées par H. Sanson, dernier exécuteur des hautes œuvres de la cour de Paris")>>.


(h) Références littéraires :


- <<La comtesse me vit assidu chez elle sans en prendre de l'ombrage, par deux raisons. D'abord elle était pure comme un enfant, et sa pensée ne se jetait dans aucun écart. Puis j'amusais le comte, je fus une pâture à ce lion sans ongles et sans crinière. Enfin, j'avais fini par trouver une raison de venir qui nous parut plausible à tous. Je ne savais pas le trictrac, M. de Mortsauf me proposa de me l'enseigner, j'acceptai. (Honoré de Balzac, "Le Lys dans la vallée", 1836, 1. Les deux enfances)>>.


- <<Les anciens, au moins, le savaient et étaient logiques avec eux-mêmes. Mais, depuis l'époque où les hommes ont cru qu'ils devaient souffrir toutes les injustices et toutes les violences sur la terre, afin d'acquérir la béatitude céleste, un champ immense et fertile a été ouvert aux mécréants. Et qu'est-ce donc, si ce n'est cette nouvelle croyance, qui a affaibli le monde et l'a donné en pâture aux infâmes ? (Dmitri Merejkowsky, "La Résurrection des Dieux. Léonard de Vinci", traduction de S. M. Persky, Librairie académique Perrin, Paris, 1926, Chapitre XIII, "La Bête écarlate")>>.


(i) Selon la Mythologie grecque, de jeunes garçons et des jeunes filles d'Athènes étaient livrés en pâture au Minotaure, dans le labyrinthe de Dédale. Et alors... ? Thésée est arrivé !


(j) Dans l'Antiquité, les morts d'un combat restent souvent la pâture des oiseaux, des charognards et des bêtes de proie.


- <<Mais qui n'aura pitié de la multitude tombée au pouvoir des Romains ? Qui ne voudra mourir plutôt que de subir le même sort ? Les uns ont péri sur la roue, torturés par le feu ou le fouet ; d'autres, à demi dévorés par les bêtes fauves, ont été conservés, vivants encore, pour leur servir une seconde fois de pâture, après avoir offert aux ennemis matière à rire et à s'amuser. (Flavius Josèphe, "Guerre des Juifs", Livre VII)>>.


- <<Et si c'est ton bon plaisir de repaître les loups et les vautours, si tu as le coeur aussi cruel que Créon le Thébain, donne-leur en pâture mes membres, et laisse-moi seulement ensevelir le fils d'Almont. (Médor à Zerbin, dans "Roland furieux" de L'Arioste, traduction C. Hippeau, Flammarion, Paris, 1982, page 172)>>.


(k) Pour assurer sa popularité, un chef de guerre chez les Germains ou les Francs, doit livrer les biens et les habitants d'une ville prise aux passions (vol, destruction, dégradation, meurtre, viol) de ses guerriers. C'est pourquoi, malgré le prestige de sa victoire sur Syagrius, le jeune roi des Francs, Clovis, procède en deux temps pour le règlement du différend relatif au vase de Soissons. Déjà, les empereurs romains, qui devaient le pouvoir à l'acclamation de leurs légionnaires, étaient loin d'avoir le réel désintéressement de Cincinnatus, la légendaire continence de Scipion ou la très rhétorique clémence d'Auguste.


(l) Patronyme. Roger de la Pâture, aussi nommé Rogier van der Weyden, est l'auteur du polyptique intitulé "Le Jugement Dernier", visible à l'Hôtel-Dieu de Beaune.


(l) Voir Agneau. Alcippe. Cessole. Contradiction en acte. Champ. Chrétien. Clos. Commune rurale. Cosse. Créature. Droit de cuissage. Drutel. Echanges de Bussy, Champs, Roanne, Saint-Maurice et Saint-Germain-Laval. Estive. Extermination. Famille de Chorsin. Fil d'Ariane. Foins et pailles. France. Fromage. Frontière Forez-Auvergne. Gog et Magog. Ides de Mars 44. Irénée de Lyon. Les Chambons. Les Euménides. Les parties de Bourgchanin. Marie-Antoinette. Mimétisme. Minnesota. Monique. Montagne de Bazanne. Mythe du bon sauvage. Opposition toponymique. Patural. Phalaris. Polybe. Prédestination. Préfol. Premières ventes de parts de la montagne de Roche. Premiers propriétaires de la montagne de Roche. Randan. Saltus. Siècle d'airain. Solitaire. Souderie. Tityre tu patulae recubans sub tegmine fagi.





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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mercredi 23 Juillet 2008.



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