Herbe


(a) L'herbe et l'arbre ont besoin d'eau. L'herbe est moins souvent dans son climax que la forêt. Il faut dire qu'elle apparaît beaucoup plus tard dans l'évolution des espèces végétales. Les formations non-forestières climatiques sont rares et peu propices à l'homme : toundras, peuplements végétaux de hautes altitudes, prairies climatiques. Ce fait spontané se traduit dans les croyances. L'empire des steppes n'est jamais passé pour le symbole de la civilisation. Car, tout comme le mâle s'oppose à la femelle, le ciel à la terre, le souffle à la chair et le pur à l'impur, le jardin (hortus ou même hortusconclusus) s'oppose à la steppe (saltus). Dans la mythologie, l'herbe stérile s'oppose longtemps à l'arbre de vie (ou arbre de la connaissance).


(b) L'homme favorise l'herbe et l'herbage quand il les destine à l'élevage des animaux. C'est en domestiquant le mouflon que l'homme a produit le mouton domestique, il y a plus de 11 000 ans en Palestine. L'agriculture est sacrilège pour le chasseur nomade primitif (les Bochimans, les Hottentots qui se déplacent avec une hutte transportable). Car la Terre est la mère universelle, la Grande Mère. Puis, pour des cultivateurs, Jésus-Christ oppose la mauvaise herbe au bon grain.


(c) La Renaissance renoue avec la tradition païenne pour l'intégrer dans le dogme chrétien (Claude d'Urfé). C'est pour un petit-neveu de Cosme de Médicis, Lorenzo di Pierfrancesco, que Botticelli peint la première de ses scènes mythologiques : "Le Printemps". Pour les humanistes florentins qui entourent Laurent de Médicis, le règne de Vénus est ce <royaume où se complaît la grâce, où Zéphyr, lascif, vole derrière Flore, où l'herbe verte fleurit. (Politien)>. Dans le Forez de L'Astrée, Honoré d'Urfé introduit des bergers qui ne pratiquent pas la culture, mais l'élevage.


(d) Encore au XIX ème siècle, pour les Amérindiens des Grandes Plaines, travailler la terre est un acte sacrilège :


- <<C'est un péché de blesser ou de couper, de déchirer ou de griffer notre mère commune, par des travaux agricoles. Vous me demandez de labourer le sol ? Irai-je prendre un couteau pour le plonger dans le sein de ma mère ? Mais alors, lorsque je serai mort, elle ne me reprendra plus dans son sein. Vous me demandez de bêcher et d'enlever des pierres ? Irai-je mutiler ses chairs afin d'arriver à ses os ? Mais alors je ne pourrai plus entrer dans son corps pour naître de nouveau. Vous me demandez de couper l'herbe et le foin et de le vendre et de m'enrichir comme les Blancs ? Mais comment oserais-je couper la chevelure de ma mère ? (Prophète de la tribu des Umatilla)>>.


(e) Les pasteurs nomades la steppe ou les nomades primitifs favorisent la croissance de l'herbe. Ils détruisent par le feu toutes les espèces ligneuses. La grande opposition est celle de l'arbre (le bois, le feu, le cuit) et de l'herbe (le cru). Loin d'être spontanées, la savane aux herbes courtes, la garrigue, le maquis méditerranéen, toutes les landes rases des régions tempérées océaniques sont produites par la vie pastorale. Les prairies anthropiques (dues à l'homme) se distinguent de la Prairie américaine, spontanée, climacique (dans son climax, pourtant établie dans un climat de forêt).


(f) En Forez, les Hautes Chaumes sont le fruit du pastoralisme forézien. Mais, à cause de l'importance de l'hiver, le pré de fauche prend autant d'importance que l'herbage. Toujours est-il qu'il faut considérer le souci permanent de l'herbe comme une forme de culture. Irrigation et drainage valent bien les labours.


(g) En France, aujourd'hui, l'herbe régresse. En 1995, les exploitations agricoles représentent 30 067 000 hectares, dont les surfaces toujours en herbe (35.2 pour 100) et les céréales (27.6 pour 100). Par contre, les forêts augmentent de 30 000 hectares (en moyenne). Les surfaces toujours en herbe régressent depuis 1980. De 35.2 pour cent en 1995, elles reculent à 32 pour cent des terres agricoles dès 1997. L'élevage des bovins se fait souvent hors sol. A titre de comparaison, en Islande, 98 pour 100 de la surface agricole utile est en herbe.


(h) Blé en herbe. On dit que le blé est en herbe tant qu'il est vert. Sa valeur nutritive est alors très faible. <Manger son blé en herbe> est donc une catastrophe, quand on ne peut pas faire la soudure des récoltes.


(i) Voir Adam. Béal d'irrigation. Béal de retour. Béal de ruissellement. Caïn et Abel. Du cannibalisme à l'esclavage. Eleveurs et cultivateurs. Eve. Frayage de la Goutte de l'Oule. Formation des Hautes Chaumes. Fromage de Roche. Goûter le fruit de l'arbre de la connaissance. La Bénisson-Dieu. Le Blé en herbe. Léonard de Vinci. Péché originel. Primevère. Soudure des récoltes.


(j) Parmi les randonnées photographiques sur les Hauts des monts du Forez :


- "Béal du Sceytol", à Sauvain.


- "Béal du Soleillant".


- "L'Eau des Jasseries", à Garnier.




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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Vendredi 11 Juillet 2008



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