Béal du Sceytol
Le Béal du Sceytol sous la Cascade de Chorsin
Contenu global : 50 photos numériques,
Repérage temporel : un après-midi, à la fin du mois de Mai, l'année 2001.
Répérage des lieux :
- Europe ; France ; Département de la Loire ; Monts du Forez ; Commune de Sauvain ; Hameau de Chorsin ; Rive gauche du ruisseau de Pierre Brune, en amont de la Fontfort (lieu de parking), située au Pont de Chorsin.
- Carte IGN, Série Bleue, 2732Est, "Saint-Georges-en-Couzan et Pierre-sur-Haute".
Google Maps :
http://maps.google.be/maps?hl=fr&ie=UTF8&ll=45.666726,3.893967&spn=0.038508,0.074158&z=14
ou
http://maps.google.be/maps?hl=fr&ie=UTF8&ll=45.666726,3.893967&spn=0.038508,0.074158&t=p&z=14
Nous avons évoqué l'existence d'un sceytol dans la randonnée photographique intitulée "Sceytol, à Sauvain, dans la vallée de Chorsin". Nous y revenons pour observer de près les restes du béal d'alimentation de ce moulin à eau. Les bâtiments de la scierie actionnée par l'eau (le sceytol) sont dans une clairière, en rive gauche du ruisseau de Pierre Brune, entre la cascade de Chorsin et la Fontfort.
Un des angles du bâtiment du sceytol, du côté où se faisait l'arrivée de l'eau. L'altitude est environ de 1060 mètres. Le bas de la cascade de Chorsin est à 1120 mètres. La clairière est installée sous le sommet boisé du Haut du Jour (1327 mètres, <Haut du Tour> pour l'IGN) d'où pouvaient provenir un certain nombre d'arbres abattus, matière à scier.
Du fait de la pente, cette zone, visiblement très fangeuse, reçoit encore des eaux de ruissellement.
L'eau coule d'un mur. En mauvais état, il a perdu un certain nombre de ses pierres.
Le mur devait soutenir la bonde ou la réserve d'eau du moulin. Non curé, l'ancien bassin d'eau claire est rempli d'une boue grasse et profonde.
Dans la direction opposée de la cascade, un petit béal de ruissellement devait apporter son complément d'eau à la bonde.
A en juger par les vestiges, la réserve d'eau devait être d'assez grande dimension. La scierie est une activité longue et à plein temps.
Puis la bonde s'étrécit pour se transformer en béal. Nous allons suivre le béal, d'aval en amont, de sa bonde à sa prise d'eau sur le ruisseau.
Sur un granite du Forez peu couvert d'humus, du fait des parois abruptes, les eaux de ruissellement provoquent des éboulis. Ils tendent à combler, puis à masquer le tracé du canal.
La végétation se ligue aussi contre nous. Elle nous masque les vestiges d'un passé, qui n'est pourtant pas si lointain.
En effet, quelques éléments d'information nous permettent de situer la construction du sceytol dans le temps.
Un jugement du tribunal de Montbrison, le 31 août 1849, organise le partage de la montagne de Sauvain, à savoir <<les tènements de bois, montagne, bruyères et pâturages appelés d'Auffraux, Chorsin, les Clats, Chapouilloux, Egrisolles...>>, jusqu'alors propriété privée indivise.
Juge à Montbrison, Maître Dulac est partie au procès. Le 31 août 1849, ce n'est donc pas lui, mais Pierre-Désiré Lachèze qui présidait au jugement. "Nul ne peut être juge et partie". Maire de Montbrison, Maître Lachèze (père de Jeanne Marie Armande Lachèze) a laissé son nom à un boulevard de la ville.
Maître Dulac est un notable. Succédant à Gilbert de Camus, en 1722, et à Louis-François-Marie-Punctis de la Tour, en 1742, Dulac est propriétaire du château de Sauvain. Avant le jugement de partage, le juge se propose de racheter à l'indivision une partie de la propriété. Il se proposait de construire un sceytol, sur le ruisseau de Pierre Brune, au village de Chorsin. La clairière semble correspondre à cette définition.
Le sceytol est donc plus tardif que le jugement du 31 août 1849.
Maître Dulac est mort en 1873. Le sceytol avait eu le temps d'être construit et de fonctionner. Fille de Maître Dulac, Marie Dulac hérite du château de Sauvain. Elle épouse Louis Lépine, le 31 mai 1880, à Montbrison. De sous-préfecture (Montbrison) en préfecture (Paris), le couple Lépine aura mieux à faire que de gérer une scierie à eau à Chorsin.
Construit sous le Second Empire, le sceytol sera vite condamné par la Révolution Industrielle. Mais ses constructeurs s'efforceront d'abord d'en utiliser les produits, dont des tuyaux de fonte.
Depuis la disparition du sceytol, le béal n'est plus entretenu. Il est bien difficile d'en remonter le cours. Mais la piste ne laisse pas beaucoup de doute.
Tout le tracé du béal se situe entre le ruisseau de Pierre Brune et le chemin qui, du village de Chorsin, conduit à la cascade de Chorsin. Le chemin qui vient directement du Pont de Chorsin et de la Fontfort (source d'eau ferrugineuse) reste sur l'autre rive du ruisseau.
La pente raide oblige à protéger le béal par des murs de soutènement. Les blocs sont imposants. La mousse mesure la durée de l'abandon.
Parfois, le tracé du béal est particulièrement net, bien qu'il soit rempli de bois mort. Jadis, les veuves de la paroisse se chargeaient de le ramasser.
Parfois un ru s'engouffre dans le béal, jusqu'à ce qu'il trouve un point de fuite, grâce à une pierre manquante.
L'humidité est importante dans ce sous-bois gorgé d'eau. Les photos s'en ressentent souvent.
Pour les constructeurs du béal, parfois il a fallu apporter des pierres. Souvent, il a fallu en retirer, pour creuser le béal.
Partout des mousses, dans une atmosphère saturée d'humidité. Mousse et sphaigne sont des réserves naturelles d'eau.
Si l'effet de Fœhn fait de Montbrison (en aval) la ville la moins arrosée de la région Rhône-Alpes, la même cause fait de Pierre-sur-Haute (en amont) un lieu très arrosé. Le ruisseau de Pierre Brune est un ruisseau bien fourni.
Les racines des arbres contribuent à obstruer le béal, avant de le désarticuler.
Si ces arbres furent les victimes d'une tempête, c'est bien avant celle du 27 décembre 1999.
Mais le béal se poursuit, relativement rectiligne, malgré les nombreux obstacles.
Le même glissement de terrain qui a fait tomber les pierres a perturbé la pousse verticale de l'arbre.
Sous les falaises du Haut du Tour, ces jeunes arbres semblent avoir été déracinés, eux aussi. S'agit-il d'eau de ruissellement ou d'une coulée de neige ?
Ici, les constructeurs du béal ont du le faire passer entre deux gros blocs. La pratique est assez courante. En amont d'Ecotay, dans le vallon du Cotayet, un béal traverse un chaos rocheux. Il n'est pas question de perdre de l'altitude en le contournant. Le tracé d'un béal est une optimisation du parcours sous contrainte de dénivellation minimale.
Des hêtres et des sapins. Nous sommes dans une hêtraie-sapinière. A 1100 mètres, cela correspond tout à fait aux étages de la végétation.
On trouve aussi des mousses et la végétation habituelle des bords de ruisseau.
En ces lieux escarpés, le glissement de terrain est un danger lancinant. Juste au-dessus, le chemin passe sous une falaise et d'impressionnantes barres rocheuses.
Un gros bloc rocheux est tombé dans la raze (autre nom pour désigner le béal). Nous sommes dans le granite du Forez, mais raboté au Quaternaire par les glaciers du Forez.
En effet, comme la vallée du Fossat ou le Bois de la Morte (aussi nommé Forêt de la Morte), la belle vallée de Chorsin est une ancienne vallée glaciaire. D'où des barres rocheuses, des moraines glaciaires et des blocs erratiques, en pleine forêt.
Humidité entraîne verdure.
Pierre qui roule n'amasse pas mousse. Et inversement !
Mais années qui coulent entassent débris et alluvions.
Un ru s'est laissé piéger dans la cavité du béal.
Il trouve vite le défaut de la cuirasse.
Les jeunes sapins poussent dans le lit du béal.
Voilà une image qui ressemble assez à ce que devait être le béal du sceytol vers 1860. Mais le bois mort était certainement ramassé par tous ceux qui en ressentaient le besoin.
Un tel degré d'humidité, même au bord d'un ruisseau, ne se trouve guère que dans une vallée très encaissée, à l'abri du vent et du grand soleil.
Comme dans les Laurentides, au Québec, certains arbres semblent souffrir de cet excès d'humidité.
Le béal passe aux pieds d'un impressionnant bloc rocheux. C'est au bas d'un rocher de ce type que se fait la prise d'eau, à peu de distance du bas de la cascade de Chorsin. Il faut toujours un étrécissement pour établir la cascade artificielle d'une prise d'eau.
C'est l'occasion de rappeler que ce n'est pas le ruisseau de Chorsin, mais le ruisseau de Pierre Brune qui tombe dans cette cascade.
Le ruisseau de Chorsin se jette dans le ruisseau de Pierre Brune, à proximité du Pont de Chorsin. C'est-à-dire à l'aval de la prise d'eau.
Nous voici au ruisseau de Pierre Brune, à deux pas de la prise d'eau.
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Autre randonnée illustrée
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Mis en ligne le Lundi 7 Juillet 2008
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