Ruissellement


Déformation des reliefs.


(a) Lors d'une précipitation, le ruissellement de surface s'amorce dès que la capacité d'infiltration du sol est dépassée par l'intensité de la pluie. En somme, par analogie avec l'Economie Politique, le ruissellement est la recherche d'un débouché maritime pour l'écoulement des eaux des pluies ou de la fonte des neiges. Le ru alimente un ruisseau qui contribue au débit d'une rivière qui se jette dans un fleuve qui débouche dans la mer. Tandis que l'évaporation des océans alimente les nuages et provoque l'écoulement de l'eau de pluie, les océans sont aussi le débouché de tout le réseau hydraulique des continents. Le ruissellement est donc le mécanisme de la formation des ruisseaux, au cœur de ce double mécanisme d'évaporation des océans et d'érosion hydraulique des continents.


(b) Tant que les eaux n'ont pas trouvé leur débouché ultime elles stagnent dans des marais ou des tourbières, s'accumulent dans des lacs ou des mers intérieures. Ce fut le cas pour les pluies des monts du Forez. Elles ont du remplir une partie du graben de la plaine, avant de trouver un débouché. Vers Villerest, la hauteur du petit lac forézien a fourni à la Loire un débouché vers l'Atlantique (ou ce qui en tenait lieu à ce stade de la dérive des continents). Puis, par la sédimentation continuée, les alluvions ont comblé le lac. Ils ont laissé des marais dont les Foréziens firent des étangs. Mais, si la plaine du Forez comporte des alluvions étagés sur 500 m environ, jamais la dénivellation à combler n'a été de cette ampleur. Le grand lac forézien occupant toute la plaine sur une hauteur de 500 mètres n'a jamais existé. C'est un mythe géographique qui avait cours à l'époque d'Honoré d'Urfé et de son frère aîné Anne d'Urfé.


(c) Même l'écoulement des gouttes de pluie sur la surface plane et lisse d'une vitre montre un aspect chaotique. L'eau ne coule pas partout comme le ferait un rideau homogène. Très vite elle se donne des voies privilégiées. Dès cet instant, elle ne cesse de creuser ce lit accidentel par érosion hydraulique. L'érosion n'est jamais homogène (partout la même). Elle laisse toujours des bosses relatives entre des trous absolus. Ce phénomène est quasiment irréversible. Sur une pente, il est très rare que l'eau puisse boucher les trous pour venir recreuser les bosses laissées en place. Le graben est un cas particulier. Le ruissellement marque donc une extrême sensibilité aux conditions initiales de l'écoulement. Lorsque l'alimentation du flux est continue, comme sous le robinet d'eau de votre cuisine, le phénomène est désigné par l'expression <eau serpentine>.


- <<Il considérait trois ou quatre gouttes épaises qui coulaient lentement avec des méandres. (Michel Butor, "La Modification", VIII, Editions de Minuit, Paris, 1957)>>.


(d) Dans les monts du Forez, il existe de nombreux sommets intermédiaires entre la plaine du Forez et la cime de Pierre-sur-Haute. Ils résultent, en partie du ruissellement, en partie du volcanisme. Les sommets intermédiaires sont les bosses relatives des lignes de crêtes. Les cols sont des trous relatifs. Cols et sommets intermédiaires sont la traduction du chaos de l'écoulement que nous voyons sur nos vitres. Pour la vallée du Vizézy, on peut citer le mont Sémiol (1021 m) à Chatelneuf et le pic de Chaudabrit (1065 m) à Roche-en-Forez. Entre Pralong et Sauvain, le col de la Pelletière (750 m) est un col intermédiaire. La traverse de Courreau en est un autre. Cols et sommets intermédiaires montrent que même si l'érosion ininterrompue tend vers une pénéplaine idéale, la pénéplaine réelle ne sera jamais une surface plane mais une pénéplaine complexe. Tel est le cas des Hautes Chaumes entre le col de la Croix-de-l'Homme-Mort et le col du Béal.


(e) Poursuivre l'analogie avec le . Le ruissellement est influencé, en amont, par la quantité d'eau de pluie que les rus apportent aux ruisseaux. Un seul petit ruisseau, le plus souvent à sec, ne fera jamais une grande rivière. Tandis que beaucoup de petits ruisseaux souvent gonflés creusent leurs lits personnels puis font leur lit commun avec ardeur. Une montagne plus arrosée donne une rivière plus fournie. Mais, pour une pluviosité donnée, en aval, le ruissellement est influencé par la dénivellation qui lui reste à parcourir jusqu'au débouché maritime. La profondeur du lit de la rivière dans laquelle se jette le ruisseau tributaire est un signal. Ce signal se propage, d'aval en amont, parfois jusqu'aux sommets des montagnes.


(f) Filer la métaphore économique. Le ruissellement se trouve pris entre une offre d'eau (la pluviosité) et une demande d'eau (débouché maritime). C'est pourquoi on peut l'analyser comme un système d'information où se transmettent des signaux comme à la cascade de Chorsin ou dans les îles du Vizézy. Mais nous n'utiliserons pas le modèle de l'équilibre (sosie du cycle d'érosion) pour décrypter ces signaux.


(g) Frayage. Dans une randonnée photographique consacrée à "l'eau des jasseries de la montagne de Garnier" nous avons observé les limites entre la percolation et le ruissellement. En amont des jasseries de Garnier, le vallon de la Goutte de l'Oule se trouve au-dessus d'une tourbière provoquée par un lac de surcreusement glaciaire.


(h) Voir Buttes volcaniques. Érosion et sédimentation. Frayage de la Goutte de l'Oule. Jasseries de la Goutte de l'Oule. Mésogée. Mesozoïque. Oule de la Goutte de l'Oule.




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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Vendredi 4 Juillet 2008



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