Productivité


(a) La productivité est une qualité particulière de la production (condition sine qua non). On peut la définir comme la capacité de produire au-delà de sa propre reproduction. C'est la capacité de dégager un produit net. La productivité est la seule cause durable de la richesse. Elle est aussi une prétendue cause du chômage.


- Pour les Physiocrates, la productivité est "la capacité de produire".


- Pour les Economistes, la productivité est "le rapport entre la production et les facteurs qui y contribuent (travail et capital)".


- <<Il y a des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de la productivité. (Paradoxe de Solow)>>. L'investissement informatique (ordinateur, formation, apprentissage, réorganisation du travail) est coûteux, mais il est long à produire des effets sur la productivité.


(b) La productivité est un phénomène incompréhensible en termes de valeur d'échange. Un concept rigoureux de productivité exige un raisonnement en termes de valeur d'usage. Il n'y a pas de définition possible de la productivité ailleurs que dans un projet donné, relativement à ses objectifs et en fonction de ses rejets associés. Si nous faisons confiance à une main invisible, nous ne pouvons parler de productivité, car nous ne savons pas quel est le projet ni le mobile de celle-ci.


(c) A défaut, pour le théoricien, dans l'abstraction, il faut se placer dans une hypothèse de reproduction du système productif. Dégage-t-il ou non un produit net. A quoi celui-ci est-il affecté ?


(d) Quel gain de temps ? En économie de marché, un travail productif est un travail qui économise plus de temps au client qu'il n'en coûte au fournisseur. Ce temps gagné peut être affecté à un nouveau travail productif. C'est ainsi que se développent les richesses au niveau global.


(e) Expliquer le chômage par la productivité est une contradiction dans les termes. Une productivité est source de richesses ou elle n'est pas une productivité. Une richesse réinvestie est source d'emploi, ou elle n'est pas réinvestie, mais dépensée de manière improductive. Le chômage provient soit d'une absence de productivité, soit d'une richesse temporaire (luxe) gaspillée de manière improductive.


(f) Un rapport récent de l'OCDE réfute la croyance erronée en une hausse générale de la productivité. On avait tendance à mesurer la productivité par l'augmentation du chômage, transformant le cauchemar en système de croyance.


- <<Bien que le harcèlement au travail soit un phénomène aussi vieux que le travail lui-même, c'est seulement au début de cette décennie qu'il a été vraiment identifié comme un phénomène détruisant l'ambiance au travail, diminuant la productivité, mais aussi favorisant l'absentéisme par les dégâts psychologiques qu'il entraîne. (Marie-France Hirigoyen, "Le Harcèlement Moral. La violence perverse au quotidien", Syros, Paris, 1998, page 55)>>.


(g) Par définition, une hausse globale de la productivité déplacerait les emplois sans produire de chômage durable. En fait, le chômage résulte d'une trop faible productivité globale.


(h) Le secteur tertiaire, dont le tertiaire relationnel, n'a pas une productivité suffisante pour abaisser le coût de notre "Mode de Vie". Poussés par le mouvement des capitaux, les emplois se déplacent vers les pays à faibles salaires. Les marchandises reviennent vers les pays à fort niveau de vie. Ce mouvement met en évidence une productivité des pays riches inférieure à celle qu'ils s'attribuaient volontiers hier.


(i) Il y a une vingtaine d'années, un prix Nobel d'Économie, le professeur Wassily Léontieff, attribuait au travailleur américain une productivité très supérieure à celle de tous les autres. Il entendait ainsi nier l'échange inégal entre pays industrialisés et pays sous-développés, au non de l'avantage universel du commerce international, selon la théorie des coûts comparatifs. Léontieff masquait les phénomènes monétaires dont profitent les États-Unis du fait de l'usage du dollar comme monnaie internationale. S'il avait eu raison et s'il avait encore raison, les délocalisations dans les pays à bas salaires seraient totalement inexpliquables. Il faut donc admettre que notre productivité n'est pas celle que nous aimions croire.


(j) Patrick Artus explique comment, par la crainte ou par le chantage aux délocalisations, les salariés sont privés des gains locaux de productivité.


- <<Lorsqu'on évoque avec les chefs d'entreprise la question des salaires, la plupart mettent l'accent sur la nécessité de réduire leurs coûts salariaux afin de restaurer leur compétitivité coût et d'affronter la concurrence des pays émergents, sauf à se résigner à des destructions d'emplois industriels ou à ces délocalisations si décriées. Autrement dit, ils disent à leurs salariés : ne soyez pas trop « gourmands » en termes de rémunération, sinon vous partagerez la responsabilité des plans sociaux et autres délocalisations que nous seront contraints de mettre en oeuvre... Or cette idée n'est pas démontrée sur le plan macroéconomique. Il n'est pas inutile en tout cas de la confronter à trois faits troublants. Tout d'abord, les pays qui gagnent des parts de marché à l'exportation vers les pays émergents sont ceux où les coûts salariaux sont élevés et où la monnaie est forte. C'est le cas du Japon et de l'Allemagne. Deux pays où la compétitivité coût est faible, le taux de change effectif réel fort et le salaire par tête plus élevé que dans les autres grands pays développés (pour le Japon). En fait, la bonne performance de ces pays vient de la qualité de leur spécialisation industrielle, qui explique leurs énormes excédents commerciaux pour les biens d'équipement et le matériel de transport : en 2003, l'Allemagne affichait une balance commerciale des biens d'équipement et matériels de transport positive de 7,9 points de PIB et le Japon de 6. À comparer à un excédent de 1,3 point de PIB seulement pour la France et surtout à un déficit de 1,6 point de PIB pour les États-Unis. Cela montre que la qualité de la spécialisation internationale (et donc de la R & D pour des pays comme les nôtres) semble plus importante que la compétitivité coût pour expliquer la performance à l'exportation vis-à-vis des pays émergents. Ensuite, s'il y avait conflit entre l'intensité de la concurrence des pays émergents (qui force à baisser les prix de vente dans les grands pays de l'OCDE) et le niveau des salaires, il y aurait chute de la profitabilité. Or, au

contraire, celle-ci progresse grâce à l'écart entre gains de productivité et hausses des salaires réels, dans l'ensemble de l'économie et dans l'industrie (sauf aux États-Unis). Enfin, non seulement les gains de productivité ne sont pas distribués aux salariés, mais la hausse des profits qui en résulte n'est que très partiellement dépensée en investissements supplémentaires pour être essentiellement épargnée ou reversée aux actionnaires (qui eux-mêmes l'épargnent la plupart du temps, surtout en Europe). Il serait donc assez efficace que les gains de productivité soient distribués aux salariés dans les pays où le taux d'investissement des entreprises est élevé et où la profitabilité est largement suffisante pour financer ces investissements (États-Unis, Royaume-Uni, Japon, Allemagne, bientôt la France). À l'heure actuelle, cela n'est vraiment le cas qu'au Royaume-Uni... Si la hausse des profits ne soutient pas la demande, elle ne stimule pas davantage l'investissement. Mais avant d'aller plus loin, il est utile de rappeler qu'il n'existe pas dans l'absolu de partage optimum des revenus : il y a des périodes au cours desquelles la déformation en faveur des profits est nécessaire. Dans les années 1970, par exemple, le choc pétrolier avait tellement pesé sur les comptes des entreprises qu'il s'est révélé par la suite indispensable de déformer le partage en faveur des profits, afin de sauver l'investissement et nombre d'entreprises du dépôt de bilan. (Patrick Artus et Marie-Paule Virard, "Le capitalisme est en train de s'autodétruire", éditions La Découverte, Cahiers libres, Paris, 2005, page 38, à notre demande, cette citation a été autorisé par l'éditeur)>>.


(k) Pour devenir un concept scientifique valide, et non un passe-partout vide de sens comme l'utilité de l'école néo-classique, la notion intuitive de productivité doit être définie dans un cadre de pensée particulier, qui ne peut être que celui d'une pensée collective (sans être une pensée de groupe) et répondre à un projet réel de développement durable (avec ou sans croissance).


(l) Références d'usage du terme :


- <<Admettons au contraire que la productivité du travail reste constante, qu'il faut par conséquent au fileur toujours le même temps pour transformer une livre de coton en filés, mais que la valeur d'échange du coton varie et qu'une livre de coton vaille six fois plus ou moins qu'auparavant. Dans les deux cas le fileur continue à ajouter le même quantum de travail à la même quantité de coton, c'est-à-dire la même valeur, et dans les deux cas il produit dans le même temps la même quantité de filés. Cependant la valeur qu'il transmet du coton aux filés, au produit, est dans un cas six fois plus petite et dans l'autre cas six fois plus grande qu'auparavant. Il en est de même quand les instruments du travail renchérissent ou se vendent à meilleur marché, mais rendent cependant toujours le même service. (Karl Marx, "Le Capital", Livre I, Section III, "La production de la plus-value absolue")>>.


- <<Un autre exemple nous est fourni par le chaînon suivant du système de Marx - la Théorie de la Concentration - étant donné le manière dont il traite la tendance du processus capitaliste à accroître la taille tant des usines que des unités de contrôle. Toute l'explication offerte par Marx , quand on a la dépouille de ses fioritures, se ramène à des énoncés assez plats, tels que «la bataille de la concurrence est menée en comprimant les prix des marchandises», de telles réductions dépendant, ceteris paribus, de la productivité de la main-d'œuvre et celle-ci à son tour de l'échelle de production ; ou encore «les plus gros capitaux écrasent les plus petits». Ces formules ressemblent fort à celles consacrées au même thème par les manuels courants et elles ne sont, en soi, ni très profondes, ni très admirables. Elles sont, notam-ment, inadéquates en raison de l'insistance exclusive avec laquelle est souligné le rôle attribué à la dimension des «capitaux» individuels, alors que, dans sa description des effets de la concentration, Marx est grandement gêné par sa technique qui l'empêche de traiter effectivement les problèmes du monopole ou de l'oligopole. Néanmoins, l'admiration que tant d'économistes non-marxistes professent éprouver pour cette théorie n'est pas injustifiée. En premier lieu, le fait de prédire l'avènement des grandes entreprises constituait en soi un véritable achèvement, étant donné les conditions régnant du vivant de Marx. Cependant celui-ci a accompli davantage encore. Il a élégamment relié la concentration au processus d'accumulation ou, plus exactement, il s'est représenté le premier phénomène comme un élément du second, ceci non pas seulement d'un point de vue descriptif, mais d'un point de vue logique. Il a diagnostiqué correctement certaines des conséquences de la concentration - en exposant, par exemple, que «le volume croissant de masses individuelles de capital devient la base matérielle d'une révolution ininterrompue dans le mode de production lui-même» - et il en a distingué d'autres, à tout le moins sous une forme unilatérale ou distordue. il a électrifié l'atmosphère enveloppant le phénomène en faisant tourner toutes les dynamos de la guerre des classes et de la politique - et, du même coup, son exposé s'est placé, notamment aux yeux des personnes dépourvues d'imagination, très au-dessus des théorèmes abstraits venant en ligne de compte. Enfin, point le plus important de tous, Marx a réussi, sans presque être entravé par l'explication inadéquate donnée de tel ou tel élément de son tableau, ni par le défaut de rigueur, décelé par l'économiste professionnel, de son argumentation, à prévoir la ligne de développement future des géants industriels en gestation et la situation sociale qu'ils étaient en voie d'engendrer. (Joseph Schumpeter, "Capitalisme, Socialisme et Démocratie")>>.


- <<On voit combien la division du travail nous apparaît sous un autre aspect qu'aux économistes. Pour eux, elle consiste essentiellement à produire davantage. Pour nous, cette productivité plus grande est seulement une conséquence nécessaire, un contrecoup du phénomène. Si nous nous spécialisons, ce n'est pas pour produire plus, mais c'est pour pouvoir vivre dans les conditions nouvelles d'existence qui nous sont faites. Un corollaire de tout ce qui précède, c'est que la division du travail ne peut s'effectuer qu'entre les membres d'une société déjà constituée. (Émile Durkheim, "De la division du travail social", 1893)>>.


- <<On s'est ainsi efforcé d'intéresser les ouvriers en leur donnant l'occasion de gagner en un temps très court un salaire inhabituellement élevé. Cependant, des difficultés particulières sont apparues. L'augmentation du taux de rémunération du travail aux pièces a souvent eu pour résultat non pas d'élever, mais de réduire le rendement du travail pour une période donnée, les ouvriers réagissant à l'augmentation de salaire par une réduction de la production journalière. L'homme qui recevait par exemple 1 mark pour faucher 1 arpent fauchait 2 1/2 arpents et gagnait 2,5 marks. Lorsque l'arpent passait à 1,25 mark, il ne fauchait pas 3 arpents, comme on l'avait escompté et comme il aurait pu le faire aisément, pour gagner 3,75 marks, mais 2 arpents seulement, ce qui lui permettait de continuer ainsi à gagner les 2,5 marks habituels. Le gain supplémentaire l'attirait moins que la réduction de son travail. Il ne se demandait pas : combien puis-je gagner par jour si je fournis le plus de travail possible ? mais : combien dois-je travailler pour gagner les 2,5 marks que j'ai reçus jusqu'à présent et qui couvrent mes besoins courants? Voilà un des exemples de ce que nous entendons par traditionalisme. L'homme ne désire pas « par nature » gagner de plus en plus d'argent, mais il désire, tout simplement, vivre selon son habitude et gagner autant d'argent qu'il lui en faut pour cela. Partout où le capitalisme a entrepris son oeuvre d'augmentation de la productivité du travail humain par l'accroissement de son intensité, il s'est heurté à la résistance obstinée de ce leitmotiv du travail de l'économie précapitaliste. Il s'y heurte d'autant plus aujourd'hui que la main-d'œuvre à laquelle il a affaire est plus « arriérée » (du point de vue capitaliste). (Max Weber, "L’éthique protestante et l’esprit du Capitalisme", 1904-1905)>>.


- <<Que Marx ait réfuté en se jouant cette bourde élémentaire de Smith-Ricardo, c'est ce qui se comprend de soi-même d'après ce qui a été dit plus haut. De même que, pour la reproduction simple, à côté de la production de la quantité nécessaire de moyens de consommation pour les ouvriers et les capitalistes doit avoir lieu le renouvellement régulier du capital constant (les moyens de production matériels), de même, pour l'élargissement de la production, une partie du nouveau capital supplémentaire doit être employée à l'accroissement de la partie du capital constant, c'est-à-dire à l'augmentation des moyens de production matériels. Ici entre en jeu une autre loi découverte par Marx : la partie du capital constant qu'oublie régulièrement l'économie classique croît constamment par rapport à la partie variable, dépensée en salaires. Ce n'est là que l'expression capitaliste des effets généraux de la productivité croissante du travail. Avec le progrès technique, le travail vivant est en mesure de mettre en mouvement et de transformer en produits, en un temps de plus en plus court, des masses de plus en plus considérables de moyens de production. Au point de vue capitaliste, cela signifie une diminution continue des dépenses consacrées au travail vivant, aux salaires, par rapport à celles consacrées aux moyens de production fixes. La reproduction élargie doit par conséquent, non seulement, contrairement à la conception de Smith-Ricardo, commencer toujours avec la division de la partie capitalisée de la plus-value en capital constant et capital variable, mais encore cette division doit, au fur et à mesure du progrès technique de la production, comporter une part relativement de plus en plus grande pour la partie constante du capital et une part relativement de plus en plus petite pour la partie variable. Ce changement qualitatif incessant dans la composition du capital constitue la forme spécifique de l'accumulation du capital, c'est-à-dire de la reproduction élargie sur la base capitaliste. (Rosa Luxembourg, 1913, "L'accumulation du capital. Contribution à l'explication économique de l'impérialisme")>>.


- <<J'ai beaucoup parlé des réclamations françaises parce que ce sont les plus considérables et parce qu'il est possible d'avoir plus de renseignements à leur sujet, que sur celles des autres alliés. La créance de la Belgique est sujette aux mêmes critiques que celle de la France, cependant les taxes imposées à la population civile, les dommages causés à la personne des civils figurent pour une plus large part dans ces dernières réclamations. Ses dommages matériels sont en effet beaucoup moins considérables que ceux subis par la France. L'industrie belge a déjà atteint à peu près son niveau de productivité d'avant-guerre et l'œuvre de reconstruction est pour ainsi dire achevée. (John Maynard Keynes, "Nouvelles considérations sur les conséquences économiques de la paix", 1921)>>.


- <<On doit encore mentionner dans cet ordre d'idées un autre phénomène, parce qu'il donne également lieu bien souvent à une opinion amoindrissant la femme. C'est ce qu'on appelle l'âge critique. Il se manifeste autour de la cinquantième année, par des modifications de la psyché, intensifiant certains traits du caractère. Les changements physiques qui se produisent alors amènent la femme à se sentir comme talonnée par l'idée que le temps est venu où elle va perdre les derniers restes de la mise en valeur qu'elle a péniblement obtenue et qui d'ailleurs était mince. A grands frais, en déployant une vigueur accrue, elle cherche à maintenir tout ce qui peut l'aider à consolider sa position sous des conditions qui à cette éépoque subissent une aggravation. Si, en raison du principe dominant de la productivité, la position des gens qui vieillissent n'a, dans notre civilisation d'aujourd'hui rien de favorable, ceci s'applique aux femmes plus encore qu'aux hommes. Le préjudice infligé aux femmes qui vieillissent, en leur refusant toute valeur, atteint aussi l'ensemble, sous une forme, en ce que notre vie ne doit pas être évaluée et appréciée d'après le nombre de nos jours. Ce que quelqu'un a produit dans la force de l'âge devrait être porté à son crédit pour le temps où il verra diminuer ses forces de son action. (Alfred Adler, 1927, "Connaissance de l'homme", traduction française, 1949)>>.


- <<Ce postulat n'exclut pas ce qu'on peut appeler le chômage «de frottement». Interprété dans le monde réel il se concilie en effet avec divers défauts d'ajustement qui s'opposent au maintien continu du plein emploi. Un tel chômage peut être dû par exemple à une disproportion temporaire des ressources spécialisées, résultant d'un calcul erroné ou du caractère intermittent de la demande, ou aux retards consécutifs à des changements imprévus, ou encore au fait que le transfert d'un emploi à un autre ne peut être effectué sans un certain délai de telle sorte qu'il existe toujours dans une société non statique une certaine proportion de ressources inemployées à reclasser. Outre le chômage «de frottement» le Postulat admet encore le chômage «volontaire», dû au refus d'une unité de main-d’œuvre d'accepter une rémunération équivalente au produit attribuable à sa productivité marginale, refus qui peut être libre ou forcé et qui peut résulter soit de la législation, soit des usages sociaux, soit d'une coalition au cours d'une négociation collective de salaires, soit de la lenteur des adaptations aux changements, soit enfin de la simple obstination de la nature humaine. Mais en dehors du chômage «de frottement» et du chômage «volontaire» il n'y a place pour aucune autre sorte de chômage. Les postulats classiques n'admettent pas la possibilité d'une troisième catégorie que nous définirons par la suite le «chômage involontaire». (Keynes, "Théorie générale")>>.


- <<L'économie était alors une science - bien que je mette en doute son caractère scientifique -, une discipline complètement ignorée des Français. De tous les Français, y compris les plus éminents. Un homme politique de bonne culture, comme François Mitterrand, n'en avait pas la moindre idée. Il n'a pas fait de sérieux progrès depuis, d'ailleurs. Un bachelier n'avait reçu aucune teinture, même superficielle, d'économie. Des notions qui sont devenues familières aujourd'hui, en partie grâce à la télévision - compétitivité, productivité, investissements, déficit de la balance extérieure, inflation, taux d'intérêt, etc. - étaient inconnues, sauf des spécialistes. Un journal comme Le Monde n'avait pas de section économique. (Françoise Giroud, "Leçons particulières", Fayard, Paris, 1990, page 188)>>.


- <<C'est enfin au XVIIIe siècle que se livrent les assauts décisifs contre la doctrine de l'Eglise touchant le prêt à intérêts. Turgot, entre autres, attaque cette doctrine, soutenue surtout par les membres du petit et moyen clergé. Par la lettre "Vix pervenit" adressée aux évêques d'Italie (1745), le pape Benoît XIV renouvelle certes les prohibitions traditionnelles contre l'usure, c'est-à-dire le prêt à intérêts, mais avec les correctifs qui permettent de distinguer entre prêt de consommation et capital productif. Etendues en 1836 à l'Eglise universelle par le pape Grégoire XVI, ces prohibitions n'ont jamais été annulées formellement, mais elles sont tombées en désuétude au cours du XIXe siècle, l'Eglise n'ayant plus abordé la question. Il est remarquable que la bulle de Grégoire XVI a été promulguée une dizaine d'années avant l'apparition du "Manifeste du parti communiste" de Karl Marx, proclamant lui aussi la non-productivité de l'argent. Les financiers prenaient exemple sur l'Angleterre où, les prohibitions contre l'usure ayant disparu avec la Réforme, l'escompte s'était développé sans entrave ; en France, Turgot fondera la Caisse d'escompte en 1776, et Necker la transformera en une banque générale. (Encyclopaedia universalis, article "Bougeoisie française")>>.


- <<Les administrations qui gèrent les formidables systèmes de sécurité sociale des pays scandinaves tirent leur productivité du très haut niveau de formation de leur personnel, et de la très bonne compréhension des procédures par les assurés. À la fin des années 70, les PIB par tête des nations européennes étaient précisément alignés sur les taux d'alphabétisation tels qu'ils se présentaient vers 1850. Avec un temps d'ajustement, l'économie suit l'esprit. (Emmanuel Todd, "L'Illusion économique. Essai sur la stagnation des sociétés développées", Gallimard, 1998, page 80)>>.


- <<La substitution des redevances aux réquisitions, permet d'accroître la productivité paysanne , et de sortir de l'économie de subsistance. Donc, une économie d'échange qui s'intensifie dans les seigneuries et va trouver son prolongement naturel dans les échanges avec l'extérieur, notamment avec d'autres seigneuries, mais aussi avec les marchands et les États commerçants. De cet accroissement des échanges commerciaux, le suzerain va ressentir la nécessité d'effectuer ses prélèvements sous forme monétaire pour pouvoir acquérir des produits plus variés en dehors du domaine. Avec les croisades, les seigneurs doivent faire face à un double problème : des dépenses importantes à effectuer durant ce long périple, et l'éloignement de leurs terres qui rend difficile la perception des redevances des paysans ainsi que leur surveillance ; d'où, l'abandon de la servitude des serfs devenue inopérante par l'absence durable du suzerain, et leur affranchissement pour collecter des fonds en numéraire. Bref, les affranchissements apparaissent pour le seigneur comme un moyen d'obtenir de la monnaie, et de libérer partiellement les serfs en vue d'accroître leur productivité. Les affranchissements vont permettre de rendre plus attrayant le commerce pour les paysans, et par conséquent de faire émerger une économie d'échange monétisée, condition nécessaire à l'apparition d'un impôt efficace et donc à l'affirmation de l'autorité du prince. (Benoît Santiano, "Les Problèmes monétaires au Moyen-âge", DEA, Paris X-Nanterre, document du web)>>.


- <<- Labourage et pâturage intensifs détruisent donc les sols...

- L'agriculture n'est pas la seule responsable. Historiquement, les villes se sont établies là où il y avait de l'eau potable. C'est-à-dire près de rivières ou de lacs. Dans ces bassins, la terre était riche de limons. L'agriculture nourrissait donc les hahitants. Aujourd'hui, ces villes s'étendent démesurément et un maillage dense de routes occupe le terrain. L'urbanisation de la planète est telle qu'elle se voit depuis l'espace. Et cela s'effectue donc au détriment des meilleures terres. Depuis le début de la seconde moitié du XXe siècle, la surface moyenne par habitant de la planète cultivée en céréales est tombée de 0,24 hectare à 0,12 hectare. La mécanisation, l'utilisation massive d'engrais et de pesticides ont permis de compenser, en augmentant de 170 % la productivité des surfaces restantes. (Brahic, Tapponnier, Brown, Girardon, "La Plus belle histoire de la Terre", Seuil, 2001, page 167)>>.


- <<Dans le harcèlement moral, au contraire, ce qui est visé, c'est l'individu lui-même dans une volonté plus ou moins consciente de lui nuire. Il ne s'agit pas d'améliorer une productivité ou d'optimiser des résultats mais de se débarrasser d'une personne parce que, d'une manière ou d'une autre, elle «gêne». Cette violence n'est utile ni à l'organisation ni à la bonne marche de l'entreprise. (Marie-France Hirigoyen, "Malaise dans le travail", Harcèlement moral : Démêler le vrai du faux, La Découverte et Syros, Paris, 2001, page 18)>>.


- <<Nous cultivons des maïs résistant à la pyrale, des sojas qui n'ont plus besoin d'herbicides, des tomates et des melons plus solides, des fruits enfin contenant plus de terpénoïdes, parfums «naturels». Et comment maîtriser désormais le mélange des graines volant dans le vent ? Plusieurs variables interviennent ici : les résistances aux maladies, la productivité, le contrôle de la maturation, l'environnement et la sécurité. Sur les deux derniers points, qui ne sait qu'un vivant sauvage et ancien l'emporte aisément sur un autre, récent et «artificiel», donc infiniment plus fragile ? Les dangers baissent donc avec la science, non l'inverse ; les nouvelles annoncées dans les médias ne changent pas l'entêtement des faits : les intoxications alimentaires ne cessent de diminuer ; bien des médicaments dérivent aujourd'hui d'OGM. (Michel Serres, "Hominescence", Le Pommier, 2001, page 95)>>.


- <<Bien sûr, cette passivité n'était pas de mise dans le domaine économique. Washington tira parti du climat de la guerre froide pour entreprendre des efforts de reconstruction massifs, d'abord en Europe de l'Ouest puis au Japon. Le raisonnement était clair : à quoi bon disposer d'une supériorité aussi écrasante en termes de productivité si le reste du monde était incapable d'assurer une demande digne de ce nom ? La reconstruction économique contribua, qui plus est, à instaurer des relations clientélistes avec les pays bénéficiaires de l'aide américaine. Le sentiment d'être redevables aux États-Unis incita ces pays à intégrer des alliances militaires et, ce qui est plus important encore, à se soumettre politiquement. (Immanuel Wallerstein, 2002, "Le déclin de l'Amérique a commencé")>>.


(m) Voir Concurrence par les prix. Crise de la totalité. Economies d'échelle. Fait troublant. Illusion de la productivité. Paradoxe de la productivité. Philippe Séguin. Productivité naturelle relative. Productivité masculine absolue. Productivité et informatique. Sortie par le bas. Sortie par le haut.


(n) Lire "Economie Temps". "Mise Mutuelle". "Progrès Technique". "Robinson Crusoé". "Seigneurs Marchands".






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Lundi 7 Juillet 2008



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