Surface


(a) A priori, la surface est la partie d'une volume qui lui sert d'enveloppe, délimite sa forme et se trouve en contact avec l'extérieur (voire l'intérieur).


(b) La surface des choses définit leur apparence. Leur étude en profondeur réserve parfois des surprises.


(c) Objet à deux dimensions, une surface se développe dans un espace à trois dimensions. L'unité de mesure des surfaces est le mètre carré (m2). On nomme aussi "surface" un volume de faible épaisseur. Dans l'industrie, pour les moulistes, les écoulements de matière dans une surface (flux laminaires) ne sont pas identiques à ceux qui s'instaurent dans un volume (turbulences). Pour l'IAO (Ingénierie Assistée par Ordinateur), les modèles de rhéologie (simulation des écoulements) doivent en tenir compte.


(d) Objet à deux dimensions, une surface est parcourue par des objets à une dimension (lignes, courbes).


- Dans la géométrie euclidienne, le plan est rempli ou parcouru par une infinité de droites.


- La surface de la sphère est parcourue par des courbes géodésiques.


(e) Fractalité. Certains objets ont une dimension qui n'est pas entière.


- Une ligne dont la dimension est mesurée par un nombre compris entre 1 et 2 (courbe de Paeno) tend à couvrir la surface où elle évolue.


- Une surface dont la dimension est mesurée par un nombre compris entre 2 et 3 (éponge de Sierpinsky) tend à remplir le volume qui la porte.


(f) Métaphore. Le Moi est considéré par Freud comme la surface du ça. Le conscient n'est que la surface de l'inconscient. "Le moi doit déloger le ça" n'est pas une bonne traduction pour la formule freudienne <Wo es war, soll Ich werden>. Car si la surface déloge le volume, elle disparaît par la même occasion. Cette surface a des caractéristiques qui tiennent à son rôle d'interface entre l'intérieur et l'extérieur. Elle acquiert ainsi une fonction de pare-excitation.


- <<Le système C. présenterait donc cette particularité que, contrairement à ce qui se passe dans tous les autres systèmes psychiques, le processus d'excitation ne produit aucune modification durable de ses éléments, mais s'évanouit pour ainsi dire par le fait qu'il devient conscient. Une pareille dérogation à la règle générale ne peut s'expliquer que par l'action d'un facteur inhérent à ce seul système et manquant dans tous les autres, ce facteur pouvant bien être représenté par la localisation très exposée du système C., localisation à la faveur de laquelle il se trouve en contact immédiat avec le monde extérieur. En simplifiant à l'excès l'organisme vivant, nous pouvons nous le représenter sous la forme d'une boule indifférenciée de substance irritable. Il en résulte que sa surface orientée vers le monde extérieur se trouve différenciée du fait même de son orientation et sert d'organe destiné à recevoir les excitations. L'embryologie, pour autant qu'elle constitue une récapitulation de l'évolution phylogénique, nous montre, en effet, que le système nerveux central provient de l'ectoderme et que l'écorce grise du cerveau, qui descend directement de la surface primitive, pourrait bien avoir reçu en héritage ses propriétés essentielles. Rien ne s'oppose donc à l'hypothèse d'après laquelle les excitations extérieures, à force d'assaillir sans cesse la surface de la boule protoplasmique, auraient produit dans sa substance des modifications durables, à la faveur desquelles les processus d'excitation s'y dérouleraient d'une manière différente de celle dont ils se déroulent dans les couches plus profondes. Il se serait ainsi formé une écorce, tellement assouplie par les excitations qu'elle recevait sans cesse, qu'elle aurait acquis des propriétés la rendant apte uniquement à recevoir de nouvelles excitations et incapables de subir une nouvelle modification quelconque. Appliquée au système C., cette hypothèse signifierait que les éléments de la substance grise, ayant atteint la limite des modifications qu'ils étaient susceptibles de subir du fait du passage d'excitations, sont devenus inaccessibles à toute nouvelle modification quelconque sous ce rapport. Mais ils seraient en revanche capables de faire naître la conscience. Le fait de l'apparition de la conscience est certainement en rapport avec la nature des modifications subies aussi bien par la substance que par les processus d'excitation qui l'atteignent et la traversent. Quelle est exactement cette nature ? A cette question il est possible de donner plusieurs réponses, dont aucune n'est encore susceptible de vérification expérimentale. On peut supposer qu'en passant d'un élément à un autre, l'excitation doit vaincre une résistance et que c'est à la diminution de la résistance qu'on doit rattacher la trace durable laissée par l'excitation (trajet frayé) ; on aboutirait ainsi à la conclusion qu'aucune résistance de ce genre n'est à vaincre dans le système C. où le passage d'un élément à un autre se ferait librement On peut rattacher à cette manière de voir la distinction, établie par Breuer, entre les éléments des systèmes psychiques, quant à la nature de leurs charges énergétiques. Il distinguait, en effet, entre l'énergie sous tension, ou dissimulée, et l'énergie circulant librement ; si bien que les éléments du système C. seraient caractérisés par le fait qu'ils contiennent uniquement de l'énergie libre, se déchargeant sans avoir des obstacles à vaincre, sans tension ni pression. Je crois cependant qu'on ferait bien, dans l'état actuel de nos connaissances, de s'abstenir de toute affirmation précise sur ce sujet. Il n'en reste pas moins que les considérations qui précèdent nous permettent d'établir un certain rapport entre l'apparition de la conscience, d'une part, le siège du système C. et les particularités des processus d'excitation qui s'y déroulent, d'autre part. Mais la boule protoplasmique et sa couche corticale, exposée aux excitations, nous permettent de faire d'autres constatations encore. Ce fragment de substance vivante est plongé dans un monde extérieur, chargé d'énergies de la plus grande intensité, et il ne tarderait pas à succomber aux assauts de ces énergies, s'il n'était muni d'un moyen de protection contre les excitations. Ce moyen consiste en ce que sa surface la plus extérieure, se dépouillant de la structure propre à tout ce qui est vivant, devient pour ainsi dire anorganique, se transforme en une sorte d'enveloppe ou de membrane destinée à amortir les excitations, à ne laisser parvenir aux couches plus profondes, ayant conservé leur structure vivante, qu'une partie de l'intensité dont disposent les énergies du monde extérieur. Ainsi protégées, les couches plus profondes peuvent se consacrer à l'emmagasinement des quantités d'excitation qui ont réussi à franchir la membrane extérieure. En se dépouillant de ses propriétés organiques, celle-ci a épargné le même sort à toutes les couches situées en dedans d'elle, sa protection n'étant toutefois efficace que pour autant que l'intensité des excitations ne dépasse pas une certaine limite au-delà de laquelle la membrane extérieure elle-même se trouve détruite. Pour l'organisme vivant, la protection contre les excitations constitue une tâche presque plus importante que la réception d'excitations ; il possède lui-même une réserve d'énergie et doit veiller avant tout à ce que les transformations d'énergie qui s'opèrent en lui, en affectant des modalités particulières, soient soustraites à l'action nivelante, c'est-à-dire destructrice, des formidables énergies extérieures. La réception d'excitations sert avant tout à renseigner l'organisme sur la direction et la nature des énergies extérieures, résultat qu'il peut obtenir en n'empruntant au monde extérieur que de petites quantités d'énergie, en s'assimilant celle-ci à petites doses. Chez les organismes très évolués, la couche corticale, excitable, de ce qui fut jadis la boule protoplasmique s'est depuis longtemps retirée dans les profondeurs internes du corps, mais certaines de ses dépendances sont restées à la surface, immédiatement au-dessous de l'appareil de protection contre les excitations. Ce sont les organes des sens qui renferment essentiellement des dispositifs destinés à recevoir des excitations spécifiques, mais aussi des appareils particuliers, grâce auxquels se trouvent redoublée la protection contre les excitations extérieures et assuré l'amortissement des excitations d'une intensité démesurée. Ce qui caractérise les organes des sens, c'est que le travail ne porte que sur de petites quantités des excitations extérieures, sur des échantillons pour ainsi dire des énergies extérieures. On peut les comparer à des antennes qui, après s'être mises en contact avec le monde extérieur, se retirent de nouveau.

Je me permets d'effleurer en passant une question qui mériterait une discussion très approfondie. En présence de certaines données psychanalytiques que nous possédons aujourd'hui, il est permis de mettre en doute la proposition de Kant, d'après laquelle le temps et l'espace seraient les formes nécessaires de notre pensée. Nous savons, par exemple, que les processus psychiques inconscients sont "intemporels". Cela veut dire qu'ils ne sont pas disposés dans l'ordre du temps, que le temps ne leur fait subir aucune modification, qu'on ne peut pas leur appliquer la catégorie du temps. Ce sont là des caractères négatifs dont on ne peut se faire une idée exacte que par la comparaison entre les processus psychiques inconscients et les processus psychiques conscients. Notre représentation abstraite du temps semble plutôt empruntée au mode de travail du système P. C., et correspondre à notre auto-perception. Étant donné ce mode de fonctionnement du système en question, un autre moyen de protection contre les excitations est devenu nécessaire. Je me rends fort bien compte de ce que ces considérations présentent d'obscur, mais je suis obligé de me limiter à de simples allusions. Nous venons de dire que la boule protoplasmique vivante est munie d'un moyen de protection contre les excitations venant du monde extérieur. Et nous avons montré auparavant que sa couche corticale la plus extérieure s'est différenciée, pour devenir l'organe ayant pour fonction de recevoir les excitations extérieures. Mais cette couche corticale sensible, qui formera plus tard le système C., reçoit également les excitations venant du dedans. Or, la position qu'occupe ce système, à la limite qui sépare le dehors du dedans, et les différences qui existent entre les conditions dans lesquelles il reçoit les excitations des deux côtés exercent une influence décisive sur le fonctionnement aussi bien du système C. que de l'appareil psychique tout entier. Contre le dehors il possède un moyen de protection qui lui permet d'amortir l'action des quantités d'excitations qui viennent l'assaillir. Mais contre le dedans il n'y a pas de moyen de protection possible, si bien que les excitations provenant des couches profondes se propagent telles quelles, sans subir le moindre amortissement, au système C., certaines particularités de leur succession donnant lieu à la série des sensations de plaisir et de déplaisir. Il convient de dire toutefois que les excitations venant du dedans présentent aussi bien par leur intensité que par d'autres caractères qualificatifs (éventuellement aussi par leur amplitude) une correspondance plus grande avec le mode de fonctionnement du système C. que les excitations qui affluent du monde extérieur. Mais deux faits se dégagent d'une façon incontestable de la situation que nous venons de décrire : en premier lieu, les sensations de plaisir et de déplaisir, par lesquelles se manifestent les processus qui se déroulent à l'intérieur de l'appareil psychique, l'emportent sur toutes les excitations extérieures ; et, en deuxième lieu, l'attitude de l'organisme est orientée de façon à s'opposer à toute excitation interne, susceptible d'augmenter outre mesure l'état de déplaisir. De là naît une tendance à traiter ces excitations provenant de l'intérieur comme si elles étaient d'origine extérieure, afin de pouvoir leur appliquer le moyen de protection dont l'organisme dispose à l'égard de ces dernières. Telle serait l'explication de la projection qui joue un si grand rôle dans le déterminisme des processus pathologiques. (Freud, "Au-delà du principe de plaisir")>>.


- <<Le Moi est avant tout un Moi corporel, il n'est pas seulement un être de surface, mais il est lui-même la projection d'une surface (Freud, "Le Moi et le ça", GW, 13, 253)>>.


- <<Autrement dit, le Moi dérive en dernier ressort des sensations corporelles, principalement de celles qui ont leur source dans la surface du corps. On peut le considérer comme la projection mentale de la surface du corps, en plus de la considérer, comme nous l'avons vu plus haut, comme représentant la superficie de l'appareil psychique. (Freud, "Le Moi et le ça", GW, 13, 253. Note de la Standard Edition, anglaise, avec l'accord de Freud)>>.


(g) Abstraction. Avec le développement de l'analyse mathématique et l'utilisation des infinitésimaux (et autres quantités évanouissantes), la Physique a tendance à faire disparaître la réalité des corps, de leurs volumes et de leurs surfaces. Il est possible de faire le total des forces en les appliquant à un point unique défini comme un centre de gravité et dénommé barycentre. Cette réduction est trompeuse. Une étude complémentaire doit tenir compte des formes géométriques. C'est à cette tâche que s'est consacré René Thom. On passe ainsi du point de vue de la totalité à celui de la globalité. Le point de vue de la totalité sous-estime les interactions, en ignorant leurs causes et leurs lieux.


(h) Economie Politique. La surface occupée par les usines et les bureaux ("les mètres carrés") est pondérée par un coefficient très important, le prix du sol (au mètre carré). Avec le niveau moyen des salaires, le prix du mètre carré est un paramètre des délocalisations industrielles. Dans les centres des grandes villes, le coût du sol est amorti par une hauteur de construction de plus en plus élevée ("gratte-ciel"). C'est au point que des immeubles "phares" (Twin Towers du World Trade Center de New York) deviennent les cibles d'une nouvelle forme de terrorisme (11 septembre 2001).


(i) Biologie. L'humus est une peu épaisse couche cultivable, à la surface de la Terre, à l'interface du sol et de l'atmosphère. La biomasse de l'humus est invisible, au contraire de la végétation de surface. Le plancton se forme à la surface des océans, au contact de l'air et du rayonnement solaire. Du fait de la fractalité de l'arbre, la surface de contact de la forêt avec l'atmosphère est beaucoup plus grande que celle d'un cours d'eau ou d'un lac.


(j) Assolement collectif. Le journal est la mesure de la surface cultivable qui peut être labourée en une journée. Longtemps avant Albert Einstein, l'espace se mesure par le temps.


(k) Discursivisation de la langue naturelle. La linguistique distingue des structures profondes (Noam Chomsky) et des structures de surface.


(l) Erosion. Du fait de la fractalité des côtes de Bretagne, la surface de contact de la terre ferme avec l'océan est beaucoup plus grande que celle d'un littoral rectiligne comme ceux de l'Aquitaine où se déposent les alluvions sablonneux. En augmentant sa surface, la fractalité a augmenté la résistance du Finistère à l'érosion. Pour revenir à l'ancien réductionnisme physicaliste (§ abstraction, ci-dessus). Si on avait résumé tout le littoral breton à un point moyen, doté d'une résistance moyenne, on aurait ignoré le phénomène de fractalité. L'erreur (considérable) sur la longueur des côtes de Bretagne (à l'échelle de la goutte d'eau, agent d'érosion hydraulique et d'érosion chimique) aurait conduit à une sous-évaluation de la force des marées ou à une sur-évaluation de la masse granitique initiale.


(m) Formation des nuages et de la pluie. Il est plus pertinent de considérer un nuage comme une gigantesque surface fractale que comme un volume homogène. Surtout quand ils sont soumis à de fortes températures (cumulo-nimbus), les nuages ne forment pas un volume homogène. L'étude détaillée de l'impact de la pluie sur le sol donne une image fractale, projection planaire de cette hétérogénéité volumique. Cette inégale répartition de la pluie est déjà une cause de l'inégalité du ruissellement.


(n) Gravitation quantique. Dans le cadre des recherches sur la grande unification entre Physique quantique et Relativité générale, le principe holographique donne une grande importance à la notion de surface.


- <<AI : Tenez-vous compte des travaux de la cognition artificielle dans votre propre recherche ?

MB : J'ai travaillé avec Francisco Varela. Nous avons beaucoup discuté de thèmes voisins : philosophie de la cognition artificielle, auto-poièse... Mais je continue pour ma part dans le domaine de la physique quantique, d'autant plus que j'y vois sans cesse des nouveautés. Par exemple ce dont je vous parlais tout à l'heure en évoquant la théorie quantique de l'information. Celle-ci se développe rapidement à cause de la contrainte technique que vous avez citée, la miniaturisation des ordinateurs qui nous conduit à la barrière de fait et conceptuelle entre le domaine classique et le domaine quantique. Ceux qui ont élaboré la théorie quantique de l'information se sont rendu compte que toute la théorie quantique était dérivable de là et que cela avait des implications philosophiques. Voici l'exemple d'un progrès récent et très important. Je voudrais aussi evoquer dans mes prochains travaux la gravitation quantique et toutes les théories sophistiquées qui s'y rattachent : super-cordes, géométries non commutatives et autres variantes intéressantes et moins connues. L'une des grandes nouveautés que j'ai vu apparaître récemment est le principe holographique, qui est vous le savez un principe général dont toutes les théories capables de prévoir les effets de gravitation quantique sont dérivables. Le principe énonce (en gros !) que toute l'information sur le volume des entités est contenue dans leur surface, cette surface d'interaction dont nous parlions tout-à-l'heure. (Michel Bitbol, 2 juillet 2004, entretien avec Jean-Paul Baquiast, document du web, site Automates Intelligents)>>.


(o) Voir Abstrait. Art des grottes. Auto-similitude. Captation visuelle du désir. Cartonnée. Condensation. Corps plein. Couche de blocage. Dimension de Hausdorff-Besicovitch. Dimension non-entière. Dînerée. Discontinuité. Evidence. Flocon de neige. Homo sapiens artiste. Koch. Mandelbrot. Moi-peau. Prise en compte de la fractalité. Sommet intermédiaire. Surface d'inscription. Surface réfléchissante. Télétravail.


(p) Lire "Amour Même". "Economie Crédit". "Fétiche Totalité". "NTCI et Territoire". "Parabole à Felletin". "Projet Recherche".




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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Samedi 19 Juillet 2008.



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