Gourd


En Forez.


(a) Dans le Forez et alentours, un gourd n'est pas un gourdin bien droit, ni un doigt engourdi par le froid, ni un gour souterrain, mais le méandre d'un cours d'eau, parfois dans une gorge. Jadis très poissonneux, le gourd du Croël est un méandre abandonné de la Loire. Il est le dernier vestige d'un fief et d'une rente noble, dans la paroisse de Feurs.


(b) Correspondent à cette définition et à cette graphie :


- <Gourd de Randan> et <Gourd Nantais> au Sud-Ouest de Feurs.


- Le ruisseau de Gourtarou à l'Est de la Loire, marquant la limite de Cleppé.


- <Le Gourd> à Neulise, à Saint-Laurent-la-Conche.


- Les Gourds des Aillères, à Sauvain, sur les Hautes Chaumes.


(c) On trouve une toponymie approchante :


- Les Gours à Chalain-le-Comtal ; au bord de la Loire, à Andrézieux-Bouthéon.


- Gournier à Monistrol-sur-Loire.


(d) Langage des oiseaux ou étymologie parodique. Si un gourd est un méandre et si le patois franco-provençal <ganda> désigne un détour, que faut-il penser d'une gourgandine ? La ligne de vie de cette femme de mauvaise vie n'est pas toujours très droite. Le mot apparaît en 1640.


(e) La Montagne Bourbonnaise a ses gours saillants. C'est près de là que vivent Les Pions.


- <<Les montagnards des Bois Noirs et la révolte des Pions. C'est un spectacle inoubliable qui est offert au touriste partant de Vichy et se dirigeant vers le Montoncel - le Montauciel - «ce sommet de la doyenne d'âge des Montagnes» encerclé par la belle forêt de sapins surnommée les Bois Noirs. En sortant de Cusset, le voyageur chemine d'abord dans une vallée ravissante où serpente le Sichon capricieux; en effet, ce ruisseau, tantôt déroule ses eaux calmes et limpides à travers des prairies verdoyantes, tantôt s'enfonce dans les bois touffus et mystèrieux, tantôt, par son inlassable caresse, creuse des «gours saillants» dans les murs rocheux qui l'encaissent. Après avoir traversé Ferrières - petite Suisse Bourbonnaise, si jolie au début de l'été quand la brise fait frissonner les papillons d'or des genêts en fleurs -, on arrive au Rocher Saint-Vincent, qui dresse fièrement sa tête de granit, entourée de légendes. En face de ce roc altier, s'étend une combe boisée, agréablement décrite par Batissier dans l'Ancien Bourbonnais ; c'est la commune de Lavoine, jadis comprise dans la baronnie de Griffier. A moins d'un kilomètre du bourg, se dresse, à 925 m d'altitude, un modeste hameau dont la célébrité remonte au milieu du XVIIIè siècle, époque à laquelle eut lieu la fameuse révolte qui fait l'objet de notre récit. «Chez Pions» était alors un petit village abritant une tribu d'environ 150 habitants, où prédominait la famille des Pions. Dans le Bourbonnais, les noms des domaines sont communs aux localités et aux familles qui les ont possédées. Quand les familles ont baptisé le hameau, on fait précéder celui-ci de la préposition chez : on dit, par exemple : chez Fradin, chez Pion. Quand la famille a pris le nom de l'agglomération, le hameau est précédé de la préposition vez ; par exemple : vez Becouze. Chez Pion comprend un ensemble d'habitations placées sur une ligne semi-circulaire faisant face à la montagne, sorte de place gazonnée, d'où émergent des roches. C'est, dit un auteur du siècle dernier, «le centre de superstition le plus actif de ce pays superstitieux, jadis peuplé de Fées et de Génies». On dit que les Pions voyaient d'un mauvais oeil les visiteurs du Montoncel, estimant que ceux-ci se rendaient au sommet pour déchaîner des orages sur la région. Se basant sur l'existence des clans chez les Pions, et croyant reconnaître des traces d'orientalisme dans leur patois rustique, certains archéologues ont émis l'hypothèse que ces montagnards étaient des descendants des Sarrasins qui, en 732, étaient venus piller le Prieuré du Moutier. Ne retrouve-t-on pas, d'ailleurs, dans la vallée voisine des Malavaux, une source que les gens du pays appellent indifféremment «Fontaine de la Vierge» ou «Fontaine des Sarrasins» ? On a prétendu qu'ils avaient le culte du Feu et des Fontaines ; certains ajoutaient même qu'ils adoraient le Soleil. C'est de la pure fantaisie. Le feu, ils l'aiment, certes, surtout quand il fait froid, car l'hiver est rude dans la montagne. Or, ils ont du bois à discrétion ; la scierie des Charmilles est à proximité et le sapin flambe gaiement dans l'âtre ou dans le fourneau. Il y a loin, de cette pratique naturelle, au sabéisme. Certes, les Pions consultent le ciel, à l'aurore, comme tous les paysans qui calculent la probabilité du temps en vue des travaux agricoles à effectuer; mais on peut bien regarder la lune ou l'astre du jour sans être, pour cela, un idolâtre. Quant aux fontaines, s'ils savent les aménager pour leurs besoins journaliers, ils en font peu d'usage pour leur boisson. Ils auraient plutôt le culte de la «chopine». Ils donnent même du vin chaud à leurs animaux, et certains y ajoutent du poivre pour mieux stimuler l'ardeur des boeufs tirant les lourds chariots, remplis de planches ou de troncs d'arbres, à travers des chemins défoncés. (Docteur Lère, "Les montagnards des Bois Noirs et la révolte des Pions", 1943, repris in "En Montagne Bourbonnaise... Les Pions", Editions des Amis de la Montagne Bourbonnaise, n° spécial, Hiver 2001, page 48)>>.


(f) Voir Bigny. Chambon. Chez-X. Forum Segusiavorum. Gourds des Aillères. La Bénisson-Dieu. Roche Gourgon. Saint-Maurice-en-Gourgois.





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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Lundi 14 Juillet 2008.



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