Creux
(A) Généralités.
(a) Apparition. Le nom français masculin <creux> (dont l'emploi est attesté par un écrit au XII ème siècle, vers 1180, sous les formes <crues> et <cruose>) vient du latin tardif <crossus>.
(b) Définition. Un creux est une "cavité", une "partie creuse".
- L'adjectif <creux, creuse> signifie "qui a une cavité intérieure", "profond", "enfoncé", "concave" ; "où il n'y a rien", "vide".
- L'adverbe <creux> est employé dans l'expression <sonner creux> signifiant "résonner comme un objet creux sur lequel on tape".
(c) Etymologie. Absent du latin classique, <crossus> dérive probablement d'un mot gaulois, c'est-à-dire employé par les Celtes, en Gaule.
(d) Références littéraires :
- <<- L'aigle avait ses petits au haut d'un arbre creux (…) La Fontaine, Fables, iii, 6.
- C'était un buste creux, et plus grand que nature. La Fontaine, Fables, iv, 14.
- Oh ! que la science sonne creux quand on y vient heurter avec désespoir une tête pleine de passions ! Hugo, Notre-Dame de Paris, VIII, iv.
- ce chandelier creux qu'est la Tour-Eiffel ! Huysmans, Là-bas, xvii, p. 234 (in Le Grand Robert)>>.
(B) Toponymie.
(a) Sous diverses formes, ce toponyme est très fréquent. Ce détail topographique est retenu parce qu'il a des conséquences météorologiques et agricoles.
(b) L'écoulement de l'air est réduit dans un creux. La nuit, l'air froid peut tomber des pentes qui le dominent. Enfin, le soleil matinal y arrive plus tard qu'aux alentours.
(c) Les creux ont donc souvent un microclimat favorable à la formation de brouillards, surtout quand les creux sont humides.
(d) C'est à l'existence cumulée d'un col (un point selle, le Tisenjoch) et d'un creux dans la roche de la crête du Similaun, creux au fond duquel il s'était caché de ses agresseurs ou protégé du vent, qu'Otzï, l'homme préhistorique retrouvé momifié dans un glacier, doit de ne pas avoir été entrainé dans le lit du courant de glace et de ne pas être démembré et dispersé.
(e) Voir Otzäl.
(C) En Forez.
Dans les Monts du Forez.
(a) Le Creux est une exploitation agricole, au nord du bourg de Roche-en-Forez. Elle tient son nom, synonyme de Crozet, d'un ravin parcouru par le ruisseau local, le Durel (nom devenu toponyme puis patronyme).
(b) Comme la Durolle de Thiers, le Durel est un cours d'eau qui dévale une roche pentue. Ici, la roche est la Rochebéranne. Dans le toponyme <Durel>, comme dans <Duron> et dans <Durolle>, la racine préceltique <Dora> désigne un cours d'eau dévalant une pente raide.
(c) Voir Creux de l'Oulette. Goutte de l'Oule. Hameaux de Roche en 1440.
(D) Patronymie.
(a) Un creux, parce qu'il donne un toponyme, est à l'origine de nombreux patronymes : Creux, Cros, Ducreux.
- <<Jean Cros, clerc juré de la cour de Forez, veut et ordonne que quatre-vingts pauvres assistent à ses obsèques, revêtus d'un chaperon et d'une robe de drap de serge noire, qui leur seront payés et livrés par son héritier (20 août 1389). ("Notice sur le recueil des testaments enregistrés en la chancellerie de Forez (1272-1467)", par Auguste Chaverondier, archiviste du département de la Loire, Saint-Etienne, 1888, page 12)>>.
(b) A Roche, Le Creux a donné son nom à la famille Ducreux. Au XVI ème siècle, par plusieurs mariages, la famille de Jean Ducreux a fusionné avec la famille de Claude Durel, de Rochebéranne, et celle de Jean Gourou, du Mas de Sauvain.
(c) Jean Ducreux (son testament date du 25 mai 1628) épouse Benoîte Durel (fille légitimaire de Claude Durel). Sa sœur, Jeanne Ducreux, épouse le frère héritier, Martin Durel. En outre, Martin Durel était parsonnier ou associé de Jean Ducreux, son beau-frère.
(d) Voir Héritier universel. Le partage de la montagne de Roche. Partage de la montagne de Sauvain. Surnoms de famille.
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Mis en ligne le Samedi 19 Juillet 2008.
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