Silex

(a) Géologie. Le silex est une roche dure, formée de silice presque pure, dont la taille a été l'une des premières industries humaines. Les silex (objets isolés) sont des accidents siliceux en milieu calcaire, d'où leur importance dans le Bassin Parisien. Les argiles à silex résultent de la décalcification de la craie. En effet, pendant le Nummulitique, sous l'action d'un climat chaud et humide, les eaux de pluie, chargées de gaz carbonique, ont dissous les calcaires et les dolomies. Constitués de calcédoine, les silex ont souvent une patine blanche de calcédoine microporeuse. Le silex est beaucoup plus rare dans le Massif Central puisque la transgression maritime de l'ère secondaire n'a pas atteint ses altitudes. Avant même l'âge du bronze, des transport et des échanges de pierres devaient se faire, par la vallée de la Loire. Mais le silex n'est pas la seule matière première.


- <<Le silex est une roche commune qui se taille bien et qui a été très largement employée. C'est une roche organique formée, au sein d'anciens sédiments marins, par la transformation moléculaire et la concentration de la partie siliceuse d'organismes (radiolaires, diatomées, spicules des éponges...). Il se présente sous forme de rognons arrondis, parfois de plaquettes, en bancs horizontaux dans les falaises crayeuses — c'est le silex de la craie — et dans les terrains comprenant des résidus de couches de craie décalcifiées ou démantelées par l'érosion — c'est le silex répandu sur le sol ou dans les alluvions. Une cassure d'un morceau de silex montre sous la surface externe blanchâtre, le cortex, une masse translucide, parfois opaque, d'une couleur variable, brun foncé, jaune, rouge, voire jaspée, et qui prend avec le temps une patine lustrée. (Albert Ducros, "Préhistoire de la France, Belgique, Luxembourg, Suisse", Fernand Nathan, Paris, 1983, page 31)>>.


(b) Vestige. En 1838, Boucher de Perthes découvre, dans les terrasses de la Somme, des silex taillés. En les considérant comme des traces d'industrie humaine, il crée la recherche sur la Préhistoire.


- <<La roche la plus recherchée pour les outils était généralement le silex, encore que l'on fit aussi usage de l'obsidienne, du cristal de roche, des quartzites, et d'autres matières minérales moins adéquates à l'obtention d'une bonne taille. Outre qu'il est une roche très dure, le silex offre cette particularité que l'on peut détailler par percussion ou par pression, en détachant des éclats ou des lames aux arêtes tranchantes. (Henri Tissot et alii, "La Préhistoire", Laffont, Paris, 1975, pages 30-31)>>.


(c) Depuis plus de 500 000 ans, la frappe d'un silex (ou d'un quartz) sur de la marcassite (minéral contenant du fer et du soufre) ou de la pyrite blanche est une méthode pour produire une étincelle chaude et du feu.


- La pyrite est un "minéral provenant de la combinaison du soufre avec le fer ou le cuivre".


- <<La marcassite : C'est un minéral cristallin composé de fer et de soufre. Ses caractérisriques sont proches de celles de la pyrite mais sa masse volumique est inférieure. La marcassite s'oxyde rapidement (un petit coup de laque à cheveux sur les cristaux permet d'améliorer sa longévité). ("Le feu par percussion", document du web)>>.


- <<La méthode par percussion : Cette technique d'allumage du feu est attestée depuis la fin du paléolithique supérieur pendant la période du Magdalénien (entre - 35 et - 10000 ans environ). On a retrouvé les divers minéraux utilisés par les hommes de Cro Magnon. Contrairement à une idée reçue et fort répandue, on ne peut pas allumer du feu avec une étincelle produite par la percussion de deux silex. L'étincelle produite ainsi, est dite "froide" et ressemble à l'étincelle bleue des allume-gaz de cuisine. En aucun cas elle ne sera capable de créer la combustion d'un végétal naturel, aussi sec soit-il. Le matériel utilisé pour allumer du feu par percussion :

Un silex ou un quartz : une roche très dure. La partie blanche extérieure est le cortex et le centre le silex proprement dit.

Une partie d'un champignon poussant sur les troncs d'arbres malades : l'amadouvier. On le traite et on le prépare de façon à ce que l'étincelle crée une braise, qui se conserve facilement. On obtient une sorte de "tissu".

Un minéral, la Marcassite, (constitué de fer et de soufre) que l'on peut trouver à l'état naturel dans des argiles.

De fines herbes très très sèches ou des aiguilles de pin ou de cyprès sèches qui vont s'enflammer au contact de la braise..

Le mode opératoire : On frappe la marcassite contre le silex de façon à en arracher des étincelles qui vont tomber sur l'amadou et ainsi créer une braise sur celui-ci, comme au bout d'une cigarette. Les étincelles produites sont très efficaces car grâce à la présence de soufre, elles ont une durée de vie assez longue. Il suffit ensuite d'enflammer les herbes sèches avec cette braise : il ne faut pas hésiter à souffler très fort ! L'opération, avec du bon matériel et de l'habitude, prend seulement 2 à 3 minutes (par temps sec !). (Allumage du feu, "La méthode par percussion", document du web, Site du Lot)>>.


- <<L'éclat de silex tenu de la main droite percute la boule de marcassite, fendue par le milieu et posée dans la main gauche. Un doigt bloque l'amadou a proximité du point de choc et des étincelles. Il faut soigneusement préparer le champignon qu'il faut gratter, pour l'effilocher, avec le tranchant d'un couteau. Il faut ensuite placer convenablement cet amadou, en le tenant avec le doigt, sous la surface de choc et sur la trajectoire des étincelles. Si l'on est précis dans le geste, on arrive, sans grandes difficultés au bout de quelques essais, à loger une petite particule incandescente dans le fragment cotonneux. L'ignition, de plus, gagne rapidement toute la masse de l'amadou. Par inclination personnelle, nous préférons actuellement utiliser deux rognons de marcassites en retrouvant le procédé fuégien décrits par Darwin (deux marcassites et un champignon). Le silex trop dur a, en effet, trop tendance à éclater trop vite la pyrite. (Jacques Collina-Girard, "Comment faire du feu avec de la marcassite et du silex ?")>>.


(d) La taille des silex permet de définir le Paléolithique ou âge de la pierre taillée. Mais la taille s'est prolongé au Néolithique et à l'âge du bronze. Le 24 février 1873, à Volgu, commune de Rigny-sur-Arroux, on a découvert une cachette de silex taillés en feuilles de laurier. Cette technique est le summum de la taille du silex. On peut dater ces silex du Solutréen (- 18 000 à - 15 000 ans) au Paléolithique supérieur. Ils sont peut-être issus de Solutré, ce qui suppose un transport. Ces silex taillés avaient un usage religieux ou hiérarchique. Mais ils datent peut-être du Néolithique. Le site de Volgu est sur une voie de passage fréquentée (la vallée de l'Arroux) vers le Camp de Chassey. A Rigny-sur-Arroux et à Marly-sur-Arroux, on constate une cohabitation du Moustérien (Homme de Neandertal) et de l'Aurignacien (Cro-Magnon) pendant 2 ou 3 000 ans.


- A propos des silex de Volgu, qu'il considérait comme paléolithiques, Joseph Déchelette écrivait : <<Pour en trouver d'aussi beaux, il faut les chercher aux temps néolithiques, parmi les merveilleuses pièces de l'Egypte et de la Scandinavie. (Joseph Déchelette)>>.


(e) A Pincevent, près de Montereau (Seine-et-Marne), sur la rive gauche de la Seine, des chasseurs magdaléniens ont laissé des accumulations de silex taillé et des ossements de rennes. Ces objets datent de la fin du Paléolithique supérieur, vers 10 000 avant Jésus-Christ.


(f) Les hommes préhistoriques n'ont pas utilisé que le silex. En son absence ou sa rareté, s'offraient à eux le jaspe, l'obsidienne, le quartz, le quartzite, le grès lustré, les roches éruptives (basalte), les bois et les tufs silicifiés. On a même utilisé du même le granite aux Guérains. En Ethiopie, les Australopithèques de la vallée de l'Omo, proches voisin de Lucy, étaient accompagnés d'éclats de quartz taillés.


(g) Plus tard, la roche meulière a servi à produire des meules pour la farine. Aujourd'hui, le silex sert surtout dans la fabrication du béton.


(h) Références.


- Jacques Collina-Girard, "Le feu avant les allumettes", Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, 1998.


- Jacques Collina-Girard, "Le feu domestiqué", in Pour la Science, 1999, pages 56-61.


(i) Archéologie aérienne. Les caravaniers qui reliaient Palmyre aux rives de l'Euphrate repoussaient les silex de part et d'autre, pour épargner les pieds et les genoux de leurs chameaux ou chevaux. Sous une lumière rasante, depuis le ciel, on a pu retrouver un des itinéraires antiques, bordé par deux petits talus de silex accumulés.


(j) Voir Age du fer. Moulin à eau. Moustérien. Route de l'étain. Tancon.





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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Vendredi 25 Juillet 2008.



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