Opposition paradigmatique



(A) En Sémantique.



(a) L'opposition paradigmatique concerne la signification des termes que nous employons. Un exemple d'opposition paradigmatique est l'opposition des significations des mots <grand> et <petit>. On apprend le sens d'un mot par rapport à celui de l'autre. On ne comprend le mot <grand> que par rapport au mot <petit>. Le couple [grand, petit] définit un paradigme qui est celui de la taille. L'opposition la plus radicale se joue entre deux termes. Ce n'est pas toujours le cas. Le paradigme des couleurs comprend plus de mots. Mais, dans ce cas, il y a gradation et non plus opposition. L'opposition paradigmatique est un dualisme fondamental au cœur de la sémantique. L'opposition paradigmatique est l'origine binaire du sens des mots ou des lexèmes. L'opposition paradigmatique est la forme élémentaire d'un paradigme en linguistique.


- <<Il n'y a de réaction qu'opposée à une action. Spatiale : on pense spontanément la réaction comme si elle repoussait une action. Temporelle : il n'y a de réaction - apparemment - que consécutive à une action qui la précède et la provoque, même si l'action et la réaction peuvent être envisagées comme infiniment rapprochées. (Jean Starobinski, "Action et Réaction. Vie et aventures d'un couple", Seuil, La librairie du XXe siècle, 1999, page 18)>>.


(b) C'est une opposition paradigmatique qui sépare le sens du mot <haut> du sens du mot <bas>. Ces deux mots définissent le paradigme de la hauteur, au sein duquel ils s'opposent comme deux poles. Les mots <droite> et <gauche> ne prennent leur sens que dans et par une telle opposition, au sein du paradigme de la latéralité. Il est donc important de les apprendre simultanément, puisque le sens de chacun implique celui de son opposé. Comment comprendre <devant> sans <derrière> ? Comment repérer le sens du mot <aujourd'hui> si ce n'est au cœur de l'opposition paradigmatique entre <hier> et <demain>. C'est aussi découvrir la notion de cours du temps. Chacun peut constater que ces acquisitions ne sont pas évidentes pour l'enfant. <Haut> et <bas> appartenant au même paradigme, toute phrase comportant l'adverbe <haut> garde un sens (mais opposé) si on lui substitue <bas>, quitte à substituer aussi un verbe en opposition paradigmatique [monter, descendre]. Le pléonasme <je monte en haut> (relation de redondance) deviendra la contradiction <je monte en bas> ou le pléonasme inverse <je descend en bas>.


(c) L'opposition paradigmatique produit simultanément, par cette opposition même, le sens de deux mots. Mais cette opposition ne reflète pas la réalité. Le plan du signifiant n'est pas le plan du signifié. Mais le système de signes formé par ses deux plans n'est pas le réel dont parle la langue. Le fait que le sens de <haut> se définisse par opposition à celui de <bas> n'empêche pas, sans la moindre contradiction, qu'une chose A soit à la fois plus haute qu'une chose B et plus basse qu'une chose C. Les oppositions paradigmatiques n'épuisent pas la complexité de l'Univers.


(d) Dans son premier roman à succès, "Le Repos du guerrier" (1958), Christiane Rochefort (Paris, 1917 ; 24 avril 1998) met dans la bouche de son guerrier (Renaud Sarti) la parole suivante : <Et je démontrerai que, de l'amour, si l'on enlève tout ce qu'il n'est pas absolument, il ne reste rien, absolument rien". De fait, la définition de l'amour ne saurait être celle de la jalousie, ni celle de l'envie, ni celle de la possession, ni celle de l'orgueil. Mais cette extinction du contenu ou de la pertinence du concept par la recherche d'une pureté absolue ou d'une absence totale de mélange pourrait s'appliquer à n'importe quelle autre définition.


(e) Pour des spécialistes, comme Algirdas Julien Greimas ou Joseph Courtès, l'opposition binaire génère aussi un carré sémiotique. En effet, au couple de contraires [gloire, humiliation] s'ajoutent deux subcontraires qui sont la non-gloire et la non-humiliation. Ces quatre termes forment les quatre sommets d'un carré sémiotique.


(f) Voir A partir d'un mot. Combinaison syntagmatique. Présupposition réciproque. Relation. Sémantique psychologique. Structure élémentaire de la signification. Trialectique.



(B) En Sociologie.



(a) Les oppositions paradigmatiques forment aussi un système social et politique. La domination masculine, la division du travail sexuel, la division sexuelle du travail et la division sexuelle des émotions, quoique variables au cours de l'Histoire, se naturalisent en se plongeant dans l'ensemble des premières oppositions paradigmatiques. Citation :


- <<Arbitraire à l'état isolé, la division des choses et des activités (sexuelles ou autres) selon l'opposition entre le masculin et le féminin reçoit sa nécessité objective et subjective de son insertion dans un système d'oppositions homologues, haut / bas, dessus / dessous, devant / derrière, droite / gauche, droit / courbe (et fourbe), sec / humide, dur / mou, épicé / fade, clair / obscur, dehors (public) / dedans (privé), etc., qui, pour certaines, correspondent à des mouvements du corps (haut / bas // monter / descendre, dehors / dedans // sortir / entrer) (Pierre Bourdieu, La Domination masculine, page 13)>>.


(b) Chaque opposition est arbitraire dans le choix des signifiants. Elle est relativement motivée dans l'opposition des signifiés. Mais, dans ce catalogue d'oppositions pures, se cache une collection de métaphores permettant de faire de l'homme dessus, l'homme dominant et de la femme-mise-sous, la femme soumise. Citation :


- <<Aussi ne voit-on pas comment pourrait émerger à la conscience le rapport social de domination qui est à leur principe et qui, par un renversement complet des causes et des effets, apparaît comme une application parmi d'autres d'un système de relations de sens parfaitement indépendant des rapports de force. Le système mythico-rituel joue ici un rôle qui est l'équivalent de celui qui incombe au champ juridique dans les sociétés différenciées : dans la mesure où les principes de vision et de division qu'il propose sont objectivement ajustés aux divisions préexistantes, il consacre l'ordre établi, en le portant à l'existence connue et reconnue, officielle. (Pierre Bourdieu, "La Domination masculine", page 14)>>.


(c) Le cas échéant, cette naturalisation ne va pas sans de flagrantes contradictions, car tous les paradigmes ne sont pas valorisés dans le même sens. C'est le cas pour l'opposition entre activité et passivité, ou celle entre travail et loisir.


- <<Anne Chemin : Ce travail de déconstruction achevé, que reste-t-il des différences de «nature» entre les hommes et les femmes ?

Françoise Héritier, Collège de France : Il n'en reste plus qu'une : l'enfantement, cette asymétrie biologique qui fait que ce sont les femmes qui mettent au monde les bébés ! Pour le reste, les hommes et les femmes ont les mêmes capacités cérébrales, physiques, mentales, intellectuelles ou morales.

Anne Chemin : Pourquoi la différence entre le masculin et le féminin est-elle devenue l'un des éléments fondateurs de nos sociétés ?

Françoise Héritier : Au commencement de l'humanité, les hommes ont cherché à donner du sens à la distinction incontournable qu'ils observaient chez tous les groupes animaux et humains : l'existence de deux sexes, les mâles et les femelles. Ce fait irréductible, ce véritable «butoir pour la pensée», les a conduits à créer une pensée catégorielle fondée sur la distinction entre le même et le différent. Sur ce modèle du féminin et du masculin, ils ont ainsi inventé des centaines de catégories mentales qui vont des plus ordinaires - le haut et le bas, le chaud et le froid, l'actif et le passif, etc. - aux plus intellectuelles - le licite et l'illicite, le rationnel et l'irrationnel, le sain et le malsain, etc. Lesquelles ont été associées au masculin ou au féminin mais à chaque fois, les valeurs masculines, quelles qu'elles soient, ont été valorisées et les valeurs féminines dévalorisées. En Europe, par exemple, où l'activité est une valeur masculine et la passivité une valeur féminine, c'est la valeur masculine - l'activité - qui a été valorisée car elle a été associée à la maîtrise du monde et à l'emprise sur les choses. Dans les sociétés hindoue et chinoise, c'est au contraire la passivité qui est associée au masculin et l'activité au féminin. Mais malgré cette inversion, c'est là aussi le masculin qui a été valorisé : la passivité des hommes a été associée à la maîtrise de soi, des affects et des désirs, alors que l'activité des femmes a été considérée comme une agitation déréglée et brouillonne. (in Le Monde 2, le 3 février 2007)>>.


(d) Voir Domination comme principe. Illusion ethnique. Rapport social de puissance. Violence symbolique.


(e) Lire "Domination Masculine".



(C) En Psychanalyse.



(a) Fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud a cru pouvoir s'appuyer sur une théorie du linguiste Karl Abel. Ce dernier croyait avoir constaté que, dans les langues les plus anciennes (alors connues), le même mot servait à désigner une chose et son contraire. Mais cette hypothèse d'Abel est contestée par tous les linguistes. Il est vrai que le mot <tabou> peut signifier des choses opposées. De même, <nom de Dieu> sert autant à exprimer le respect servile que la plus noire colère.


- Un <principe de contraste> correspond à <<l'enchaînement associatif très serré des idées qui lie la représentation d'une chose à son opposé (Freud)>>.


(b) Freud s'appuie sur les travaux linguistiques de Méringer. Mais la <conscience verbale> de l'un devient <l'inconscient du désir> de l'autre. Citation :


- <<De nombreuses observations m'ont montré que ce remplacement d'un mot par son contraire est un phénomène très fréquent. Etroitement associés dans notre conscience verbale, situés dans des régions très voisines, les mots opposés s'évoquent réciproquement avec une grande facilité. (Méringer, cité par Sigmund Freud, dans Psychopathologie de la vie quotidienne, page 72)>>.


(c) L'opposition paradigmatique permet-elle de passer de l'inconscient au conscient ? Pour Freud, l'inconscient ne connait ni le temps ni la contradiction.


- <<Ce qui, dans le conscient, se présente clivé en deux termes opposés, bien souvent ne fait qu'un dans l'inconscient. (Freud, 1910)>>.


(d) Ou encore :


- <<Le rêve excelle à réunir les opposés et à les représenter en un seul objet (...), en un seul et même élément manifeste (...) qui peut signifier l'un et l'autre à la fois.>>


(e) Avec ses associations d'idées, la cure psychanalytique fait grand usage des métaphores et des oppositions paradigmatiques. En fondant la psychanalyse historique, un Freud misogyne n'a eu qu'à naturaliser certaines oppositions (masculin / féminin ; actif / passif ; nature / culture) pour satisfaire ses pulsions agressives. Il y a parfois loin du mythe scientifique à la conjecture scientifiquement réfutable.


(f) Par l'importance accordée au langage (<l'inconscient est structuré comme un langage>), Jacques Lacan aurait pu amorcer un travail plus critique. Mais le spectacle social est si captivant ! Et le cerveau du langage (néo-cortex) n'est pas le même que le cerveau des instincts (cervelet, bulbe rachidien, etc.). C'est aux psychanalystes d'aujourd'hui qu'il importe :


- de faire (ou d'admettre) une critique sociologique des bases de leur discours ;


- de se préoccuper des apports des sciences cognitives ou de l'éthologie.


(g) Voir Activité. Activité et passivité. Féminin égale nature. Passivité. Pomme.



(D) En Biologie.



(a) Pour éviter que l'estomac ne se digère lui-même, au renouvellement rapide de ses cellules, s'ajoute l'opposition du pôle basal et du pôle apical de son épithélium.


(b) Voir Cellule biologique. Enveloppes psychiques. Etayage. Moi-peau. Mucus. Mythe.



(E) Mémoire.



(a) En étudiant les mécanismes de la mémoire, on s'aperçoit que la mémorisation fait appel à des associations d'idées.


(b) Les adultes utilisent volontiers les oppositions paradigmatiques (haut-bas ; chaud-froid ; homme-femme), tandis que les enfants utilisent plutôt les relations de contiguïté (homme-travail). Les oppositions paradigmatiques seraient donc très largement acquises, au cours de la formation scolaire.


(c) Le substrat énergétique des opposition de termes pourrait être constitué par l'état T de la logique énergétique de Stéphane Lupasco.


- <<Une coexistence de termes oppositionnels, c'est-à-dire d'appareils neurologiques antagonistes, doit conditionner la conscience sensorielle. Le fait est indiscutable, quel que soit le mécanisme qui le sous-tend, son support biochimique, en dernière analyse, énergétique. Ce qui renforce son caractère, c'est qu'il existe également dans la pure représentation mentale, c'est-à-dire dans le cerveau seulement, avant, après et en dehors de toute actualisation disjonctive qui fait entrer l'un au détriment de l'autre sur la scène de la conscience. Les termes de la dualité se trouvent alors dans une situation nouvelle – de souvenirs, mais cela ne veut pas dire grand-chose avant d'expliciter ce qu'est un souvenir – ni potentiels ni actuels, mi-potentiels et mi-actuels, dans cet état T de ma logique de l'énergie. Je possède en moi, dans mon cerveau, le couple oppositionnel, l'aigre et le doux, la lumière et l'ombre, le bruit et le silence, etc., etc. Ce ne sont pas des sensations à proprement parler, mais ce sont des états internes de conscience. Et lorsque l'un des termes s'actualise, l'autre s'estompe, disparaît presque, mais non pas rigoureusement, sans quoi je ne saurais qu'il y a lumière ou ténèbre, etc. Nous ne savons pas si cet état T des sensations existe dans la conscience des autres êtres vivants, mais ils ne font aucun doute dans notre conscience d'homme. Une chose est lisse ou rugueuse, chaude ou froide, etc., par rapport à des potentialités oppositionnelles dans mon cerveau seulement, mais c'est ainsi, de par cette disjonction, que l'appareil sensoriel opère l'information conscientielle du monde extérieur et intérieur (je me sens lourd ou léger, lent ou rapide), mais dans les centres cérébraux les choses sont des dualités manifestement opposées et à titre de mi-potentialité mi-actualisation, dans l'état T. C'est le pur psychique qui s'élabore ainsi, à partir de ces dualités sensorielles dans cet état T, elles-mêmes à partir des actualisations et des potentialisations disjonctives, du physique comme du biologique. (Stéphane Lupasco, "L'Energie et la matière psychique. Ses logiques normales et pathologiques", Julliard, Paris, 1974, pages 125-126)>>.


(d) Voir Informations. Les Trois matières. Logique du contradictoire.



(F) Rhétorique.



(a) Une opposition paradigmatique peut soutenir plusieurs figures de rhétorique.


(b) Une opposition paradigmatique peut aussi faire un bon titre pour un ouvrage, ainsi, l'opposition entre l'esprit d'un texte et la lettre d'un texte suggère à saint Augustin le titre "De spiritu et littera".


(c) L'ouvrage de l'évêque d'Hippone est destiné à réfuter le pélagianisme. De fait, en Orient, devant un synode épiscopal, Pélage faisait oralement et en grec des proclamations que contredisaient ses écrits en latin.


(d) L'origine de la formule se trouve chez saint Paul : <La lettre tue, mais l'Esprit vivifie. (II ème épître aux Corinthiens, 3,6)>>.


(e) Certains couples de mots sont entrés dans des oppositions paradigmatiques, suite à des fables ou au succès d'autres figures de réthorique :


- loup et agneau ;


- faucons et colombes.



(G) Usages divers de la locution :



(a) La philosophie autrichienne met en exergue la concision, la précision et la clarté, d'où une opposition entre bavardage et exactitude.


- <<Résumé. La philosophie autrichienne, depuis Bolzano jusqu'à Musil et Wittgenstein en passant par Mach et la tradition brentanienne, est marquée par une obsession singulière : la clarté et la précision. Quelques traits de cette obsession, en particulier la critique sévère des différentes formes de bavardage philosophique, sont décrits et situés par rapport à la culture autrichienne en général. Mais chaque vertu a son vice, et les vertus cognitives de la pensée autrichienne n'échappent pas à la règle. Quatre exemples de la pathologie de la précision sont analysés : Freud, Ehrenfels, Weininger et le dernier Husserl (le philosophe allemand). [...] La production artistique et théorique de la monarchie danubienne, surtout dans les trente dernières années de son existence, se caractérise entre autres par une recherche de clarté et d'exactitude, recherche que l'on ne remarque pas seulement comme un thème qui réapparaît sans cesse, mais qui se révèle surtout dans l'effort d'être exact. J'aborderai ce thème en deux temps : j'aimerais premièrement rappeler le caractère répandu et central du thème de l'exactitude dans la monarchie danubienne. Je m'occuperai ensuite d'un courant théorique peu connu, mais qui fut néanmoins très influent à l'intérieur de la philosophie (ou plutôt des philosophies universitaires) et qui étudia de manière intense l'opposition entre philosophie exacte et philosophie inexacte. Les travaux de Franz Brentano, ainsi que ceux de ses élèves et «héritiers», sont à bien des égards de véritables paradigmes de la philosophie moderne. Ils préfigurent ainsi la «philosophie analytique», surtout en regard des «préceptes» d'exactitude qu'ils ont établis et de leur description des variétés de la philosophie inexacte. Pour Brentano, mais aussi par exemple pour Robert Musil et pour des philosophes autrichiens plus tardifs tels que Ludwig Wittgenstein, la thématisation expresse de l'exactitude et de son contraire, le bavardage, était une préoccupation théorique centrale. Il en est de même pour leur grand prédécesseur Bernard Bolzano, le «maître de la clarification» (Hugo Bergmann) et pour Ernst Mach, leur grand contemporain. Malgré l'importance de l'opposition dans l'ensemble du spectre de la création artistique ainsi que la place tenue par sa partie constitutive, nommément l'activité philosophique des brentaniens et de Musil, cette opposition ne saurait être traitée de manière adéquate que moyennant une taxonomie encore inédite de l'histoire des idées. Aussi, j'y contribuerai par quelques indications, pour ensuite exposer deux choses : d'une part, je m'occuperai des formes de bavardage contre lesquelles se sont élevés un si grand nombre d'artistes et de penseurs autrichiens et par rapport auxquelles ils se sont eux-mêmes définis. D'autre part, j'aimerais souligner une sorte de bavardage spécifique à l'Autriche et qui, vraisemblablement, ne se produit que là où la conscience de l'opposition entre exactitude et bavardage est déjà affinée. Selon un mot de Goya, le rêve ou le sommeil ferait naître des monstres à la raison. Au moyen des quelques exemples qui suivent, je tenterai de montrer qu'à cette raison, dont l'histoire des idées de la monarchie danubienne nous livre tant d'exemples, le sommeil engendre des monstres typiquement autrichiens. (Kevin Mulligan, Genève, "Exactitude et bavardage. Gloses pour une opposition paradigmatique dans la philosophie autrichienne", in Philosophiques, Automne 1999 et document du web)>>.


(b) L'opposition paradigmatique prend son sens dans une opposition plus vaste entre le paradigme (les mots que l'on pourrait employer, dont on n'utilise généralement qu'un seul) et le syntagme (ensemble des mots que l'on combine dans la phrase ou dans le paragraphe exposant l'idée concernée).


(c) Référence bibliographique :


- "Le structuralisme et la grammaire générative transformationnelle à la lumière de l'opposition paradigmatique - syntagmatique" est un article de J. Kaldeway et G. Koefoed, in Forum der Letteren La Haye, 1999.


- <<Importance respective dans le structuralisme européen et dans le distributionnalisme américain des axes paradigmatique et syntagmatique définis par Saussure. Depuis l'hypothèse lexicaliste la théorie transformationnelle permettrait une description des deux "systématiques". (CNRS, Résumé)>>.


(d) La locution <opposition paradigmatique> peut aussi viser l'opposition entre deux paradigmes scientifiques, au sens de Thomas Kuhn.


(e) Références d'usage du terme dans cette acception :


- <<La version keynésienne des «impératifs métaphysiques et méthodologiques» sont pour nous l'incertitude et le circuit : c'est l'incertitude qui oblige à anticiper, et anticiper de façon réelle , c'est-à-dire avec possibilité d'erreurs (contrairement aux «anticipations rationnelles» néoclassiques. qui ne sont pas en fait des anticipations, mais une façon de ramasser l'avenir dans le présent en le vidant de sa substance, précisément non connu ), anticipations qui sont la condition des erreurs de jugement et des approximations de calcul qui construisent l'équilibre de sous-emploi ; c'est le circuit enfin qui permet de penser les rouages macroéconomiques, faits de contagion et de multiplication . Sans incertitude, l'avenir est certain et les plans sont nécessairement corrects ; sans circuit, pas de propagation, mais des équilibrages sectoriels : comme on peut le voir, ces deux termes construisent l'opposition paradigmatique des keynésiens et des orthodoxes. La place de la monnaie, entre parenthèses aussi, est différente de celle du marché dans l'ensemble orthodoxe cependant. Si c'est bien un «liant» aussi, qui permet par le biais du circuit de combattre l'incertitude (les vertus de la création monétaire), ce n'est nullement un «continent noir» puisque au contraire la monnaie est au coeur de l'écriture du drame keynésien du chômage volontaire en équilibre de sous-emploi : «l'incertitude conduit (.) les agents, dans leurs décisions patrimoniales, à arbitrer entre des encaisses liquides pour motif de transaction ou de précaution et la détention de titres : ils ont une certaine 'préférence pour la liquidité'. Le taux d'intérêt est alors défini par Keynes comme étant le prix du renoncement à l'incertitude. En raison de l'incertitude, le comportement indéterminé des différents agents détenteurs de patrimoine (.) conduit à une fixation purement conventionnelle du taux d'intérêt», fixation qui peut exercer un effet dépressif sur l'investissement, et par conséquent sur la production induite et l'emploi. On a bien là une opposition paradigmatique : les cosmologies n'ont pas de point commun, puisqu'elles sont organisées avec des «briques» différentes. Si les causalités peuvent être comparées, c'est au prix de simplifications de contenu des concepts : on assimilera «quantités de travail échangées» et «niveau d'emploi» notamment, alors que ces deux formulations ne sont pas identiques, comme nous l'avons vu. (Nicolas Rossignol, "Paradigmes et incommensurabilité", document du web, 13 mars 2007)>>.


- <<Deux "visages" de l'homme se dessinent au travers de ces deux "nouveaux paradigmes" :

- L'homme contre nature ...versus... L'humanité, nature des choses réalisées ;

- L'homme accusé ...versus... L'homme appelé à s'accomplir ;

- L'homme désarmé ...versus... L'homme appelé à cultiver sa maîtrise ;

- La tentation diabolisante ...versus... Le travail symbolique de réalisation révélatrice ;

- L'hédonisme victimaire ...versus... La responsabilité engagée ;

- L'antihumanisme théorique "dissolution de l'humanité" dans le procès de connaissance ...versus... Conscience du Sens humain des réalités pour une appropriation responsable ;

- L'antihumanisme pratique, chasse au principe d'humanité par injonction de réduction au système (naturel, économique, "social"...). ...versus... Exercice de la maîtrise humaine de réalisation révélatrice dans l'accomplissement de vocations personnelles et collectives.

En conclusion le thème du nouveau paradigme met en évidence un changement profond par rapport aux "paradigmes" traditionnels dont on verra de plus en plus radicalement les remises en question. (Roger Nifle, "Changements de paradigmes", Conférences Vanves)>>.


(f) Dans "Adolphe", un roman de Benjamin Constant, A. L. Amprimoz note l'<opposition paradigmatique chaud ou froid, et le motif volcanique qui en est un sous-système>. Il expose cette découverte dans un article intitulé "Adolphe de B. Constant : un roman engendré par son axe

thermique" in The Romanic Review (New York, 1984).


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Auteur. Hubert Houdoy le Jeudi 22 Mai 2008



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