La Pierre à Ruskin


(a) Géographie des Alpes. Dans la vallée de l'Arve, à proximité immédiate de Chamonix, la Pierre à Ruskin est un lieu d'où l'on a un recul suffisant pour admirer le Mont Blanc sans se tordre le cou et sans avoir à monter jusqu'au Lac Blanc, La Flègère ou le Brévent.


(b) La Pierre à Ruskin, maintenant "au-dessus de la gare inférieure de Planpraz", est ainsi nommée en souvenir du peintre et poète anglais John Ruskin, amoureux de la région. C'est là qu'il venait méditer sur le Mont Blanc et sur les Aiguilles de Chamonix.


(c) La Pierre à Ruskin est sur un itinéraire de ballade nommé le Petit Balcon Sud qui passe aussi au rocher des Gaillands. C'est là que Roger Frison-Roche, jeune membre de la Compagnie des Guides de Chamonix, a participé à la création d'une école d'escalade. Si un apprenti grimpeur se déroche et qu'un guide vient le secourir, on est prié de ne pas rire. Bis repetita non placet.


(d) Littérature. La Pierre à Ruskin n'est pas très éloignée du village des Moussoux. Depuis le Moëntieu des Moussoux, le jeune Servettaz vient aussi contempler le Mont Blanc et le Grépon, où il se sentait si sûr de lui. Hélas, depuis sa chute dans les Drus verglacés, et la trépanation qui a suivi, Pierre a découvert, à la cascade de Blaitère puis dans la paroi du Brévent, qu'il est sujet au vertige. Depuis, il est désespéré . Honteux, il fuit la compagnie de ses amis, Boule, Fernand Lourtier et Paul Mouny. C'est là que Paul Mouny le retrouve. Il lui demande de venir accueillir avec eux Georges à la Clarisse, son ami, le porteur qui a sauvé la vie du client américain de Pierre Servettaz et dont les deux pieds ont été gelés à cette occasion.


(e) Référence littéraire :


- <<Paul Mouny est descendu du village du Tour de bon matin, à motocyclette, et tout de suite il s'est mis à la recherche de Boule et de Fernand Lourtier. Fernand coupe son bois derrière la maison, et, au fur et à mesure, empile les bûches sous la galerie, en tas bien symétriques, fleurant la poix et la résine. En apercevant Paul, il lâche le chevalet et la scie pour s'enquérir jovialement :

« Tu viens me donner un coup de main, Paul ? Justement, j'ai encore deux ou trois mètres cubes à débiter.

- Laisse tout ça, et va te changer !... commande Paul. Georges à la Clarisse arrive aujourd'hui de Genève. On va l'attendre et fêter son retour !

- On va chercher Boule ?

- Bien sûr. Et puis... faudrait également prévenir Pierre.

- Savoir s'il viendra ? C'est un véritable ours en ce moment.

- Raison de plus pour qu'il vienne ; il peut pas refuser ça à Georges !

- C'est une idée ; file au Moëntieu, moi je cours chez Boule. »

Paul escalade bravement avec sa moto le chemin pierreux et cahoteux des Moussoux ; il monte le plus haut possible, jusqu'à la croix de bois érigée au cours de la dernière mission du village, juste sous le gire du Moëntieu. Accotant sa moto contre le soubassement de la croix, il monte rapidement jusque chez Pierre. Marie Servettaz le renseigne d'un air las.

« Il n'est pas chez nous... il est parti par la traverse il y a un quart d'heure. Tu le trouveras peut-être vers la Pierre à Ruskin ; c'est là qu'il va rêver quand il lui prend ses envies de solitude. »

Paul suit le petit sentier à travers prairies et biollays qui coupe du Moëntieu jusqu'à la Pierre à Ruskin. De loin, il reconnaît Pierre, couché de côté dans l'herbe, la tête appuyée sur le coude et qui semble rêver face à la chaîne du Mont-Blanc.

« Salut, Pierre ! »

L'autre répond par un grognement qu'il s'efforce de rendre aimable.

« Je viens te chercher, continue Paul sans se laisser désemparer par cet accueil renfermé. Georges à la Clarisse va arriver... Alors, avec Boule, on a pensé qu'il fallait aller l'attendre et lui offrir une de ces réceptions ! je ne te dis que ça... pour lui faire oublier son état...

- J'ai pas le temps de descendre.

- Pas le temps ! Pas le temps !... Allons ! viens avec nous, tu ne peux pas refuser ça à Georges. Il ne serait pas content si tu n'y étais pas.

- Ça ne me dit rien... »

Paul, debout devant son camarade, s'énerve et hausse le ton.

« Secoue-toi, voyons ! Tu n'es plus le même avec nous depuis quelque temps. Est-ce qu'on t'a peiné sans le savoir ? Dans ce cas, il faut nous le dire ; pas d'équivoques entre amis... Non ? Alors tu n'as pas d'excuse. » Et Paul se fait pressant : « Allons ! Dépêche-toi ! Le car arrive dans une heure.

- Non ! » (Roger Frison-Roche, 1941, "Premier de Cordée", Arthaud, 1971, Illustrations de Marc Berthier, Gallimard 1973, Partie II, Chapitre IV, pages 176-177)>>.


(f) Voir Arvi pas. Brigitte Collonges. La Grande crevasse. Montenvers.




* * *


Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Vendredi 8 Août 2008.



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