Signal



(A) Stricto sensu.



(a) Le signal désigne tout procédé physique (électrique, optique, pneumatique, acoustique, hydraulique) de transfert d'information élémentaire.


(b) La théorie du signal (théorie de la détection radar de Marcum, théorie mathématique de l'information de Shannon) n'est pas de nature linguistique. Elle ne porte que sur les signifiants et ignore les signifiés.


(c) Sans possibilité de contrôle par la perception de la signification, le contrôle des transmissions implique donc des codes redondants.


(d) Les signaux peuvent être des signaux analogiques ou des signaux numériques.


(e) Les langues humaines sont à base de signes à deux faces : le signifiant et le signifié. Dans les langages animaux, la communication est à base de signaux.


(f) Voir Bit. Codage. Octet. Symbole. Tout numérique. Zoo-sémiotique.


(g) Lire "Réalité Représentations".



(B) Le prix comme signal sur les marchés.



(a) Un courant de l'Economie Politique considère les prix du marché comme les signaux d'une machine cybernétique. Reste à savoir qui a conçu et créé cet artefact.


- <<Les prix qui émergent des transactions volontaires entre acheteurs et vendeurs - en bref, sur le marché libre - sont capables de coordonner l'activité de millions de personnes, dont chacune ne connaît que son propre intérêt, de telle sorte que la situation de tous s'en trouve améliorée […]. Le système des prix remplit cette tâche en l'absence de toute direction centrale, et sans qu'il soit nécessaire que les gens se parlent ni qu'ils s'aiment (Milton Friedman)>>.


- <<Les commerçants ont un baromètre pour diriger leur jugement et ce baromètre se trouve dans le café de Lloyd où chacun peut le consulter. (Sir John Ross)>>.


(b) Ce type de croyance est assez courant. Un prétendu proverbe amérindien ne dit-il pas, avec ironie : "Quand homme blanc couper beaucoup bois, hiver très rude !"


- <<Il existe maintenant toute une lignée d'économistes distingués, d'Adam Smith à nos jours, qui ont tenté de montrer qu'une économie décentralisée, motivée par l'intérêt personnel et guidée par les signaux émis par les prix, serait compatible avec une disposition cohérente des ressources économiques qui pourrait être considérée, dans un sens bien défini, comme supérieure à une vaste classe d'autres dispositions possibles. De plus, les signaux des prix fonctionneraient de manière à établir ce degré de cohérence. Il importe de comprendre combien cette affirmation peut surprendre quiconque n'a pas été au contact avec la tradition. Si l'on pose la question : "A quoi ressemblera une économie motivée par l'avidité individuelle et contrôlée par un très grand nombre d'agents différents ?", la réponse dictée immédiatement par le bon sens est probablement : "Ce sera le chaos". Le fait qu'une réponse toute différente soit depuis longtemps tenue pour vraie et ait même influé sur la pensée économique d'un grand nombre de gens qui ne sont aucunement économistes constitue en soi une raison suffisante pour l'examiner sérieusement. La proposition ayant été avancée et très sérieusement envisagée, il importe de savoir non seulement si elle est vraie, mais si elle pourrait être vraie. Une grande partie du texte suivant tente de répondre à cette dernière question, qui nous paraît exiger une attention considérable de la part des économistes. (Arrow et Hahn, "General Competitive Analysis", San Francisco, 1971, pages VI-VII, cité par Amartya Sen, Prix Nobel d'économie, in "Ethique et économie. Et autres essais", traduit de l'anglais par Sophie Marnat, Quadrige, PUF, 2002, page 92)>>.


(c) Il est un domaine où cette croyance est en défaut. C'est quand on s'approche des limites des gisements d'énergie fossile ou de l'effet de seuil d'un changement climatique dévastateur. Il faut savoir décoder ou organiser d'autres signaux.


- <<Une conclusion logique de tout ce qui précède est que plus nous cherchons à faire baisser le prix d'usage des énergies fossiles à court terme (ou à ne pas l'augmenter dans un contexte de croissance, ce qui revient au même), plus la consommation croît, et plus la régulation par la pénurie - qui se traduira économiquement par un ou plusieurs chocs, dont les conséquences peuvent être fort désagréables, notamment question chômage - est probable et proche. Le prix de l'énergie fossile va donc monter à l'avenir, sauf catastrophe majeure régulant la consommation avant (chute d'un astéroïde, épidémie massive, ou tout autre événement engendrant une forte baisse de la population ou de la consommation par personne), sans que cela ne permette, comble de l'ironie, de se débarraser du problème du changement climatique. De ce fait, sauf catastrophe majeure etc, l'alternative à un pétrole (ou un gaz) progressivement de plus en plus taxé n'est pas un pétrole (ou un gaz) peu cher pour l'éternité, mais juste un pétrole (ou un gaz) dont les prix monteront sous l'effet des tensions sur le marché, vraisemblablement avec des à-coups brutaux (des "chocs"), et la garantie que le coût des conséquences climatiques montera aussi sur le long terme, et là aussi il est bien plus vraisemblable que cela se fasse par à-coups que de manière très progressive. En clair, si nous refusons de payer à partir de maintenant des taxes progressivement croissantes, nous paieront des dégâts beaucoup moins progressifs, et qui vaudront bien plus cher, "plus tard" ; le "plus tard" en question pouvant très bien commencer dans une petite décennie. Pour être très concret, est-il préférable de voir le prix du fioul, du gaz, du kérosène, du diesel et de l'essence monter un peu tous les ans en étant pévenu à l'avance, ou vaut-il mieux laisser les prix bas "tant que ça passe" et attendre benoîtement que les prochains chocs pétroliers et/ou les conséquences du changement climatique se chargent de faire la régulation à notre place, bien plus brutalement, et très vraisemblablement avant - voire bien avant - la fin du siècle sur la base des données disponibles ? (Jean-Marc Jancovici, "La taxe, sinon rien !", octobre 2004-août 2005)>>.


(d) Voir Taxe carbone.



(C) Largo sensu.



(a) Usage métaphorique du terme. Le scientifique moderne considère volontiers comme un signal une trace, un indice qui n'a jamais été émis comme tel.


- <<Dans les carbonates, les compositions isotopiques de C et O permettent de mesurer l'ampleur des transformations chimiques qu'aurait subies le sédiment après son dépôt, notamment par interaction avec les fluides d'origine externe. En raison de l'absence apparente de marqueurs biostratigraphiques et de la faible quantité de datations radiométriques pour les dépôts carbonatés Néoprotérozoïques, les isotopes de C peuvent aussi être utilisés dans le but de corrélation stratigraphique pour cette époque. En effet, le signal isotopique du C dépend peu de la température (0,035 ‰/°C) et son enregistrement en milieu océanique est pratiquement insensible à la diagenèse d'enfouissement. Dans le cadre de cette étude, les variations de composition isotopique du C peuvent être combinées aux données paléomagnétiques afin d'évaluer le caractère primaire ou non de l'aimantation. (Eric Claude Font, thèse, "Paléomagnétisme des cap carbonates du craton amazonien (Brésil) : implications pour les glaciations du Néoprotérozoïque", Toulouse III et Sao Paulo, 25 novembre 2005, page 65)>>.


(b) Un signal ou quasi-signal peut se propager, sans qu'il y ait intention de le transmettre ni compréhension d'une signification.


(c) Un cours d'eau transmet un signal de découverte d'un débouché maritime (ou débouché fluvial local) à ses tributaires, par la manière dont il creuse le terrain en remontant vers l'amont. Par l'abaissement de l'altitude du point de confluence, le signal (<j'ai trouvé un débouché maritime plus proche que le votre>) remonte du fleuve à la rivière et du ruisseau au ru.


(c) Transmission muette d'une information. Chaque groupe de nomades primitifs occupe un certain territoire, bloquant, freinant ou négociant le passage voire l'installation d'autres groupes. Aux confins de la Sibérie, quand les conditions de la glaciation ont permis la traversée du détroit de Behring, certains nomades asiatiques sont passés en Amérique. Il n'y a pas de raison de penser qu'ils aient jugé nécessaire de prévenir les peuples voisins de leur projet, ni de leur réussite ni des richesses qu'ils ont pu trouver sur leurs nouveaux territoires de chasse. Pourtant, un signal implicite a été transmis. En effet, leur absence a libéré le territoire qu'ils occupaient jusque là, "attirant" ainsi des groupes qui étaient préalablement "repoussés".


(d) Voir Chaos structurant. Confluence de graben. Confluence de horst. Hiérarchie hydraulique. Homo floresiensis. Pensée organisatrice. Signature. Würm.






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Auteur.

Hubert Houdoy

Mis en ligne le Mardi 15 Juillet 2008.



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