La Fondrière

(a) "La Fondrière" est le titre d'un roman de Louis Fusain. Il est paru aux éditions Albert Messein, à Paris, en 1914.

(b) Louis Fusain est un pseudonyme pour l'abbé Duboeuf, ancien professeur au petit séminaire de Verrières.

(c) La fondrière éponyme est un marais au pied de la Grande Pierre Bazanne, à Lérigneux et à Roche-en-Forez. C'est là que meurt, englouti, Jules Rondel. Il était né là, dans une jasserie de Pierre Bazanne.

(d) Dans le roman, Verrières-en-Forez est nommé <Champagnol>, mais ses villages se nomment bien : Mont-Genest, Fialet, La Feuillat, Le Haut-Vernet. L'abbé Jacques désigne le curé Robert, curé de Verrières de 1900 à 1918, pendant l'affaire de la "Séparation des Églises et de l'État" et donc, la fermeture du petit séminaire de Verrières (où fut Jean-Marie Vianney, le futur curé d'Ars, en 1812).

(e) Trame du récit. Jules Rondel est un enfant de père inconnu. Il est éduqué dans une ferme, par Célestin Prajalat (propriétaire de La Grand'Ferme) et sa jeune femme Adelaïde Prajalat. Jules Rondel aura la chance de passer de la situation de grand valet à celle de propriétaire, en épousant Adélaïde. Mais il n'est pas entré gendre. Il épouse Adélaïde peu après la mort accidentelle de son maître, Célestin. Jules Rondel devient maire et proche du sous-préfet de Montbrison. A ces titres, il participe à la fermeture du séminaire. Plus tard, sa femme découvre qu'il est l'assassin de son premier mari. Lui laissant de quoi vivre et s'installer ailleurs, elle le chasse de la maison paysanne. Dans la nuit, marchant seul vers ses racines Auvergnates, Jules Rondel s'égare. Il meurt englouti dans la fondrière de Pierre Bazanne (ou une tourbière de la Roche Gourgon).

(f) La Grand Ferme des Prajalat est celle du village Les Clavelloux (nom de famille local, mais aussi hameau). Le frère aîné d'Adelaïde, l'ancien maire de Verrières, habite au Vernet.

(g) Jean Béquille est un valet de ferme aux Clavelloux. Caché dans un fourré, il assiste à l'accident (arbre abattu tombant sur le maître du domaine) dans lequel Célestin Prajalat trouve la mort. Pendant des années, il disparaît en Auvergne. Puis il revient pour apaiser sa conscience. C'est lui qui dénonce Jules Rondel à sa femme. Il avoue avoir vécu, depuis lors, entretenu par Jules Rondel qui achetait son silence.

(h) Comme dans "L'Astrée" d'Honoré d'Urfé et plus tard dans "Gaspard des Montagnes" d'Henri Pourrat, les lieux sont décrits avec précision. Les distances parcourues à pied le sont avec une grande vraisemblance. Mais le "roman" est une machine de guerre. Toute son inspiration fait porter l'explication de la fermeture du séminaire sur l'ambition démesurée d'un fils naturel. Malin, diabolique, il devient l'assasin du riche propriétaire qui lui avait tout donné (nourriture, travail, éducation, confiance). Pendant des années, il est le mari de la très pieuse veuve de sa victime. Objet d'un châtiment [que l'on peut supposer divin] Jules Rondel meurt, dans une fondrière, au pied d'une Malaroche.

(i) Ce règlement de compte, quelques années après les troubles de 1905-1906, en faisant les uns tout-blanc et les autres tout-noir, fait perdre au livre la qualité de ce qui aurait pu être un beau roman du terroir. Comme son pseudo de <Fusain> le confesse, l'abbé Duboeuf noircit certains personnages au-delà du réalisme.

(j) Intertextualité. "La Fondrière" date de 1914. L'abbé Duboeuf ne pouvait pas ignorer que, dans "Le Chien des Baskerville" (1902) de sir Arthur Conan Doyle (1859-1930), le "méchant" Stapleton meurt dans des circonstances identiques.

(k) Voir Disparition des Hautes Chaumes. Formation de la tourbière. Formation des Hautes Chaumes. Gourds des Aillères. Grange. Hameaux de Roche en 1440. Hameaux de Verrières. Narse. Mauvais lieux. Montagne de Bazanne. Oule de la Goutte de l'Oule. Sagnes. Saint Genest.